Le ski acrobatique masculin offre cinq champions olympiques de haut vol !

Tandis que le roi des bosses Mikael Kingsbury met un terme à une longue quête et que David Wise fait coup double en halfpipe, Øystein Braaten survole la compétition de slopestyle, Brady Leman prend une revanche éclatante en ski cross, et Oleksandr Abramenko devient en saut acrobatique le premier champion olympique ukrainien au Jeux d'hiver !

Le ski acrobatique masculin offre cinq champions olympiques de haut vol !
(2018 Getty Images)

C'est fait. Le roi des bosses est enfin champion olympique. Un magnifique run dans la 3e partie de la finale permet au Canadien Mikael Kingsbury de remporter le 12 février le seul titre qui lui manquait encore. Le champion québécois devance magistralement l'Australien Matt Graham et le Japonais Daichi Hara, sous les projecteurs du Phoenix Park.

Six victoires consécutives au classement général de la Coupe du monde de ski acrobatique, autant dans celle des bosses, 48 victoires et 70 podiums en 87 départs en Coupe du monde, ce qui est particulièrement impressionnant dans une discipline à risques et à notes comme les bosses, sept médailles aux championnats du monde : il ne manquait plus que la victoire olympique pour le skieur qui domine sa discipline comme peu de sportifs au monde. En 2014, à 21 ans, Mikael Kingsbury avait assisté au 2e triomphe olympique de son aîné et compatriote Alexandre Bilodeau et avait dû se contenter de la médaille d'argent.

Depuis, il a écrasé la concurrence en toute décontraction et le "Yes !" lâché vers le ciel au moment de la remise des prix en bas de la piste olympique de bosses trahit le soulagement du moment. A l'âge de neuf ans, le Québécois avait affiché sur le plafond de sa chambre d'enfant un dessin des anneaux olympiques sur lequel il avait écrit : "Je vais gagner!". La prédiction est réalisée et Mikael Kingsbury est bien le roi des bosses.

Meilleur score des qualifications, il débute la finale en gardant un peu de marge. Quatrième de la première manche, puis deuxième de la suivante, il a sort le grand jeu lors de son troisième et dernier "run", ultra rapide, sans aucune faute sur les bosses, ponctué de deux sauts énormes (un magnifique D-Spin sur le deuxième) qui ne laisse pas le moindre doute avec un score 86.63 points qui lui permettent de finir loin devant ses rivaux.

Auteur d'un joli run, Matt Graham ouvre le compteur de l'Australie dans ces Jeux avec 82.57 points et une belle médaille d'argent. Palliant la défaillance de son compatriote double champion du monde 2017 Ikuma Horishima, éliminé en finale 2, Daichi Hara remporte le bronze avec 82.19 points.

"J'avais rêvé de ça depuis que j'avais huit ans ! J'ai réalisé mon rêve et c'est le plus beau jour de ma vie," s'exclame Mikael Kingsbury. "J'ai gagné tellement de courses de Coupe du monde dans ma carrière, mais vous savez, gagner celle-là... C'est une soirée tous les quatre ans, et je me suis montré capable de l'emporter ! Pour le reste de ma vie, je serai champion olympique. Les juges ont récompensés un ski impeccable, et je pense que je l'ai été toute la journée. Je ne peux pas croire que ça a marché !"

Øystein Braaten survole les débats en slopestyle

Sur le difficile parcours du Phoenix Snow Park, le Norvégien Øystein Braaten, 22 ans, s’impose dimanche 18 février dans l’épreuve du slopestyle en réussissant un premier run d’une parfaite maîtrise technique lors de la finale, réunissant les douze meilleurs. Avec une note de 95.00, il devance l’Américain Nick Goepper (93.60) et le Canadien Alex Beaulieu-Marchand (92.40).

Son premier passage dans le parcours est étourdissant. Très imaginatif et tournoyant sur les rails, Braaten réussit ensuite à poser deux "switch double Cork 1440" de suite, le denier avec un "double grab", c'est à dire qu'il attrape un ski en l'air, puis l'autre avant d'atterrir. Ce run est récompensé d'un 95.00 par les juges, et Braaten ne sera pas rattrapé.

