Ski acrobatique féminin : voler haut, skier vite pour un spectacle total !
Le palmarès du ski freestyle femmes à PyeongChang 2018 est ouvert en bosses par la Française Perrine Laffont et clôturé en ski cross par la Canadienne Kelsey Serwa. Le Canada gagne un autre titre avec l'aérienne Cassie Sharpe en halfpipe, la Suisse obtient le doublé en slopestyle où Sarah Höfflin devance Mathilde Gremaud, alors que le titre du saut acrobatique reste propriété de la Biélorussie grâce à Hanna Huskova.
Un passage super rapide en 29.36, les bosses avalées en style, les genoux collés, deux sauts magnifiques, le deuxième, tête en bas skis en croix : Perrine Laffont, 19 ans, offre à la France le 11 février sa première médaille d'or dans ces Jeux. Il ne s’en faut de trois fois rien, neuf centièmes de point, mais ils suffisent à la Française pour devancer la championne olympique en titre, la Canadienne Justine Dufour-Lapointe, et la Kazakhe Yulia Galysheva lors de la troisième et dernière manche de la finale.
"C'est juste fou ! Je l'ai rêvé tellement de fois, imaginé tellement de fois, visualisé tellement de fois, j'ai souffert tellement de fois que c'est pour ça que c'est juste un sentiment incroyable," lâche-t-elle encore un peu abasourdie par son exploit.
La Française monte en puissance au cours de cette finale en trois parties, exigeante pour les nerfs et le physique : sixième lors de la première descente, troisième dans la finale 2, et enfin première dans l'ultime run, celui qui vaut de l'or, avec un total de 78.65 points. Quand la dernière candidate en lice, la Canadienne Andi Naude, chute et perd toute chance de médaille, Perrine Laffront a une hésitation, le temps de vérifier que sa concurrente n'a rien de grave. Le clan français, lui, exulte déjà.
Justine Dufour-Lapointe effectue un excellent run, mais moins rapide que Laffont (29.54) et se contente cette fois de la médaille d'argent avec un total de 78.56 points. "Je pense que je n'ai rien raté, et c'est la seule chose dont je suis fière. J'ai passé la ligne d'arrivée en sachant que ce qui allait se passer ensuite n'avait pas d'importance. C'était fait. C'était le meilleur run que je pouvais produire au bon moment, et cela dépendait de la décision des juges. Je pensais que si je pouvais réaliser quelque chose dont je serais fière en sachant que j'avais fait tout ce que je pouvais, la couleur de la médaille n'aurait pas d'importance. Malgré ce plateau de skieuses si fortes, je me sentais plus forte qu'à Sotchi en fait !"
En 30.14 dans le parcours final, la Kazakhe Yulia Galysheva arrache la médaille de bronze (77.40 points). Elle s'était classée 11e à Vancouver en 2010, puis 7e à Sotchi en 2014. Sa première médaille olympique n'est à son avis ni sa dernière, ni sa plus belle. "Je suis passée de la onzième à la septième place, puis à la troisième, donc la prochaine fois, ce sera première !"
Avec Hanna Huskova, le titre du saut acrobatique reste à la Biélorussie
Vendredi 16 février, dans une super-finale du saut acrobatique à six concurrentes où la tension monte à son maximum, elles ne sont que deux à réussir parfaitement leur réception. Auteure d'un superbe Back-Lay-Full-Full, la Biélorusse Hanna Huskova remporte l'or devant la Chinoise Zhang Xin. Sa compatriote Kong Fanyu, qui s'affale sur le dos à la sortie de sa figure, remporte la médaille de bronze.
La plus audacieuse des tentatives dans la super finale est réalisée par la tenante du titre Alla Tsuper, 38 ans : une triple manœuvre (Back-Full-Full-Full), mais elle tombe à la réception et termine quatrième.
La compétition laisse de grandes championnes en chemin, comme l'Australienne Lydia Lassila, championne olympique 2010 et médaillée de bronze 2014 qui pour ses cinquièmes Jeux d'hiver, a été éliminée dès les qualifications. Ou la Chinoise Xu Mengtao vice-championne olympique 2014, cinq fois médaillée mondiale et double tenante de la coupe du monde de saut acrobatique, qui s'est arrêtée en finale 2.
