Quatre médailles au bout des patins de Tatyana Averina
Avant les Jeux de 1976 à Innsbruck, la patineuse de vitesse soviétique Tatyana Averina avait battu record du monde sur record du monde. Onze au total, excusez du peu : quatre sur 1 000 m, deux sur 500 m comme sur 1 500 m, et trois dans le mini-combiné sur quatre distances.
Considérée comme l’une des meilleures patineuses de vitesse du monde dans les années soixante-dix, Tatyana Averina, qui avait alors 25 ans, se présenta donc en Autriche comme archi-favorite dans les quatre épreuves féminines.
Elle ne déçut point, accumulant quatre médailles et battant un record olympique au passage. Ses prouesses sur l’anneau de vitesse contribuèrent à la victoire de son pays au classement des médailles : 13 d’or, six d’argent et huit de bronze.
Près de quatre-vingt-dix ans après les premiers championnats du monde de patinage de vitesse à Amsterdam, la nouvelle technologie commençait à avoir des incidences importantes sur le sport. Dans les années qui suivirent, les chronos furent d’ailleurs abaissés de manière significative.
L’introduction de combinaisons lisses et de casques profilés fit beaucoup de bruit à Innsbruck, annonçant une nouvelle étape dans l’innovation sportive. Tout cela joua à l’avantage de Tatyana, même si, étant donné ses qualités athlétiques, son calme et sa puissance explosive, il est probable qu’elle aurait autant pesé sur la compétition si elle avait patiné avec un sac sur le dos.
Lors de la compétition olympique, les patineurs courent par paires contre la montre, autour d’un anneau de 400 m. Lors de ces affrontements exaltants et parfois périlleux, où il n’est pas rare de voir les coureurs atteindre des vitesses de l’ordre de 60 km/h, les concurrents doivent changer de couloir dans la ligne opposée à chaque tour, avec priorité au patineur passant de l’extérieur à l’intérieur.
Ces courses sont éprouvantes physiquement, puisque les patineurs subissent en permanence des forces centrifuges de 50 à 60 kg, ce qui les oblige à se pencher fortement vers la glace.
Étudiante originaire de Gorki en république soviétique de Russie, Tatyana Averina effectua ses débuts internationaux aux Championnats du monde toutes distances de 1970 où elle se classa 12e. Un an plus tard, elle monta sur son premier podium international en obtenant du bronze sur 1 000 m au niveau européen.
En 1972, elle remporta le 500 m de l’Universiade d’hiver, avant de devenir championne soviétique de sprint l’année suivante. Elle ne tarda pas à récolter ses premiers succès internationaux sous la forme d’une médaille d’argent aux championnats du monde de 1974.
À chaque fois, elle abaissait ses chronos, améliorant le record du monde dans trois épreuves cette année-là. Elle fut à nouveau vice-championne du monde toutes distances en 1975 et améliora huit records du monde sur l’anneau de Medeo au Kazakhstan, alors en territoire soviétique.
Elle arriva donc à Innsbruck très attendue, du moins dans la plupart des cercles, car certains firent la fine bouche, comme le journal suisse Sport qui écrivit : « En patinage… aujourd’hui, il n’y a quasiment pas d’homme ou de femme qui ose viser le titre sur toutes les distances et qui soit capable de réussir. »
Au terme de la compétition, Tatyana fut la patineuse la plus titrée des Jeux, ayant accumulé des médailles dans les quatre courses, prouvant ainsi entièrement que contrairement aux affirmations du journal, les patineurs polyvalents n’étaient pas morts. Elle s’empara de l’or en 1 000 m et en 3 000 m ainsi que du bronze en 500 m et en 1 500 m.
Ce n’était pas un mince exploit, étant donné la rivalité féroce existant entre les meilleurs sprinters. Dans le 3 000 m, si les trois meilleures patineuses -Tatyana Averina, l’Allemande de l’Est Andrea Mitscherlich et la Norvégienne Lisbeth Korsmo – avaient couru ensemble sur la piste, elles n’auraient été séparées à l’arrivée que de 40 cm. Mais c’est Tatyana qui eut la primeur d’établir un nouveau record olympique de 4’45’’19.
La même année, lors des Championnats du monde toutes distances, la Soviétique gagna une autre médaille d’argent, puis l’or en 1978. Elle effectua sa dernière sortie internationale aux Jeux Olympiques d’hiver de 1980 à Lake Placid aux États-Unis, terminant à une décevante 18e place dans le 1 500 m.
Hélas, elle mourut soudainement en 2001, laissant toutefois en héritage le souvenir éternel de l’une des sportives d’exception ayant magnifié les Jeux Olympiques d’hiver.