Jamais aussi brillant qu’à l’heure de disputer les médailles olympiques, le triple médaillé d’or britannique du cyclisme sur piste Jason Kenny défendra à Rio les deux titres de la vitesse, en individuel et par équipes.
« Certains athlètes, comme Jason, voient les Jeux Olympiques comme le but ultime. Il a son plan pour arriver là. Il y a de toute évidence quelque chose qui fait qu’il ne s’engage pas pleinement mentalement ou physiquement jusqu’à ce que cela compte vraiment. C’est une bonne chose sur plusieurs plans, car ses rivaux seront terrifiés à Rio. Ils ne sauront pas à l’avance ce qui se passe avec lui ! ».
En écho à ces paroles de Sir Chris Hoy, son ancien coéquipier et héros national britannique qui compte le plus grand nombre de médailles d’or (six), Jason Kenny, resté plutôt discret depuis ses deux titres olympiques 2012, remporte le 5 mars 2016 le titre mondial de la vitesse individuelle. Dans un lieu très spécial ! Ces championnats du monde de cyclisme sur piste se disputent en effet dans le Vélodrome olympique de Londres. Revenu sur les lieux de ses exploits devant un public qui remplit les gradins à ras bord, Il bat en finale l’Australien Matthew Glaetzer en trois manches, à moins de cinq mois des Jeux de Rio ! Comment fait-il pour atteindre son pic de forme tous les quatre ans ? « Je ne sais pas », avoue Kenny.
Deux médailles à Beijing
Chris Hoy est le champion qui bat Jason Kenny, 20 ans, en finale de la vitesse individuelle sur la piste du Vélodrome olympique de Laoshan, le 19 août 2008 lors des Jeux de Beijing. C’est déjà la 2e médaille de Kenny, puisque trois jours plus tôt, avec Hoy et Jamie Staff, ils avaient triomphé de la France triple championne du monde en titre, en finale de la vitesse par équipes, avec un chrono de 42.950 constituant un nouveau record du monde. Lors de ses premiers Jeux, le jeune pistard issu de la région de Manchester prend déjà date pour les prochains, qu’il disputera à domicile !
De Beijing à Londres, Jason Kenny est souvent dominé par le Français Grégory Baugé dans les championnats du monde de l’UCI. Sauf en 2011 à Apeldoorn (Pays-Bas), où après avoir perdu en deux manches en finale, il s’adjuge le titre mondial à la suite de la disqualification de Baugé. Mais à quelques mois des Jeux, en avril 2012 à Melbourne (Australie), Grégory Baugé lui impose à nouveau sa loi en finale des Mondiaux.
Roi de la vitesse à Londres
Les Jeux de Londres commencent très fort pour Kenny et le cyclisme sur piste britannique. Le 2 août, la formation qu’il compose avec Philip Hindes et Chris Hoy ne fait pas de détails dans la compétition de vitesse par équipes. Meilleur temps des qualifications avec un record olympique en 43.065. Meilleur temps du premier tour, dans la 4e série face au Japon, en améliorant le record du monde (42.747). Victoire imparable en finale face à la France (Grégory Baugé, Michael d’Almeida, Kévin Sireau) avec un nouveau record mondial en 42.600 !
Quatre jours plus tard, le déjà triple médaillé olympique attaque en force le tournoi de vitesse individuelle en se montrant le plus rapide des qualifications. Il expédie en deux manches le Sud-Africain Bernard Esterhuizen en 1/8èmes, le Malaisien Azizulhasni Awang et quarts et le trinidadien Nijsane Phillip en demi-finale, avant de retrouver Grégory Baugé dans la course pour l’or.
Lors de la première manche de la finale, Kenny se laisse distancer par son rival dans un premier temps, puis revient sur lui dans le dernier tour, le dépasse par l’extérieur et franchit en premier la ligne d’arrivée. Scénario différent dans la 2e manche. Les deux coureurs s’observent, Kenny est toujours devant. Il démarre dans l’avant dernier tour est n’est pas rattrapé par Baugé. La médaille d’or est à lui. Le public du vélodrome londonien rugit ! « Pour être honnête, ma course finale n’a pas été fantastique. J’ai juste laissé la foule me porter jusqu’a la ligne d’arrivée ! », observe Kenny, qui regrettera aussi l’absence de Chris Hoy dans ce tournoi individuel, estimant qu’il n’aurait jamais pu battre la légende du cyclisme sur piste britannique.
L’année suivante, Jason Kenny remporte ce qu’il considère comme une de ses plus belles victoires, car assez inattendue : il est sacré champion du monde du keirin 2013 à Minsk (Belarus). D’une manière générale, le conquérant cyclisme sur piste britannique a quelque peu levé le pied dans les joutes mondiales depuis les triomphes londoniens. Mais alors que les Jeux de Rio se profilent Kenny frappe un grand coup en étant couronné champion du monde de la vitesse. Le triple champion olympique a encore faim !