A 26 ans, Hanna Huskova a signé sa première victoire en Coupe du monde cet hiver même, le 16 décembre dernier, en s'imposant à Secret Garden (Chine). La voilà championne olympique à l'issue d'une série de sauts parfaitement maitrisés, et d'une compétition rondement menée : 2e de son groupe en qualifications, première de la finale 1, quatrième de la finale 2, et créditée d’une note de 96.14 pour son Back-Lay-Full-Full superbement exécuté dans le moment de vérité, sous les projecteurs du Phoenix Snowpark.
Elle devient ainsi la quatrième Biélorusse à gagner l'or dans la plus ancienne discipline olympique du ski acrobatique avec les bosses (en démonstration aux Jeux dès 1988 à Calgary), après Alexei Grishin (Vancouver 2010), Anton Kushnir et Alla Tsuper (Sotchi 2014). "En Biélorussie, nous avons notre propre stratégie, mais je ne vais pas entrer dans les détails," annonce Hanna Huskova. "Cela dit, il s'agit d'un effort d'équipe. Je tiens à remercier les entraîneurs et toute l'équipe sans lesquels rien n'aurait été possible." Pourquoi le saut acrobatique ? "Je n'ai pas choisi ce sport, c'est lui qui m'a choisie. Je ne sais pas ce que je vais faire de ma médaille. Je dois d'abord la voir pour décider. Sans doute vais-je me balader avec elle autour du cou !"
Doublé suisse en slopestyle avec Sarah Höfflin et Mathilde Gremaud
La Suissesse Sarah Höfflin remporte l’épreuve de ski slopestyle au Phoenix Snowpark le 17 février devant l’ancienne participante aux Jeux Olympiques de la Jeunesse, sa compatriote Mathilde Gremaud. La Britannique Isabel Atkin empoche le bronze.
Höfflin est la deuxième concurrente la plus âgée (27 ans) dans cette épreuve mais son expérience n'est guère plus fournie que celle de ses adversaires puisqu’elle a décidé de se consacrer au ski slopestyle après avoir échoué à son examen d’entrée à l’école de médecine. Sa seule victoire dans la discipline datait de janvier dernier quand elle a obtenu une première place en Big Air lors des Aspen Winter X Games.
Elle arrache la médaille d’or à l’issue de son 3eme et ultime run avec un score de 91.20 en passant parfaitement les rails, puis en exécutant pour commencer un beau 360, suivi d'un 540 mute, puis d'un switch 720 mute grab avant d'exécuter et de réussir sa dernière figure, le switch "left" double 900 qu'aucune autre concurrente ne tente. "Je n’arrive pas à y croire. Je n’ai pas de mots," a-t-elle expliqué. "Je suis tellement heureuse que cela se soit bien passé parce que j’avais vraiment eu du mal à l’entraînement. J’avais vraiment envie de poser switch left double 900. Pour moi, ce n’est pas tant la médaille que la manière dont je skie qui importe."
Mathilde Gremaud, tout juste 18 ans, obtient la médaille d’argent avec un total de 88.00 dès son tout premier run, un score qu’elle n’approchera plus par la suite à cause de chutes. La Britannique Isabel Atkin, 19 ans, remonte au 3e rang grâce à son dernier run noté 84.60, et offre une deuxième médaille à sa délégation à Pyongyang 2018, mais c'est la première de l'histoire dans une des disciplines de ski !
La Canadienne Cassie Sharpe se couvre d’or en ski halfpipe
Très impressionnante de hauteur et de virtuosité, la Canadienne Cassie Sharpe domine la finale du ski halfpipe pour s’offrir sa première médaille d’or olympique avec un score de 95.80. La Française Marie Martinod récolte l’argent comme à Sotchi (92.60). L’Américaine Brita Sigourney s’adjuge la médaille de bronze avec un score de 91.60.
Dans des conditions absolument idéales (un grand soleil et un vent modéré) la finale du ski halfpipe tient toutes ses promesses ce mardi 20 février au Phoenix Snowpark. Les concurrentes multiplient les prises de risques et c’est Cassie Sharpe qui domine finalement les débats.
Après un premier run solide noté 94.40, Cassie Sharpe a élève encore son niveau pour obtenir un remarquable 95.80 à son deuxième passage, concluant par un superbe 1080 lancé par la gauche.
