Para aviron : le grand défi de Benjamin Daviet, quintuple champion paralympique d'hiver

Par Florian Burgaud
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Photo de 2022 Getty Images

Du 30 août au 1er septembre, les régates de Para aviron des Jeux Paralympiques de Paris 2024 se dérouleront sur les installations flambants neuves du Stade Nautique de Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne). L'occasion de voir 104 rameurs en action... dont certains, comme Benjamin Daviet, à la trajectoire sportive étonnante et singulière.

Parfois, c'est dans l'inattendu que de belles histoires se créent. Ce credo, le Haut-Savoyard Benjamin Daviet, 35 ans, en a fait sien depuis plusieurs mois. Jusque-là, on connaissait le Bornandin pour ses exploits en Para ski de fond et Para biathlon aussi bien aux Jeux Paralympiques (quintuple médaillé d'or entre 2018 et 2022), aux Mondiaux que sur le circuit de la Coupe du Monde. Faisant partie des tauliers de son sport de prédilection, le montagnard s'est cependant lancé un nouveau défi à l'automne dernier : décrocher son ticket pour Paris 2024 en Para aviron.

« En 2017, à l'occasion du J-100 des Jeux de PyeongChang 2018, on avait fait un regroupement avec le ski alpin et le snowboard à Aiguebelette. Le CPSF avait fait venir Perle Bouge pour faire découvrir sa discipline et cela m'avait plu. Seulement, j'étais pleinement concentré sur les Jeux d'hiver. Après 2018, le coach Charles Delval est revenu à la charge et j'avais dit non parce que j'avais Pékin 2022 dans le viseur avec l'envie d'aller y chercher des médailles et d'être porte-drapeau. Tous les ans, il en remettait une petite couche quand je le voyais. Finalement, après les Jeux de Pékin, où j'avais rempli tous mes objectifs, j'avais besoin de me reconstruire mentalement et physiquement en faisant autre chose. C'est à ce moment-là que je me suis lancé dans l'aviron », explique-t-il en ce début de mois de juillet depuis Temple-sur-Lot (Lot-et-Garonne), lieu de villégiature des Bleus avant la compétition la plus importante de l'année.

Un programme chargé depuis plusieurs mois

Il y a un an, bien que devenu vice-champion de France de skiff, Benjamin Daviet avait cependant réfuté l'idée de prendre part à la grand-messe paralympique. Son argumentaire était alors simple : les légendes françaises de la discipline Stéphane Tardieu et Perle Bouge étaient plus légitimes que lui dans la coque du deux de couple mixte PR2 tricolore. « C'était clair et logique qu'ils allaient tenter de se qualifier pour les Jeux et pas moi, se rappelle le Bornandin. Cela faisait des années qu'ils ramaient ensemble et j'étais loin de savoir le faire aussi bien ! Je ne visais donc pas de battre Stéphane [Tardieu] pour entrer dans le bateau. »

Photo de F. Leloire/FFAviron

Dans la tête du sportif du Grand-Bornand (Haute-Savoie), l'aviron n'était alors qu'un élément de son entraînement estival sur la route des Jeux Paralympiques d'hiver de Milan-Cortina 2026. Seulement, la décision (inattendue) prise par Stéphane Tardieu de mettre un terme à sa carrière à la suite de Mondiaux manqués a modifié la donne en octobre 2023. La proposition lui est officiellement faite d'intégrer le deux de couple mixte PR2 français aux côtés de Perle Bouge.

« J'ai accepté, raconte Benjamin Daviet. On s'est lancés dans cette aventure avec Perle [Bouge] en esseyant de créer un binôme pour qualifier la coque. » C'est alors que le double projet du rameur-skieur tricolore a débuté. Entre stages sur l'eau avec sa nouvelle coéquipière et compétitions de Para ski nordique, Benjamin Daviet a suivi un programme méthodique, très précis... et chargé. « Je leur avais dit que j'avais ma saison d'hiver et que je ne pouvais pas la mettre de côté, reprend-il. On a donc trouvé un compromis à ce sujet et, comme le stage initial d'octobre s'est bien passé, on est partis dans cette aventure. Je faisais tous mes stages et compétitions l'hiver et je ramais, entre tout cela, à Joinville-le-Pont et Vaires-sur-Marne, le site des Jeux, où on se retrouvait deux jours et demi par mois avec Perle [Bouge] pour bosser ensemble. »

Le premier athlète français médaillé aux Jeux Paralympiques d'hiver et d'été ?

Un calendrier qui ne l'a donc pas empêché de briller sur tous les fronts : double médaillé mondial en biathlon en mars à Prince George (Canada), il est ensuite revenu au pays préparer la régate de qualification paralympique de Lucerne (Suisse) programmée en mai. « On est passés par plein de phases jusqu'à participer aux Championnats d'Europe de Szeged, en Hongrie, où on a créé la surprise en passant directement en finale et en finissant quatrièmes malgré beaucoup de fautes dans le final, indique le jeune papa d'une petite Poema. Cela a été un mal pour un bien et nous a permis de continuer à progresser jusqu'à décrocher ce beau ticket pour les Jeux lors de la régate de qualification. »

En forme sur le mythique plan d'eau suisse du Rotsee, le duo a effectivement obtenu son quota paralympique à cette occasion. Ainsi, Benjamin Daviet est parvenu à valider ce qu'il aime à appeler « un défi complètement fou »... mais pas si étonnant quand on regarde dans les rétroviseurs. La Norvégienne Birgit Skarstein ainsi que les Américaines Kendall Gretsch et Oksana Masters, par exemple, ont déjà réalisé ce pari insensé de participer aux Jeux Paralympiques d'hiver en ski nordique et d'été en aviron (l'Étasunienne ajoutant le cyclisme à son tableau de chasse et étant médaillé dans chacune des disciplines). « L'aviron et le ski de fond sont complémentaires parce que ce sont deux sports de glisse sur un effort similaire », rappelle le montagnard.

Concernant les ambitions de Benjamin Daviet dans quelques semaines avec le dossard flanqué des Agitos sur le dos, elles sont claires : monter sur le podium et devenir le premier athlète français médaillé aussi bien aux Jeux Paralympiques d'hiver que d'été. « C'est une belle motivation, forcément, mais je préfère ne pas me focaliser sur l'histoire. Je suis juste concentré sur mon entraînement pour faire progresser le bateau », termine-t-il.

Et les règles du Para aviron ?

C'est en 2008, à Pékin (Chine), que le Para aviron a fait son entrée au programme des Jeux Paralympiques. À l'époque, c'est sur la distance de 1 000 mètres que les rameurs se jouaient les médailles, contre 2 000 mètres depuis Tokyo 2020.

Trois types d'embarcations sont engagés dans la compétition pour un total de cinq épreuves :

  • le skiff en catégorie PR1 hommes et dames : l'athlète est seul dans le bateau, avec deux rames
  • le deux de couple mixte PR2 et PR3 : deux athlètes dans le bateau, avec deux rames chacun
  • le quatre barré mixte PR3 : quatre athlètes dans le bateau, avec une rame chacun, et un barreur, sans rame, chargé de diriger l'embarcation et de définir la tactique de course

Dans son histoire, la France a remporté cinq médailles en Para aviron aux Jeux Paralympiques : il n'y a qu'en 2008, pour l'édition inaugurale de la discipline au programme, que les Bleus ne sont pas montés sur le podium.

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