"Mon premier run était exactement ce que j’avais planifié," explique Braaten. "J’ai fait ce que je voulais aussi bien que possible. Le niveau était tellement élevé. Il y avait tellement de gars qui m’ont inspiré. Pour moi, c’était déjà énorme d’avoir pu concourir contre tous ces gars." Il devient le premier Norvégien champion olympique en ski freestyle, mais il succède à ses compatriotes Stine Hattestad (1994) et Kari Traa (2002) toutes deux médaillées d'or en bosses.

L’Américain Nick Goepper, 23 ans, se transcende dans son troisième run pour aller chercher l’argent après avoir obtenu le bronze à Sotchi 2014. Il a expliqué avoir souffert d’une certaine dépression post-olympique il y a quatre ans. Cet ancien vainqueur des X Games (en 2015) rate ses deux premiers runs mais il se reprend magnifiquement à sa dernière tentative. La troisième place revient au Canadien Alex Beaulieu-Marchand avec la note de 92.40 obtenue après son deuxième run.

Oleksandr Abramenko apporte le titre du saut acrobatique à l'Ukraine

Toujours le 18 février, en soirée, l'Ukrainien Oleksandr Abramenko remporte la super finale du saut acrobatique sous les projecteurs du tremplin de neige du Phoenix Snow Park. Il prend le meilleur pour 5/10e de points sur le Chinois Jia Zongyang, alors que l'athlète olympique de Russie Ilia Burov s'adjuge la médaille de bronze.

Les trois premiers exécutent la même figure dans les airs, un spectaculaire back-full-full-double-full mais celui qui réalise la plus parfaite prestation dans cette finale à six concurrents est Oleksandr Abramenko à qui les juges accordent 128.51 points, soit seulement 0,46 points de plus que Jia Zongyang, qui a fini premier de la finale 2 et aurait bien aimé rejoindre Han Xiaopeng, le dernier Chinois titré dans la discipline à Turin en 2006. Pour le bronze, l'athlète olympique de Russie Ilia Burov est crédité de 122,17 points.

Le champion du monde américain Jonathon Lillis est éliminé en finale 2, tandis que le médaillé d'argent australien de Sotchi en 2014 David Morris ne dépasse pas la finale 1. Pour ses quatrièmes Jeux, le tenant du titre biélorusse Anton Kushnir est éliminé en qualifications.

La médaille d'or d'Abramenko est le troisième titre ukrainien aux Jeux d'hiver, après Oksana Baiul en patinage artistique à Lillehammer en 1994, et l'équipe féminine du relais 4x6 km en biathlon à Sotchi en 2014. Il est donc le premier athlète masculin de son pays sacré champion olympique hivernal. Quant à Jia Zongyang, qui avait terminé en bronze à Sotchi 2014, il est le premier athlète chinois multi-médaillé aux Jeux d'hiver.

"Ça a été un des meilleurs saut de ma vie," remarque Oleksandr Abramenko. "C'est vraiment impensable. J'espérais juste gagner une médaille, et j'ai remporté l'or. Je suis si heureux ! C'est la première médaille de l'Ukraine en ski, je ne peux pas y croire. J'ai rêvé de ce moment depuis mon enfance, quand j'ai démarré le ski acrobatique. C'est un rêve qui devient réalité !"

En ski cross, Brady Leman met le feu au lac !

Le vendredi 21 février, à l’issue d’une finale un peu tronquée, c’est le Canadien Brady Leman qui décroche la médaille d’or de la compétition de ski cross. Il domine le Suisse Marc Bischofberger pour le titre. L’Athlète Olympique de Russie Sergey Ridzik, mis à terre par l’autre Canadien, Kevin Drury, se relève et s’offre la médaille de bronze.

La prime à l’expérience. Sur un parcours très aérien, Brady Leman, 32 ans, se montre le plus fort. Le Canadien avait été le grand perdant de la finale de Sotchi où il avait pris la quatrième place derrière trois Français après avoir chuté. Cette fois il s'installe rapidement en tête de la finale pour éviter tout risque de collision.

C’est justement l’Athlète Olympique de Russie Sergey Ridzik qui fait les frais du côté parfois aléatoire en se retrouvant au tapis par la faute du Canadien Kevin Drury. Avec deux adversaires hors piste, Leman n’a plus qu’à contrôler Marc Bischofberger pour aller au bout de son rêve. "C’est une chose pour laquelle j’ai tellement travaillé," explique-t-il. "Cela représente dix années d’efforts, et particulièrement les quatre dernières depuis Sotchi. D’avoir su rebondir en restant fort et confiant en mes capacités, c’est quelque chose dont je suis particulièrement fier."

