Para tir à l'arc : tout un art
Les tournois de Para tir à l'arc se dérouleront dans le cadre grandiose de l'esplanade des Invalides, où une arène éphémère de 8 000 places sera installée. Du 29 août au 5 septembre, des duels épiques y opposeront les meilleurs archers du monde !
Le succès du Para tir à l'arc est indéniable, cette discipline étant profondément ancrée dans l'histoire du mouvement paralympique. Et pour cause, il a été inclus dès les premiers Jeux Paralympiques de Rome en 1960, et a depuis toujours tenu sa place dans le programme du Comité International Paralympique (seules cinq autres disciplines peuvent en dire autant : Para athlétisme, Basket fauteuil, Escrime fauteuil, Para natation, Para tennis de table).
Le calme, la concentration et la précision sont les principales qualités requises pour briller au plus haut niveau. Surtout que le système d'élimination directe des tournois ne laisse aucune place au doute, ni à l'hésitation. Dans la capitale française cet été, ce sont ainsi neuf médailles d'or qui seront décernées (3 pour les hommes, 3 pour les femmes, 3 mixtes).
Je découvre le Para tir à l'arc
Une histoire en trois temps
Que ce soit chez les femmes, les hommes ou en mixte, il existe trois types d'épreuves :
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Open arc classique : Les archers de cette catégorie présentent divers handicaps physiques affectant l'un de leurs membres supérieurs ou inférieurs. Pour neutraliser les différences, les compétiteurs peuvent tirer depuis un fauteuil roulant ou un tabouret si l'archer a un équilibre instable en position debout, ou tirer avec la bouche si le handicap concerne un membre supérieur. Chaque tireur tire à une distance de 70 mètres, sur une cible de 122 centimètres de diamètre composée de 10 cercles concentriques marquant de 10 à 1 point (10 étant la zone la plus au centre de la cible).
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Open arc à poulies : Destiné aux tireurs dont la force des bras est limitée en raison d'un handicap. Le tir s'effectue à 50 mètres depuis un siège haut ou un fauteuil roulant, sur une cible de 80 centimètres de diamètre dont le blason est réduit pour ne laisser que les zones de 10 à 5 points. Là encore, un large éventail de handicaps est représenté, et pour neutraliser les différences, les archers bénéficient des mêmes aménagements réglementés que ceux de la catégorie Open arc classique.
L'avantage de l'arc à poulies est qu'il décuple la puissance et nécessite donc moins de force pour être utilisé. Idéal pour tous les archers qui ont des difficultés à maintenir l'arc sous tension pendant de longues périodes en raison de leur handicap. Avec ce type d'arc, les archers bénéficient également d'instruments d'aide à la visée. -
W1: Les archers ont ici un handicap affectant les membres inférieurs, les membres supérieurs et le tronc. Ils tirent avec un arc à poulies sans aides à la visée. Le tir s'effectue à une distance de 50 mètres, sur une cible de 80 centimètres de diamètre avec 10 zones. Dans cette catégorie W1, tous les participants tirent en fauteuil roulant.
La beauté du geste
Pour espérer envoyer sa flèche dans le mille, l'archer réalise toute une gymnastique, à la fois physique et psychologique, répétées des milliers de fois à l'entraînement. Pour mettre toutes les chances de son côté, il faut savoir dompter les éléments incontrôlables : le vent, le froid, la chaleur, la pluie, le bruit, etc. Tous ces facteurs doivent être maîtrisés pour que la flèche, une fois décochée, ait le maximum de chances d'aboutir dans la zone la plus rémunératrice en points.
Confiance en soi et gestion du stress sont deux exercices de style à réaliser sous la pression de la compétition. C'est dans les moments clés que les champions et championnes se distinguent de leurs adversaires. Car à 50 ou 70 mètres, un écart d'un millimètre au moment de la décoche mène à un décalage de 20 centimètres ou plus par rapport au point d'impact prévu.
Puissance et aglité
Les arcs à poulies sont fabriqués à partir de matériaux de haute technologie tels que la fibre de carbone et l'aluminium. Chaque arc est régulièrement testé et inspecté, car il est soumis aux rigueurs de chaque tir. En effet, la traction d'un arc à poulies peut nécessiter jusqu'à 28 kilos de force (60 livres dit-on dans le jargon). Son système, et c'est là tout son avantage, permet de réduire cette tension à 6 kilos (13 livres) en poids de maintien de la flèche. Ainsi, une flèche tirée avec un arc à poulies peut atteindre la vitesse impressionnante de 250 km/h. Une aide à la visée est également présente sur ce type d'arc, avec la présence d'un viseur réglable fixé à la poignée, ainsi qu'une loupe (aussi appelée « scope ») contenant une lentille grossissante, un œilleton et une bulle de mise à niveau.
Les arcs à poulies sont inclus dans le programme des Jeux Paralympiques et des championnats du monde, mais pas dans celui des Jeux olympiques. Seul l'arc classique est utilisé du côté olympique. Ce dernier nécessite une force plus importante par rapport à celui à poulies (22 kilos de pression pour une vitesse de flèche de 200 km/h).
Enfin, les para-archers peuvent tirer de manières différentes selon leur handicap : avec leur bouche, grâce à une languette de cuir maintenue entre les dents, avec leurs pieds ou avec leurs bras. Tout est pensé pour atteindre l'objectif final, qui reste le même pour tous : tirer dans le mille et faire grimper le compteur de points plus haut que celui de son adversaire !
Des histoires dans l'Histoire
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La para archère néo-zélandaise Neroli Fairhall, médaillée d'or aux Jeux paralympiques d'Arnhem en 1980, est devenue la première athlète paraplégique à participer aux Jeux olympiques, à Los Angeles en 1984. Elle termine à une belle trente-cinquième place dans le tournoi de tir à l'arc.
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L'Italienne Paola Fantato est l'athlète paralympique la plus titrée en tir à l'arc, avec cinq médailles d'or, une d'argent et deux de bronze au terme de ses cinq participations aux Jeux Paralympiques de 1988 à 2004. Elle est également connue pour avoir été la première athlète de l'histoire à participer aux Jeux olympiques et paralympiques la même année. C'était à Atlanta en 1996. Au tournoi olympique, elle s'est classée neuvième par équipe et cinquante-quatrième en individuel, tandis qu'elle a remporté l'or par équipe avec ses compatriotes et le bronze en individuel lors de la paralympiade.
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Zahra Nemati (photo ci-dessus, médaille d'or sur la bouche) est également entrée dans l'histoire lors des Jeux de Londres en 2012, devenant la première femme iranienne à remporter une médaille d'or aux Jeux (qu'ils soient olympiques ou paralympiques). Quatre ans plus tard, à Rio, elle a réitéré l'exploit après avoir porté le drapeau iranien lors de la cérémonie d'ouverture. La même année, la para-archère participe également aux Jeux olympiques, terminant 33e du tournoi. Elle remportera une nouvelle médaille d'or paralympique à Tokyo en 2021.
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La Grande-Bretagne est la nation la plus titrée en tir à l'arc aux Jeux Paralympiques. La délégation britannique a remporté 21 médailles d'or, 24 médailles d'argent et 23 médailles de bronze, pour un total de 68 médailles. Elle est également l'une des trois seules nations, avec la France et les États-Unis, à avoir participé à tous les tournois paralympiques de tir à l'arc depuis la première édition en 1960.
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