Paris 2024 : Qui est Ugo Gattoni, le dessinateur des affiches officielles auparavant nageur en sport études ?

Par Marion Theissen
6 min|
Ugo Gattoni, illustrator of Paris 2024 Posters

Il a passé quatre mois et près de 2 000 heures à réaliser deux affiches colorées et pleines de vie, à l’image des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, en respectant le brief de l’organisation mais également en restant fidèle à son style. Découvrez qui est Ugo Gattoni, le dessinateur des affiches officielles.

Peut-être que vous aussi, depuis quelques jours, vous avez les yeux rivés sur ces affiches uniques, à la recherche d’un détail caché, d’une anecdote, ou en train de compter les huit mascottes qui s’y cachent.

Si vous ne connaissez pas encore Ugo Gattoni et son style singulier – ou si vous le connaissez déjà, mais que vous n’êtes pas rassasié de ses œuvres hors du commun – découvrez l'homme et son univers, qu'Olympics.com a recontré.

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Ugo Gattoni, le dessinateur idéal

Dessinateur parisien, Ugo Gattoni s’inspire de microcosmes surréalistes colorés pour créer son propre univers. Des dessins méticuleux de mondes et de paysages. Quelque chose de très fourni, de très détaillé, qui raconte des histoires avec poésie et humour.

Quand on lui demande de parler de ses influences, il avoue avoir du mal à répondre à la question : « J’ai tendance à dire que c’est un dessin surréaliste, mais avec une forte base réaliste, classique ».

Réaliste donc, ludique aussi. « C’est dans mon travail en général », explique-t-il. « C’est hyper chargé, dans le sens où il y a toujours des histoires imbriquées, on peut s’imaginer monter là, il y a une petite porte par laquelle on peut passer ici. »

Comme plein de petites histoires dans la grande histoire. Ça tombe bien, c’était exactement le projet de Paris 2024. Comme quoi Ugo Gattoni était certainement la personne idéale pour la mission.

Le dessin, une passion

Ugo Gattoni a ouvert les portes de son studio d’Ivry-sur-Seine à Olympics.com afin de se livrer sur lui, ses débuts, ses influences et son monde.

D’origine italienne par son père, il a d’abord rêvé de devenir maître-nageur : « Au début, je faisais de la natation en sports études. Puis ma mère m’a inscrit en école d’art et grâce à elle, je me suis mis dedans », raconte-t-il sur son bureau, face à l’écran sur lequel il a dessiné les affiches de Paris 2024. « C’est devenu très vite ma passion et depuis, je ne fais que ça. »

Ensuite, tout est allé très vite. Une école adaptée à ses envies, une grande motivation et pas mal de temps consacré à son appétence pour l’art et le phénomène était lancé. « J’ai fait une école de com’ visuelle qui formait à être directeur artistique », détaille-t-il. « Mais je ne voulais pas partir en agence pour travailler donc après mon diplôme, en 2010, j’ai acheté un gros rouleau de papier de 10 m et je l’ai rempli, patiemment pendant 8 mois. »

Un premier projet fou né d’un accord avec ses parents, alors qu’il vivait encore chez eux. Huit mois pour réaliser quelque chose et se faire connaître dans un monde qui lui était encore inconnu.

Pari réussi.

Ensuite, les commandes se sont enchaînées et il a pu commencer à rêver plus grand : « Ça a fait du bruit et à partir de là, j’ai eu une commande de livre. »

Ugo Gattoni s’est alors spécialisé dans les grands formats. Une manière pour lui d’exprimer sa créativité à grande échelle : « Je bosse sur des formats de plusieurs mètres, c'est parfait pour pousser le détail. Ça s’est fait comme ça, ça m’a apporté un public international rapidement et puis j’ai bossé pour des maisons françaises », explique-t-il.

Avant les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Gattoni a notamment travaillé avec des grandes marques et le rappeur Kid Cudi.

Son amour pour Paris

Parisien de naissance, il a trouvé l’inspiration dans sa ville de cœur.

« J’adore cette ville. Je l’ai dessinée plusieurs fois », explique-t-il. « J’ai habité à droite à gauche, plusieurs fois, mais à chaque fois que je revenais je prenais 12 000 photos de portiques haussmanniens. Je me sens encore comme un touriste dans ma ville, j’en suis amoureux. Quand je me balade sur les ponts parisiens, je ralentis et j’admire. »

Il semble alors facile de deviner que se lancer dans le projet de Paris 2024 a été pour lui une véritable opportunité de dessiner SA ville avec un regard un peu différent. Son regard.

Photo de Paris 2024

L’affiche de Paris 2024, une fierté

« Je suis hyper fier de ce dessin, c’est complètement ce que j’avais en tête. Ça me reflète vachement, c’est hyper moi », raconte Ugo Gattoni dans son studio. « Je n’ai pas mis mon style en retrait, j’ai passé assez de temps dessus donc je suis très content qu’il soit fini aussi et je suis très fier. J’ai hâte qu’il orne les rues de Paris. »

C’est justement par ce style unique et cette excentricité qu’il est parvenu à apporter une touche supplémentaire aux affiches de Paris 2024.

Son endroit préféré ? Le balcon haussmannien justement ! Celui qu’il a photographié des centaines de fois, qu’il s’est entraîné à représenter, encore et encore... « Je suis très content de la perspective », raconte-t-il. « Cette Marianne, le balcon olympique et cette jetée de gens qui filent vers le bas. J’ai l’impression qu’on pourrait les survoler, leur toucher le bout des doigts. »

Celui qui lui a donné le plus de fil à retordre ? La tour Eiffel, sans hésitation : « Je l’ai dessiné plein de fois dans ma vie et c’est une tannée monumentale (rires) ! La seule raison pour laquelle j’ai mis un pilier de marbre à l’intérieur, c’est parce que pour dessiner tous ces croisillons et le derrière des croisillons c’est un casse-tête monstrueux », détaille Ugo Gattoni, les yeux rivés sur sa performance artistique.

Et même s’il a un temps envisagé une carrière dans la natation, Ugo Gattoni a dû travailler avant de se lancer dans le dessin des affiches : « J’ai appris plein de disciplines que je ne connaissais pas. Je faisais beaucoup de sport avant, quand j’étais jeune. J’ai arrêté quand je me suis mis dans le dessin, mais c’est toujours un truc qui m’a accompagné », raconte-t-il.

Lui qui a été un temps baigné dans l’univers du sport gardera la satisfaction d’un projet accompli : celui d’avoir écrit une petite histoire dans la grande histoire de Paris 2024.