Le ski de fond masculin au sommet dans le stade d'Alpensia
Trois médailles d'or pour le nouveau phénomène du ski de fond mondial Johannes Høsflot Klaebo, deux pour Simen Hegstad Krueger et pour Martin Johnsrud Sundby, un fameux triplé à l'arrivée du skiathlon : la Norvège a été l'équipe la plus performante dans les épreuves masculines sur la stade d'Alpensia. De leur côté, le Suisse Dario Cologna a écrit son nom dans les livres d'histoire en gagnant sur 15 km pour la troisième fois consécutive, et le Finlandais Iivo Niskanen s'est imposé sur la plus longue des distances, le 50 km.
Ça part très fort pour la Norvège dès la première course, le 11 février. Le vainqueur du skiathlon 30 km est bien de cette équipe, mais ce n'est pas forcément celui que l'on attendait. Pourtant victime d'une lourde chute dans le premier kilomètre, bâton cassé, reparti avec 40 secondes de retard sur les premiers, Simen Hegstad Krueger dynamite la course dans le dernier tour, s'échappe et passe la ligne d'arrivée détaché devant ses compatriotes Martin Johnsrud Sundby et Hans Christer Hollund pour un fameux triplé !
C'est le Finlandais Ilvo Niskanen qui emmène le peloton dans la partie en style classique et tente d'emballer la course dans le vent et le froid sur le circuit d'Alpensia. Mais à l'approche du passage au stand pour changement de skis, son rythme baisse, et c'est un groupe de 18 coureurs comptant les principaux favoris dont Krueger, qui repart à l'avant pour les 15 kilomètres en style libre.
A quatre kilomètres du but, dans le dernier tour, Krueger, plein de fraîcheur, porte une attaque tranchante, personne ne répond. Il s'échappe. Quand l'avance de Krueger atteint les 20 secondes, Sundby et Hollund accélèrent à leur tour, et disloquent le groupe de chasse qui compte notamment le Suisse Dario Cologna, le Canadien Alex Harvey et le Français Maurice Manificat. Krueger passe la ligne d'arrivée avec un grand sourire, comme étonné de son immense performance, Sundby prend le meilleur sur Hollund pour finir à huit secondes. C'est la première victoire…et le premier triplé norvégien sur la distance, inscrite au programme des Jeux Olympiques à Turin en 2006 (alors sous le nom de "poursuite 30 km").
L'Athlète olympique de Russie (OAR) champion du monde junior Denis Spitsov, qui était tombé au départ avec Krueger et avait lui aussi cassé un bâton, prend une méritoire 4e place à douze secondes du vainqueur devant Manificat, alors que Dario Cologna se classe 6e et que le Britannique Andrew Musgrave obtient le meilleur résultat de son pays en ski de fond en terminant 7e.
Johannes Høsflot Klaebo, roi du sprint et plus jeune champion olympique du ski de fond
Il s'annonçait en favori, et il a pu lever les bras au ciel en passant la ligne d'arrivée. Ultra dominateur en Coupe du monde cet hiver, décevant 48h plus tôt dans le skiathlon où il a pris la 10e place, le Norvégien Johannes Høsflot Klaebo devient le 13 février, à 21 ans et 114 jours le plus jeune champion olympique du ski de fond. Dans le sprint classique, il devance l'Italien Federico Pellegrino et l'Athlète olympique de Russie Alexander Bolshunov, lui aussi âgé de 21 ans.
Dans la montée du tour de circuit, Johannes Høsflot Klaebo, qui s'était tout d'abord calé derrière l'Athlète olympique de Russie Alexander Bolshunov, produit son effort, il attaque en force, se détache immédiatement, et peut savourer sa fin de parcours, son premier titre olympique. Derrière lui, l'Italien Federico Pellegrino revient très fort sur Bolshunov et le bat à la photo finish sur la ligne d'arrivée, à 1:34 du brillant champion olympique norvégien.
Considéré comme le fondeur le plus attendu des Jeux de PyeongChang 2018, Klaebo bat le record de précocité qui appartenait au Suédois Gunde Svan, 22 ans et 32 jours quand il avait été titré sur le 15 km classique en 1984 à Sarajevo.