Et même si elle chute sur son troisième run, la victoire est acquise et la skieuse de 25 ans obtient la consécration olympique après avoir pris la deuxième place des championnats du monde l’an dernier. "Mon coach Trennon Paynter m’a pris dans les bras," raconte-t-elle a-t-elle. "Il m’a vraiment serré très fort et il m’a dit : je ne peux pas te prendre dans mes bras parce que je vais me mettre à pleurer en direct à la télé."
La Française Marie Martinod, 33 ans, la plus âgée de cette finale, réussit à se classer 2e comme quatre ans plus tôt. Revenue à la compétition en 2011 après quelques années de retraite, elle avait voulu vivre l’entrée de son sport aux Jeux Olympiques à Sotchi et avait été récompensée par une belle médaille d’argent. Elle n’a plus arrêté depuis, et 2017 a été sa grande saison avec un succès aux X-Games et une victoire au classement général de la Coupe du Monde. Martinod, elle aussi, obtient son meilleur score à son 2e run et pose également un beau 1080 sur sa dernière envolée, qui lui vaut le score de 92.60.
"Cette deuxième place est la preuve que j’ai eu raison de revenir après avoir eu ma fille. C’est une récompense de tout le travail que j’ai pu accomplir," souligne Marie Martinod. "C’est aussi le signe que je peux quitter le circuit avec un message pour toutes les filles : si tu veux te battre tu peux te battre jusqu’au bout et si tu prends soin de toi tu peux le faire au moins jusqu’à 33 ans."
De son côté, Brita Sigourney réussit à prendre le meilleur sur sa compatriote américaine Annalisa Drew lors de son troisième et dernier run. Le bronze est pour elle…
Kelsey Serwa au Phoenix de sa carrière avec la victoire en ski cross
La longévité prime en ski cross ! En clôture des épreuves féminines de ski freestyle, le 23 février sur le très impressionnant parcours du Phoenix Snowpark, et après s'être classée 5e à Vancouver en 2010 et médaillée d'argent à Sotchi en 2014, la Canadienne Kelsey Serwa, 28 ans, réussit enfin à trouver la consécration pour conquérir une superbe médaille d’or.
"C’est un peu surréaliste de devenir la meilleure dans une activité dans laquelle j’ai mis tout mon cœur," commente-t-elle. "J’ai une formidable équipe autour de moi qui s’occupe autant de ma tête que de mon corps. Mes skis étaient des fusées aujourd’hui." L’épreuve est avancée d’une heure en raison des forts vents attendus dans l’après-midi, et elle s’avère très régulière sur ce parcours très difficile avec ses tremplins et ses tables vertigineuses.
Deuxième de sa demi-finale derrière sa compatriote Brittany Phelan en demi-finale, elle a réussi à inverser l’ordre lors de la grande finale sous un soleil radieux. Serwa prend la tête à la sortie des "Wu-Tang" du début du parcours, puis crée l'écart et dévale le reste du tracé sans être inquiétée.
Derrière, Brittany Phelan navigue en 4e et dernière position, mais elle négocie mieux et avec une meilleure vitesse un virage relevé à gauche sur le bas de la piste, qui lui permet de dépasser les deux autres concurrentes de la finale, la Suissesse Fanny Smith, et la Suédoise championne du monde en titre et actuelle leader de la Coupe du monde de la discipline Sandra Näslund. Sur la ligne d'arrivée, Smith prend le meilleur sur Näslund pour arracher le bronze.
"C’est super, on était déjà 1 et 2 à Sotchi avec Marielle (Thompson)," s’enthousiasme Kelsey Serwa. Et pas seulement ça mais on a aussi gagné avec Bradley (Leman) chez les garçons." Brittany Phelan a participé aux Jeux de Sotchi en ski alpin (15e du slalom). C’est en 2015, après une blessure en slalom qu’elle a décidé de changer de discipline. "C’était un signe pour moi," explique-t-elle. "J’ai senti dans mon cœur qu’il fallait que je prenne une autre direction."
Fanny Smith, 25 ans, avait terminé 7e à Vancouver et 8e à Sotchi. Pour sa première grande finale olympique, elle ne lasse pas passer l’occasion de conquérir la 3e place au nez et à la barbe de Sandra Näslund.