Le basketball américain sur une autre planète

Le pays à la bannière étoilée a conforté son hégémonie sur le ballon orange : sixième titre consécutif pour les Américaines après leur victoire sur les Espagnoles, troisième titre de rang pour leurs homologues masculins contre la Serbie. La Serbie chez les dames et l’Espagne côté hommes ont pris les médailles de bronze.

Le basketball américain sur une autre planète
(2016 Getty Images)

Les Américaines ont battu les Espagnoles 101-72 en finale le 20 août, sur le parquet de l’Arena Carioca 1. Depuis 1992, les désormais sextuples championnes n’ont pas perdu un match aux Jeux, et elles n’allaient pas perdre celui-là.

« Gagner contre les États unis, c’est impossible », avait claqué l’intérieure ibère Laura Nicholls comme une prophétie, avant la 49e victoire américaine de suite aux Jeux Olympiques. Sur les vingt dernières années, on ne trouve la trace que d’une défaite dans une compétition internationale, en demi-finale du Mondial 2006 contre la Russie, pour 89 succès.

À Rio, les Américaines ont montré leur force dans un premier tour qu’elles ont achevé avec une différence de +204 points, créant le plus gros écart face au Sénégal (121-56, +65), le plus petit devant la Serbie (110-84, +26), et affrontant déjà l’Espagne dans ce groupe B pour une victoire 103-63 (+40). Cela a été la seule défaite de la formation ibérique, qui a terminé cette première phase à la 2e place avec un écart de +54 au terme de ses cinq premiers matches.

Sue Bird et ses partenaires ont poursuivi sur le même rythme en quarts de finale (110-64 face au Japon), avant d’envoyer la France dans la rencontre pour la médaille de bronze sur une victoire 86-67. Les coéquipières d’Alba Torrens ont disposé de la Turquie au bout du suspense (64-62), puis de la Serbie 68-54.

En finale, les Américaines, lentes au démarrage, ont offert un sacré récital après un premier quart-temps peu mémorable. Maladroites, prises à la gorge par les Espagnoles, surpassées par une Alba Torrens en feu (10 points/18 points au total), les joueuses de Geno Auriemma ont lutté pour repasser devant avant la fin du premier quart-temps (21-17).

Avant même la mi-temps, avec cinq minutes à jouer, Diana Taurasi envoyait un tir à trois points qui donnait de l’air (+11) aux championnes. Histoire de se mettre sur les rails d’un quatrième titre olympique personnel, tout comme Tamika Catchings et Sue Bird. Quelques paniers plus tard, les coéquipières de la capitaine Bird rentraient aux vestiaires avec 17 longueurs d’avance (49-32). Les stars de la WNBA ont ensuite déroulé, enchaînant les lay-ups spectaculaires, les passes prodigieuses et autres jolies actions. Bref, elles n’ont jamais arrêté de peser sur l’accélérateur face à une sélection espagnole bien décidée à tout tenter, à l’image de ce tir sur la sirène depuis la ligne médiane de Silvia Dominguez (81-49).

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Mais c’était sans compter sur la fatigue. Les Américaines se livraient alors à une vraie démonstration dans le dernier quart-temps, qu’elles survolaient pour finir avec 29 points d’avance. Les Lindsay Whalen (17 points), Maya Moore (14 points), Diana Taurasi (17 points) se sont montrées particulièrement efficaces.

« Il y a beaucoup d’émotion. Surtout pour Sue, Diana et Tamika » a dit Geno Auriemma l’entraîneur de l’équipe des États-Unis en parlant de Bird, Taurasi et Catchings, qui remportent leurs quatrièmes Jeux. « La façon dont elles ont formé cette équipe en si peu de temps est remarquable. Cela fait seulement un mois que nous sommes ensemble. La façon dont nous avons fait les choses, ça c’est impressionnant. Les gens vont parler de ces Jeux pendant encore longtemps. »

Dans le match pour le bronze, Jelena Milovanovic a marqué 18 points et pris sept rebonds pour guider son pays vers une victoire 70-63 face à la France, donnant à la Serbie sa première médaille olympique dans cette discipline. La France, elle, est repartie les mains vides après avoir pris la médaille d’argent à Londres en 2012 en finale face aux États-Unis.

« C’est tout le bonheur du monde pour nous. Cela veut dire plus que tout. Cela veut dire que c’est notre plus grand rêve », a déclaré Jelena. La Serbie avait déjà battu la France 76-68 en 2015, en finale des championnats d’Europe.

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La Serbie s’est rapidement détachée au score dans cette « petite finale » disputée sur le parquet de l’Arena Carioca 1, mais la France s’est rapprochée, au point d’égaliser à 27-27 à la mi-temps. Ce qui a déclenché l’ire de la coach serbe Marina Maljkovic dans les vestiaires. « Elle était folle après nous », a confié Jelena Miovanonic. « Nous avons réalisé que c’était notre unique chance. Elle nous a dit que nous n’aurions pas dû les laisser revenir. Alors nous nous sommes réveillées dans la seconde mi-temps et elles ne sont pas revenues ». 

La Serbie a infligé un 16-0 à la France dans le troisième quart temps pour compter treize marques d’avance (53-40), Petrovic enchainant les paniers (8 points) au cours de cette série définitive. Les Françaises ont eu beau inscrire davantage dans le dernier quart temps (23-20), le mal était fait, et les Serbes pouvaient fêter la victoire.

