Relais de la flamme olympique : Le Belem, un monument du patrimoine national pour ramener la flamme olympique en France
L’année 1896 a été marquée par deux événements de marque : la naissance du Belem et la renaissance des Jeux Olympiques.
Plus d’un siècle plus tard, leur histoire vont à nouveau se mêler pour une traversée de la Méditerranée qui s’annonce exceptionnelle. C’est sur ce voilier que la flamme olympique va quitter la Grèce le 27 avril, berceau des JO, pour rallier la France, pays-hôte de la prochaine édition.
Le périple de 12 jours entre le Pirée et Marseille va enrichir encore un peu plus l’exceptionnelle histoire de ce trois-mâts qui a été classé au titre des monuments historiques en 1984.
De sa construction à Nantes jusqu’aux JO de Paris 2024 en passant par le transport du cacao, une vente pour l’équivalent de 0,01€ et une première expérience olympique, bienvenue à bord de l’incroyable parcours du Belem.
Découvrez le parcours du relais de la flamme olympique de Paris 2024
Navire-marchand, yacht et navire-école : les trois vies du Belem
Le Belem a connu presque autant d'aventures qu'il a traversé de mers. S'il est aujourd'hui le dernier trois-mâts barque français en état de navigation, son histoire aurait pû s'arrêter dès sa première campagne commerciale.
Un incendie s'est déclaré à son bord lors de son voyage inaugural pour Belem, la ville brésilienne qui était son comptoir de commerce et d'où il tient son nom. Alors que le trois-mâts multiplie les traversées de l'Atlantique pour transporter du cacao, puis des rhums et des sucres vers la France, il est témoin d'une véritable tragédie moins de dix ans plus tard : l'éruption de la Montagne Pelée en 1902. La ville de Saint-Pierre et son port sont détruits, mais pas le Belem qui avait été contraint d'amarrer dans une autre baie martiniquaise la veille, faute de place.
Ce navire a beau être un miraculé, il finira par perdre du terrain face aux bateaux à vapeur qui ont le vent en poupe. Son usage commercial se fait plus rare jusqu'à sa vente au Duc de Westminster en 1914. Il est alors transformé en yacht et passera ensuite entre les mains du brasseur irlandais Artur Ernest Guiness qui le renomme Fantôme II. Un tour du monde et plusieurs décennie plus tard, l'ancien navire français découvre un nouveau propriétaire, un nouveau pavillon et un nouveau nom. Il devient italien et s'appelle Giorgio Cini du nom de la fondation qui le rachète. Le bateau construit à Nantes prend aussi un nouveau cap et devient un navire-école. Il sillonne la Méditerranée pendant une quinzaine d'année avant d'être rattrapé par ses limites.
Devenu trop vétuste, le Giorgi Cini périclite à la fin des années 1960. Il est donné aux carabiniers puis vendu pour une lire italienne symbolique, l'équivalent de 0,01 centime d'euros, aux chantiers navals de Venise qui avaient entamé des travaux de restauration qui se sont avérés trop importants pour lui rendre son gréement d’origine.
Il est remis en vente pour financer cette rénovation et retrouve alors son pavillon français et son nom d'origine...
Monument historique et Jeux Olympiques de Londres 2012
Dans la foulée de son rachat par l'Union Nationale des Caisse d'Epargne de France et de la Marine Nationale puis de sa restauration, le Belem est classé monument historique le 27 février 1984.
Cela lui rend son prestige et le transforme en véritable figure de proue de la marine à voile. Il reste un navire-école et ouvre ses portes au grand public qui peut découvrir la vie en mer.
Quand il n'accueille pas des stagiaires, ce vieux gréement sillonne le monde pour des événements aussi prestigieux que son histoire. Parmi eux, on retrouve notamment le centenaire de la statue de la Liberté ou le jubilé de diamant de la reine Elisabeth II.
À la suite de cette escale londonienne, le Belem était d'ailleurs resté dans la capitale britannique pour la durée des Jeux Olympiques de Londres 2012. Amarré sur la Tamise à proximité de Tower Bridge, qui s'était ouvert pour lui, il a accueilli les familles de certains athlètes français.
Douze ans plus tard, le Belem va revenir jeter l'ancre dans des eaux olympiques.
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Le Belem en chiffres
- Longueur hors-tout : 58 mètres
- Hauteur du grand mât : 34 mètres au-dessus du niveau de la mer
- Nombre de voiles : 22
- Vitesse maximale au moteur par mer belle : 9,2 noeuds à 1450 tours/minute (soit environ 17km/heure)
- Nombre de campagnes commerciales effectuées : 33 (entre 1896 et 1914)
- Date de mise à l’eau : 10 juin 1896
- Temps pour la construction : 6 mois