"Cela veut dire beaucoup ! Je pense qu'il y a eu énormément de pression de l'extérieur ces deux dernières semaines, et se montrer capable de gagner ici, c'est tout simplement incroyable," dit Johannes Høsflot Klaebo.
C'est vraiment cool de passer la ligne d'arrivée en premier. C'est difficile à décrire, tout passe si vite et d'un seul coup, vous êtes si heureux ! Johannes Høsflot Klaebo Norvège - Johannes Høsflot Klaebo Norvège
A propos de la pression qu'il a pu ressentir, le nouveau roi du sprint explique également : "Bien sûr, c'est difficile. Cela fait quelques jours que je ne dors pas bien. Là, je peux me détendre et me concentrer sur la suite du programme. Mais je vais déjà fêter celle-là." Et concernant son record de précocité en ski de fond aux Jeux, il ajoute : "Oui, j'ai entendu ça. C'est sûr que c'est cool. Je dois juste me concentrer sur ce que j'ai à faire. Et comme la pression peut vous tomber dessus, c'est encore mieux de gagner en la dominant. C'est la première, et j'attends avec impatience les prochaines courses !"
Dario Cologna écrit son nom dans la légende des Jeux
Fantastique Dario Cologna ! Le 16 février, le skieur de fond suisse est le premier athlète de l'histoire à s'imposer trois fois de suite sur le 15 km : en style libre à Vancouver en 2010, en classique à Sotchi 2014, et de nouveau en mode "skating" à PyeongChang 2018.
En tête à tous les chronos intermédiaires après la marque des 6 km, surpuissant, poussant un cri de rage retentissant dans l'aire d'arrivée, Dario Cologna, le Roger Federer suisse du ski de fond, s'impose sans discussion sur le circuit ensoleillé d'Alpensia. Le voilà quadruple champion olympique (également médaillé d'or du skiathlon à Sotchi 2014), ayant remporté.... la totalité des médailles d'or de son pays en ski de fond aux Jeux d'hiver. Avec ses quatre titres olympiques, il égale le gymnaste Georges Miez et le sauteur Simon Ammann au Panthéon des sportifs de son pays les plus titrés en été et en hiver. Le skieur du Val Müstair dans les Grisons, 31 ans est une légende.
Simen Hegstad Krueger, qui a mené un triplé norvégien dans le skiathlon cinq jours plus tôt, finit très fort pour gagner sa deuxième médaille à PyeongChang 2018. Il passe la ligne d'arrivée à 18 secondes et 3 centièmes du Roi Dario 1er. L'Athlète olympique de Russie Denis Spitsov, champion du monde U23 du skiathlon le 2 février dernier à Goms (Suisse), fait lui aussi parler son finish pour enlever le bronze à 23 secondes du vainqueur.
Quant au leader de la Coupe du monde sur la distance, le Français Maurice Manificat, il est en position pour le podium durant la majeure partie de la course, mais il termine moins bien et se classe 5e à 27 secondes, devancé aussi par le Norvégien déjà en argent dans le skiathlon, Martin Johnsrud Sundby, quatrième à 24.9.
Dario Cologna a donc profité de ses troisièmes Jeux pour garnir encore un peu plus une armoire à trophées qui comporte également quatre succès au classement général de la Coupe du monde et un titre de champion du monde. Du grand art. C'est simple : seul Björn Daehlie a gagné plus de titres individuels (6) aux Jeux que Cologna chez les fondeurs. Ce qui situe l'ampleur de sa performance. Il faut croire qu'il avait bien mijoté son coup pour arriver en pleine forme en République de Corée. Sa victoire sur le Tour de ski en janvier aurait dû susciter la méfiance de ses plus sérieux adversaires, à commencer par la colonie norvégienne.
"Ça n'est pas trop mal, c'est incroyable." Ainsi s'exprime le quadruple champion olympique suisse. "Ça a vraiment été un travail acharné, et je voulais vraiment gagner ici après Vancouver et Sotchi. Je ne peux toujours pas croire que je suis le vainqueur. Trois fois titré dans cette épreuve, quatre médailles d'or, voilà que je rejoins Simon Ammann, l'autre suisse qui a gagné quatre fois aux Jeux d'hiver. "
Pour écrire une page d'histoire, c'est vraiment pas mal. Dario Cologna Suisse - Dario Cologna Suisse
Les Norvégiens gagnent le relais, 2e médaille d'or pour Klaebo et Krueger
Johannes Høsflot Klaebo, l'implacable finisseur, et Simen Hegstad Krueger gagnent leur deuxième titre en ski de fond à PyeongChang 2018, Martin Johnsrud Sundby sa deuxième médaille à Alpensia : la Norvège triomphe dans le relais hommes 4x10 km, dimanche 18 février, devant le quatuor des Athlètes olympiques de Russie et l'équipe de France.
