Jeux européens 2023 - Tennis de table : Jia Nan Yuan, l’incroyable destin de la numéro 1 française
À bientôt 38 ans, Jia Nan Yuan est la numéro 1 française et l'une des meilleures pongistes européennes. Forgée par un parcours unique qui lui a permis de se révéler sur le tard, elle est désormais libérée quand elle joue et cela fait la différence.
Tennis de Table
Les Françaises entrent en lice dans l’épreuve de tennis de table par équipes femmes des Jeux européens 2023 ce jeudi 29 juin.
À Cracovie, les Bleues sont emmenées par une joueuse du top 20 mondial : Jia Nan Yuan. Elle s’est affirmée comme la numéro 1 française ces dernières années, brillant aussi bien dans les tableaux de doubles qu’en simple. L’année 2021 a été la meilleure de sa carrière avec trois médailles aux Championnats d’Europe (par équipes femmes, double mixte et double femmes), mais aussi des exploits sur la scène mondiale.
La Française s'est qualifiée pour les WTT Cup Finals, la plus prestigieuse compétition du circuit World Table Tennis, notamment grâce à un quart de finale au Grand Smash de Singapour et une demi-finale au WTT Champions Macao.
À 37 ans, la pongiste se révélait aux yeux du monde entier à un âge où certains annoncent leur retraite. Une question de mentalité, selon elle.
« Je veux juste profiter. Le désir de gagner est là, il est partagé par tous les compétiteurs, mais la différence, c’est que je veux vraiment profiter de chaque match, chaque tournoi. C’est une question d’état d’esprit qui est meilleur, ça vient avec l’âge : je suis plus ouverte d’esprit et me préoccupe moins de l’issue des matchs », expliquait-elle à Olympics.com dans une interview exclusive aux Championnats du monde 2023 à Durban, en mai dernier.
Cette éclosion tardive n’est pas seulement due sa manière de voir les choses, c’est aussi le symbole d’un parcours comme aucun autre, qui a débuté en République populaire de Chine…
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Une première compétition internationale à 33 ans
Jia Nan Yuan n'a pas eu d'occasion de briller sur la scène internationale avant la trentaine. Ce n'est qu'en 2019, à 33 ans, qu'elle a commencé à représenter la France.
La Fédération française lui a demandé si elle était intéressée par la sélection dans l'optique des échéances olympiques à venir. Après réflexion, la pongiste qui était maman d'un petit garçon a accepté.
« J’ai eu mon premier enfant puis la fédération m’a demandé si je voulais jouer en équipe nationale avec Tokyo 2020 comme objectif ultime. C’est évidemment un rêve pour tout athlète professionnel de jouer les Jeux Olympiques alors j’ai dit oui. »
La native de Zhengzhou, à 700 km au sud de Pékin, était déjà une figure du tennis de table dans l'Hexagone au moment de sa première sélection. Elle habitait en France depuis une quinzaine d'années, était française depuis presque une décennie, une habituée de la Pro A et comptait surtout cinq titres de championne de France en simple femmes.
Cette sélection a été un véritable déclic pour elle à croire Ludovic Rémy, l'entraîneur de l'équipe de France femmes.
« En 2018, elle était dans une dynamique de continuer son petit bonhomme de chemin mais sans forcément d’exigence. Quand elle a intégré l’équipe de France, une grande envie est apparue. Elle fait beaucoup d’efforts sur la préparation physique, sur les soins… On a mis plein de choses en place pour elle et elle apprécie », a-t-il expliqué à Olympics.com.
La motivation lui a permis d'exporter ses performances nationales au niveau international. Jia Nan Yuan n'a eu besoin que de deux ans, interruption du circuit à cause du Covid-19 comprise, pour intégrer le top 100 mondial et se qualifier aux Jeux de Tokyo 2020, en 2021. Elle aurait même pu ramener une médaille olympique du Japon.
Pour sa découverte des JO, elle n'est passée qu'à une victoire du podium. La paire qu'elle forme avec Emmanuel Lebesson est arrivée jusqu'aux demi-finales du tableau de double mixte avant de s'incliner. Une telle performance est forcément prometteuse à trois ans des Jeux Olympiques de Paris 2024. À domicile, l'objectif annoncé est de monter sur le podium : une ambition légitimée par ses derniers résultats.
Et dire que Jia Nan Yuan aurait pu ne jamais avoir l'opportunité de représenter la France au niveau international...
Jia Nan Yuan a a trouvé une deuxième famille dans son club
C'est à 18 ans qu'elle a mis le cap sur la France. Sa volonté de vivre à l'étranger et les recommandations d'un ami de sa mère qui évoluait dans le championnat de France l'ont convaincue de tenter l'aventure.
La pongiste originaire du Henan est partie seule et sans parler français pour s'installer à Laval et évoluer en Pro A. Mais l'expérience d'une vie a failli tourner court en raison du dépaysement.
« Après trois jours, je voulais rentrer. J’étais toute seule dans mon appartement à 18 ans, dans un pays que je ne connais pas, je ne savais pas quoi me faire à manger, ni comment faire. J’ai appelé ma mère pour lui dire que je voulais rentrer, elle m’a dit de rester au moins trois mois pour essayer », se rappelle-t-elle.
Le reste appartient à l’histoire.
En trouvant une deuxième famille au sein de son club, Jia Nan Yuan est finalement restée en France. Le président de l'US Saint-Berthevin/Saint-Loup l’a accueilli chez lui après quelques semaines.
Elle est devenue le quatrième enfant de la famille et apprenait l’anglais et le français. Aujourd’hui encore, il lui arrive de passer Noël avec eux, même si elle a bâti sa propre famille en France.
Jia Nan Yuan n’a plus jamais quitté l'Hexagone et elle va désormais tenter de mener son pays d'accueil jusqu'aux sommets du tennis de table européen. Avant de viser l'Olympe l'été prochain.
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