Martin Fourcade rectifie le tir dans la poursuite

Le patron du circuit mondial du biathlon s'impose magistralement dans la poursuite, conserve le titre gagné à Sotchi 2014, remporte sa troisième médaille d'or pour devenir l'égal français de Jean-Claude Killy aux Jeux d'hiver, s'adjuge sa cinquième médaille olympique, et ce n'est sans doute pas fini, tant sa démonstration a été éclatante. Le Suédois Sebastian  Samuelsson, 20 ans, prend le meilleur sur l'Allemand Benedikt Doll pour la médaille d'argent.

Martin Fourcade rectifie le tir dans la poursuite
(Getty Images)

Six fois consécutivement vainqueur du classement général de la Coupe du monde IBU dans laquelle il totalise 70 victoires individuelles, propriétaire de 26 gros et petits globes de cristal (record), onze fois champion du monde, Martin Fourcade est déjà, en compagnie du légendaire Ole Einar Bjørndalen, le plus grand biathlète de l'histoire.

Mais après une série de 18 podiums consécutifs à cheval sur deux saisons, dont les 15 courses de Coupe du monde disputées avant les Jeux de PyeongChang, le champion français a déçu, samedi, dans le sprint à Alpensia. Auteur de trois fautes au premier tir couché, il a d'entrée perdu toute chance de médaille et terminé mécontent et frustré, au 8e rang, à 22 secondes du vainqueur allemand Arnd Peiffer. Soit, en guise de consolation, une bonne position pour jouer sa chance dans la poursuite. Et sa revanche a été éclatante.

Une démonstration

Le Français, jamais aussi fort qu'après avoir connu une déception, n'a pas laissé passer l'occasion d'ajouter une nouvelle ligne à son immense palmarès. Le voici désormais l'égal de Killy, héros des Jeux de Grenoble 1968, qui, avec son triplé en ski alpin (descente, slalom et slalom géant), attendait depuis un demi-siècle qu'un autre Français veuille bien compiler l'or comme lui. Champion olympique de poursuite et de l'Individuelle à Sotchi en 2014, Fourcade a donc réussi son pari à la deuxième course de Pyeongchang 2018. Le porte-drapeau de la délégation française compte désormais cinq médailles olympiques, puisqu'il a également conquis l'argent sur la mass-start des Jeux de Vancouver 2010 dans celle des Jeux 2014.

Dans cette poursuite, Martin Fourcade est vite remonté sur la tête de course. Il a commis une faute au premier tir couché mais ce sera la seule de la soirée. Ainsi, après un sans faute au 3e tir (debout), il est reparti avec près de 40 secondes d'avance sur ses plus proches poursuivants, pouvant se permettre une erreur à l'ultime passage au stand. Il ne l'a pas commise et a pu brandir le poing vers les entraîneurs et l'encadrement français qui se congratulaient.

Il a pu ainsi se saisir d'un drapeau tricolore dans les derniers mètres. Le surprenant junior suédois Sebastian Samuelsson et l'Allemand Benedikt Doll, tous deux auteurs d'un seule faute, ont respectivement terminé en argent et en bronze à 12 secondes; Plus impressionnant encore, le 4e, le Norvégien Tarjei Boe, est relégué à plus d'une minute, un gouffre. Avec une seule faute au tir, c'est le trio le plus précis face aux cibles qui a phagocyté le podium.

"Aujourd'hui, je suis très heureux", a savouré le désormais triple champion olympique. "Il y a quatre ans, c'était le bouchon de champagne qui sautait. L'émotion n'est pas moins forte, c'est la folie quand je vois tout le monde en tribunes. Avant de penser au titre, je pensais avant tout à faire une médaille. J'avais dit que j'aurais du mal à être déçu avec 5 médailles d'argent. Aujourd'hui, il y a ce titre, qui va rendre beaucoup plus facile la suite, a déclaré le Français.

Le relais, nouvelle priorité de Martin Fourcade

"Pendant la course aujourd'hui, je me suis dit que ça allait être dur, et qu'il allait falloir se battre. Dans le 3e tour, je me suis dit que ça allait être une course qui sera très serrée. Ce troisième tir m'a permis de me retrouver dans une position inconfortable pour beaucoup mais idéale pour moi. J'ai tout mis dans ce tir. On a l'impression que le tir, c'est un sport de gros qui fume des clopes. Mais finalement c'est un sport qui coûte une énergie folle. Aujourd'hui, je l'ai vraiment ressenti. J'étais dans une bonne journée sur les skis, je n'en ai pas donné plus que nécessaire dans le dernier tour, et que ce dernier tir m'a totalement vidé. Lorsque la dernière cible est tombée, je savais que c'était bon. C'est un mélange de soulagement, de joie, de fierté et de fatigue. J'ai de grosses ambitions maintenant avec l'équipe. C'était une grosse déception de ne pas gagner cette médaille sur le sprint, parce que j'avais envie d'être médaillé sur un sprint aux Jeux, ce qui n'arrivera probablement pas dans ma carrière. La médaille en relais, c'est maintenant mon objectif prioritaire de ces Jeux, devant l'individuel et la mass start"

Sebastian Samuelsson n'en revient pas, Benedikt Doll réalise son rêve

"C'est dur de mettre des mots sur mes sentiments maintenant. Je pense que j'ai fait une bonne couse dans le sprint, mais bien sûr, à cause de mes cibles manquées, je ne pouvais pas viser la médaille. Je savais que si je tirais bien aujourd'hui, tout devenait possible. Mais cela a été beaucoup plus que ce à quoi je m'attendais. Ce sont déjà des bons Jeux pour la Suède et ils ne font que commencer", a observé Sebastian Samuelsson. "Martin est un athlète de classe mondiale, il était 8e hier malgré trois tours de pénalité, mais aujourd'hui, il était trop fort. Il est le biathlète parfait !"

De son coté, Benedikt Doll, explique qu'il a réalisé son rêve. "J'ai travaillé depuis 20 ans, c'est donc un rêve qui devient réalité. C'était si génial de courir aujourd'hui, spécialement après le dernier tir debout où je me suis retrouvé dans le top 3, assuré de la médaille sans avoir à me trop me battre dans le final. Bien sûr, cela a été un vrai combat car l'argent était encore possible. Mais le Suédois avait des très bon skis aujourd'hui, et j'ai perdu ce match".

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