A un kilomètre du but, Johannes Høsflot Klaebo, titré le 13 février dans le sprint classique, porte une attaque imparable pour se détacher de son dernier rival : le quatrième relayeur de l'équipe des Athlètes olympiques de Russie Denis Spitsov. Il rejoint drapeau norvégien en mains ses coéquipiers Didrik Tønseth, Martin Johnsrud Sundby et Simen Hegstad Krueger qui l'attendent derrière la ligne d'arrivée, avec les bras écartés.
Pour les Athlètes olympiques de Russie, Denis Spitsov en termine à un peu plus de 9 secondes, alors que le Français Adrien Backscheider vient prendre le bronze à 36 secondes. La Finlande prend la 4e place à 1 minute 40, tandis que la Suède qui se classe 5e à plus de 2 minutes, était la double tenante du titre.
Si ce sont les Athlètes olympiques de Russie qui mènent les débats jusqu'à mi-course avec un très bon relais d'Alexander Bolshunov, le 3e relayeur norvégien Simen Hegstad Krueger recolle sur Alexey Chervotkin, avec Clément Parisse pour la France et Giandomenico Salvadori pour l'Italie après 6 km de course dans leurs parcours. Ainsi, au dernier échange, la Norvège est en tête devant la France et l'équipe OAR, tandis que l'Italie décroche.
Dans le dernier tour, le Français Adrien Backscheider tente de suivre le rythme de deux des meilleurs fondeurs du moment, Klaebo et Spitsov, qui a pris le bronze dans le 15 km libre. Mais ils finissent par se détacher et le jeune prodige norvégien pose une accélération en fin de parcours clouant l'Athlète olympique de Russie sur place, pour offrir à son pays le doublé hommes-femmes dans cette épreuve et un titre qui lui échappait depuis 2002.
Johannes Høsflot Klaebo souligne la chance de pouvoir figurer dans cette équipe de Norvège. "Beaucoup de nos skieurs auraient pu disputer ce relais. Nous sommes juste reconnaissants d'être là, et de pouvoir aller chercher l'or. Dans le final, je me sentais fort. Egalement dans mon premier tour, et mes skis étaient si bien préparés que je savais que j'allais attaquer à ce moment, dans l'avant-dernière montée. Je me sentais fort et réussir à creuser l'écart comme ça, c'est un sentiment incroyable."
Klaebo et Sundby remettent ça dans le sprint par équipes
Le tandem Martin Johnsrud Sundby/Johannes Høsflot Klaebo remporte brillamment la compétition masculine de sprint libre par équipes en ski de fond, le 21 février sous les projecteurs du stade d'Alpensia. A 21 ans, Klaebo gagne sa troisième médaille d'or à PyeongChang 2018. L'équipe de Norvège devance celle des athlètes olympiques de Russie, et le duo français s'adjuge la médaille de bronze.
Il n'y a pas de suspense pour la victoire dans la finale. Dès la mi-course, Johannes Høsflot Klaebo creuse l'écart en tête. Martin Johnsrud Sundby continue à accélérer, et Klaebo finit le travail avec une large avance. Le fondeur de 21 ans est un des deux athlètes Jeux de PyeongChang 2018 à s'adjuger trois médailles d'or avec le biathlète français Martin Fourcade.
Restés dans le match pour le podium tout du long, les Athlètes olympiques de Russie Denis Spitsov et Alexander Bolshunov prennent la médaille d'argent, Bolshunov passant la ligne d'arrivée à 1:71 secondes de Klaebo qui a terminé en roue libre. La Suède est aussi dans l'explication finale pour les 2e et 3e places. Mais le Français Richard Jouve, coéquipier de Maurice Manificat, prend le meilleur sur Calle Halfvarsson (en équipe avec Marcus Hellner) pour aller quérir le bronze à 2:02 des vainqueurs.