L’équipe masculine des USA intraitable jusqu’au bout pour un 3e titre de rang

Le basket reste un empire américain après la victoire du « Team USA », emmené par un formidable Kevin Durant, sur la Serbie (96-66) lors de la dernière épreuve des Jeux de Rio 2016, cette 306e médaille d’or étant attribuée à quelques heures de la cérémonie de clôture. Comme en 2008 et 2012, les Espagnols sont montés sur le podium, mais cette fois avec le bronze.

Avec cette troisième médaille d’or consécutive, la quinzième en dix-neuf éditions du tournoi olympique, l’époque des Jeux d’Athènes, où la domination des États-Unis avait été lézardée, paraît lointaine. La finale est toutefois un peu trompeuse, car la sélection de NBA n’a pas survolé la compétition. Contre la plupart des autres grandes écoles de basket, l’Espagne en demies (+6), la France (+3), l’Australie (+10) et déjà la Serbie (+3) en poules, elle n’a pas creusé d’écarts énormes. Mais jamais elle n’a paru en danger.

Collectivement, le jeu proposé par les Américains n’a pas toujours été abouti, ce qui est normal pour un groupe qui n’avait qu’un mois de vie commune. Mais l’addition des talents individuels leur donnait une marge de sécurité. L’équipe avait tout l’arsenal nécessaire. Des tireurs avec Kevin Durant bien sûr (30 points en finale), mais aussi Klay Thompson (12 points) et Carmelo Anthony (7 points), ce dernier étant désormais le seul basketteur de l’histoire triple médaillé d’or olympique. Des passeurs (Kyrie Irving), des joueurs de rebonds (DeAndre Jordan, DeMarcus Cousins) et des défenseurs (Jimmy Butler). Il le fallait, face à une concurrence de plus en plus relevée.

« Il y a plus d’excellentes équipes qu’en 2008 et 2012. Et leurs joueurs ont l’habitude de la NBA. Ça a rendu la compétition beaucoup plus serrée », a déclaré Mike Krzyzewski, dit « coach K », qui passe la main à l’entraîneur des San Antonio Spurs Gregg Popovich.

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En finale, les Serbes n’ont pas tenu plus de dix minutes. Une fantastique accélération de Durant (18 points dans le seul deuxième quart-temps), un durcissement en défense, et l’omniprésence de Cousins au rebond (15 prises et 13 points) ont mis fin au suspense avant la pause, atteinte sur le score de 52 à 29...

Durant, star d’Oklahoma City qui jouera pour Golden State la saison prochaine, a été un grand leader à Rio. Toujours là dans les moments chauds, il a été le meilleur marqueur du « Team USA » avec 19,3 points de moyenne, sans pour autant tirer la couverture à lui : Anthony a pris presque autant de tirs que lui.

En seconde période, les Américains ont pu dérouler sur le parquet de la Carioca Arena, puis faire entrer presque tout leur banc dans le dernier quart-temps et improviser une petite danse de la victoire à côté de leur entraîneur.

Carmelo Anthony remporte son troisième titre olympique, et il était déjà là en 2004 ! « C’est un moment très spécial pour moi. Je sais que c’est terminé pour moi. Je suis impliqué dans cette aventure depuis les Jeux d’Athènes. J’ai vu le pire et j’ai vu le meilleur. Et je suis encore là, trois médailles d’or plus tard. Dans ce tournoi à Rio, nous nous sommes battus. Ce n’était pas toujours joli. »

Pau Gasol a maintenu l’Espagne sur le podium des Jeux Olympiques en réussissant un match époustouflant face à l’Australie, battue 89 à 88 dans un final à suspense lors du match pour la médaille de bronze. Le pivot de 2,13 m, âgé de 36 ans, a inscrit 31 points en ne ratant presque rien (12 tirs sur 15). Il a aussi pris 11 rebonds pour donner à son pays sa quatrième médaille olympique après l’argent en 1984, 2008 et 2012.

La deuxième mi-temps avait tenu en haleine les spectateurs de la Carioca Arena. Les Espagnols, un moment en tête de douze points en première période, se sont fait rejoindre au retour des vestiaires. Dans les 18 dernières minutes, l’écart, le plus souvent en faveur des Espagnols, n’a jamais dépassé cinq points.

À cinq secondes de la fin de ce thriller, le meneur Sergio Rodriguez n’a pas tremblé pour marquer les deux derniers points sur lancers francs. Les Australiens ont encore eu une balle pour arracher la première médaille de leur histoire, mais ils se sont perdus sur la dernière action et n’ont même pas pu tenter un shoot.

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Côté espagnol, Gasol a été bien épaulé par Nikola Mirotic (14 points, 7 rebonds), Sergio Rodriguez (11 points) et Rudy Fernandez (10 points), même si ces joueurs ont raté beaucoup plus de tirs que lui. L’Australie a aussi été portée par sa star, Patty Mills (30 points), mais le meneur de San Antonio a manqué deux tirs cruciaux dans les 70 dernières secondes.

Avec ce podium, les Espagnols confirment leur statut de grande nation du basket, même avec une génération parfois considérée comme vieillissante. Gasol a 36 ans et n’a pas indiqué s’il continuait en sélection. D’autres joueurs comme Juan Carlos Navarro, Sergio Rodriguez et Rudy Fernandez ont dépassé la trentaine. Comme souvent, l’Espagne avait mal commencé le tournoi : deux défaites contre la Croatie et le Brésil l’avaient envoyée dans le tableau des Américains dès les demi-finales, ce qui lui a coûté l’argent.

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