Le grand gaillard d’1,90 m originaire de Calgary connaît la consécration que sa longue carrière méritait largement même s’il n’avait jamais déroché la moindre médaille lors des championnats du monde ou des Jeux Olympiques. Deux fois deuxième la coupe du Monde de la spécialité, il s’impose avec une confortable avance. Après s’être relevé de sa chute, Sergey Ridzik finit sa course en solitaire pour s’offrir une belle médaille de bronze.

Après s’être fracturé la jambe à la veille du début de la compétition en 2010 à Vancouver, après la quatrième place forcément frustrante de la finale des Jeux de 2014, Brady Leman prend donc une revanche éclatante sur ses déboires olympiques. Les Français, qui avaient signé le triplé à Sotchi, ne placent qu'Arnaud Bovolenta 2e de la petite finale. Le tenant du titre Jean-Frédéric Chapuis a quitté la compétition dès les quarts de finale.

Au-dessus du lot, David Wise conclut en beauté dans l'épreuve du halfpipe

Disputée dans des conditions parfaites de soleil et de vent, la dernière épreuve du ski freestyle masculin, celle du halfpipe disputée le 22 février, offre un spectacle renversant avec du très haut niveau et quelques grosses chutes. L’Américain David Wise doit attendre son troisième run pour mettre tout le monde d’accord avec un score impressionnant de 97.20. Il conserve son titre obtenu à Sotchi il y a quatre ans. Son compatriote Alex Ferreira s'adjuge la médaille d’argent après un deuxième run de toute beauté au gros contenu technique (96.40) tandis que la troisième place est pour le Néo-Zélandais Nico Porteous (94.80), 16 ans et 91 jours.

Il y a David Wise et les autres. Après avoir inauguré le palmarès de l’épreuve de ski halfpipe à Sotchi, l’Américain de 27 ans remet ça dans le pipe du Phoenix Snow Park. Il ménage le suspense puisqu'il chute lors de ses deux premiers runs. Alors que son compatriote Alex Ferreira occupe la tête de la compétition, Wise, sous pression, va assommer la concurrence lors de sa dernière tentative. Il s'envole haut, plaque deux 1080 l'un derrière l'autre, le 2e en switch (lancé en marche arrière), ainsi que deux double cork 1260, et se voit gratifié d'une note de 97.20 qui met un terme aux débats. Après deux saisons perturbées par les blessures, il se pose comme l’homme des grands rendez-vous avec une deuxième médaille d’or.

"Aujourd’hui, c’était une journée incroyable," commente-t-il. "Voir Alex poser tous ses runs, voir le niveau des qualifs. Tout cela m’a inspiré. Ce que je voulais c’était réussir un run propre. Je n’arrive pas vraiment à y croire. Gagner, perdre. Tout ce que je voulais, c’était poser un run. Et je suis parvenu à le faire juste au moment où j’en avais besoin."

Alex Ferreira prend donc la deuxième place après avoir longtemps mené le concours grâce à un total de 92.60 à son premier passage, qu'il améliore encore dans son dernier run : 96.40. En grande forme cette saison, le skieur d’Aspen dans le Colorado est le leader de la Coupe du Monde de la spécialité. "Je suis en extase. Je suis sous le choc," lâche-t-il.  "Je suis tellement heureux pour ma famille et mes amis qui sont venus ici. C’est un moment vraiment magique. Je ne pourrai jamais l’oublier."

Il y a une belle bagarre entre Néo-Zélandais pour la médaille de bronze et c’est finalement Nico Porteous qui se classe troisième grâce à son troisième run plein de dynamisme. Agé de 16 ans et 91 jours, il prive de podium son compatriote Beau-James Wells, longtemps troisième et lui aussi âgé de 16 ans. Porteous est le plus jeune médaillé olympique de l'histoire néo-zélandaise ! Jamais sur le podium en Coupe du Monde, il réussit une extraordinaire performance digne de son frère Miguel, deuxième des X-Games en 2017. "J’ai du mal à réaliser. J’ai même vomi au départ à cause de la nervosité. Je dois beaucoup à mon préparateur mental, je lui dois beaucoup."

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