"C'est un sentiment fantastique de finir premier ici. Nous étions tous les deux très nerveux aujourd'hui, et je n'avais pas très bien dormi. Martin Johnsrud Sundby m'a énormément inspiré. Il a été le meilleur skieur de fond au monde ces dernières années. Voir comment il fait, et comme il s'entraîne, cela veut tout dire," explique Johannes Klaebo.
Martin Johnsrud Sundby lui renvoie l'ascenseur : "Ce gars m'inspire. Il n'est arrivé que la saison dernière, et cette année, il nous monte ce que le ski de fond moderne doit être. Il possède un talent que tout le monde peut observer maintenant, mais il n'a que 21 ans. Je pense donc avoir un ou deux conseils à lui donner ces prochains temps, mais il a très certainement emmené le ski de fond vers un autre niveau."
Iivo Niskanen gagne le seul titre finlandais à PyeongChang sur 50 km
Déjà sacré champion olympique du sprint par équipes avec Sami Jauhojärvi à Sotchi en 2014, Iivo Niskanen prend le meilleur sur l'Athlète olympique de Russie Alexander Bolshunov dans le dernier kilomètre de cette épreuve d'endurance en style classique, à la veille de la cérémonie de clôture. Le bronze est remporté par un autre athlète de l'équipe OAR, Andrey Larkov. Niskanen est le seul Finlandais titré à PyeongChang 2018.
Bien placé dans le groupe de tête durant toute la course, Iivo Niskanen porte une première attaque après 20 kilomètres, il est ensuite rejoint par l'athlète OAR Alexander Bolshunov. Les deux fondeurs s'expliquent alors pour la victoire alors que le brouillard tombe sur le stade d'Alpensia.
Niskanen, 26 ans, joue son coup tactique dans un timing parfait en changeant de skis au 40e kilomètre. A un peu plus de 1000 m du but, des fusées sous les pieds, le Finlandais creuse l'écart dans la dernière descente, accélère encore, et peut passer triomphalement la ligne d'arrivée en 1h17:55.0 avec 16 secondes d'avance sur Bolshunov qui gagne sa quatrième médaille à PyeongChang 2018.
"Je ne savais pas comment allaient ses skis, et j'ignorais durant combien de kilomètres il les avait usés," explique ainsi IIvo Niskanen. "Après avoir chaussé ma nouvelle paire, j'ai donc essayé de le rattraper aussi vite que possible, et dans la longue descente, mes skis tout frais étaient bien plus rapides. Il ne me restait plus qu'à sauvegarder de l'énergie en vue de l'arrivée."
Dans ce 50 km classique départ groupé, le coéquipier de Bolshunov Andrey Larkov s'extrait en fin de parcours d'un groupe comprenant les Norvégiens Martin Johnsrud Sundby (champion olympique du relais et du sprint pat équipes à PyeongChang 2018), Hans Christer Holund (médaillé de bronze du skiathlon) et le Canadien Alex Harvey pour aller s'adjuger le bronze à 2 minutes 43 du vainqueur. Harvey prend la 4e place devant Sundby.
La Finlande n'avait plus gagné les 50 km en ski de fond depuis Kalevi Hämäläinen à Squaw Valley en 1960. "C'est la première, mais ce n'est pas la dernière," note Iivo Niskanen, "Demain est un autre jour. Je voulais gagner ma médaille d'or sur la distance, et j'ai attendu de longues années, en fait quatre ans, mais j'ai pu me jouer de la pression, tout est allé parfaitement aujourd'hui, et voilà le résultat ! C'est quand même une grosse affaire pour nous. J'ai vu que notre dernier champion olympique dans une épreuve individuelle, c'était il y a 20 ans ! " Il succède donc à Mika Myllylä, vainqueur du 30 km à Nagano en 1998.
Comme le veut la tradition, les trois premiers de cette course sont décorés le lendemain dans le Stade Olympique lors de la Cérémonie de clôture. Mais cette fois, ils n'ont pas disputé la dernière épreuve des ceux Jeux, ce sont les femmes, avec le 30 km, Marit Bjørgen en tête, qui ont cet honneur, et qui reçoivent donc leurs médailles des mains du président du CIO Thomas Bach et de celui de la FFS Gianfranco Kasper avant eux !