Le basketball américain étend son empire
Le basket reste un empire américain après la victoire par 30 points d’écart du « Team USA », emmené par un formidable Kevin Durant, sur la Serbie (96-66), dimanche en finale des Jeux de Rio 2016. Comme en 2008 et 2012, les Espagnols montrent sur le podium, mais cette fois avec la médaille de bronze.
Avec cette troisième médaille d'or consécutive, la quinzième en dix-neuf éditions du tournoi olympique, l'époque des Jeux d'Athènes, où la domination des États-Unis avait été lézardée, paraît lointaine. La finale est toutefois un peu trompeuse car la sélection de NBA n'a pas survolé la compétition. Contre la plupart des autres grandes écoles de basket, l'Espagne en demies (+6), la France (+3), l'Australie (+10) et déjà la Serbie (+3) en poules, elle n'a pas creusé d'écarts énormes. Mais jamais elle n'a paru en danger.
Collectivement, le jeu proposé par les Américains n'a pas toujours été abouti. Normal pour un groupe qui n'avait qu'un mois de vie commune. Mais l'addition des talents individuels leur donnait une marge de sécurité. L'équipe avait tout l'arsenal nécessaire. Des shooteurs avec Kevin Durant bien sûr (30 points en finale), mais aussi Klay Thompson (12 pts) et Carmelo Anthony (7 pts), ce dernier étant désormais le seul basketteur de l'histoire triple médaillé d'or olympique. Des passeurs (Kyrie Irving), des rebondeurs (DeAndre Jordan, DeMarcus Cousins) et des défenseurs (Jimmy Butler). Il le fallait face à une concurrence de plus en plus relevée.
« Il y a plus d'excellentes équipes qu'en 2008 et 2012. Et leurs joueurs ont l'habitude de la NBA. Ca a rendu la compétition beaucoup plus serrée », a déclaré Mike Krzyzewski, dit « coach K », qui passe la main à l'entraîneur des San Antonio Spurs Gregg Popovich.
« Coach K » s'en va
En finale, les Serbes n'ont pas tenu plus de dix minutes. Une fantastique accélération de Durant (18 points dans le seul deuxième quart-temps), un durcissement en défense, et l'omniprésence de Cousins au rebond (15 prises et 13 points) ont mis fin au suspense avant la pause, atteinte sur le score de 52 à 29...
Durant, star d'Oklahoma City qui jouera pour Golden State la saison prochaine, a été un grand leader à Rio. Toujours là dans les moments chauds, il a été le meilleur marqueur du « Team USA » avec 19,3 points de moyenne, sans pour autant tirer la couverture à lui : Anthony a pris presque autant de tirs que lui.
En seconde période, les Américains ont pu dérouler sur le parquet de la Carioca Arena, puis faire entrer presque tout leur banc dans le dernier quart-temps et improviser une petite danse de la victoire à côté de leur entraîneur.
« Coach K » quitte son poste à 69 ans avec la satisfaction d'avoir rétabli la suprématie américaine. Il avait pris ses fonctions après l'échec de 2004, à Athènes, le seul des États-Unis aux Jeux Olympiques (médaille de bronze) depuis qu'ils y alignent les joueurs de NBA.
Carmelo Anthony remporte son troisième titre olympique, et il était là en 2004 ! « C’est un moment très spécial pour moi. Je sais que c’est la fin. C’est terminé pour moi. Je suis impliqué dans cette aventure depuis les Jeux d’Athènes. J’ai vu le pire et j’ai vu le meilleur. Et je suis encore là, trois médailles d’or plus tard. Dans ce tournoi à Rio, nous nous sommes battus. Ce n’était pas toujours joli. »
La médaille de bronze pour l’Espagne
Pau Gasol a maintenu l'Espagne sur le podium des Jeux Olympiques en réussissant un match époustouflant face à l'Australie, battue 89 à 88 dans un final à suspense lors de la « petite finale » du basket masculin, dimanche.
Le pivot de 2,13 m, âgé de 36 ans, a inscrit 31 points en ne ratant presque rien (12 tirs sur 15 réussis). Il a aussi pris 11 rebonds pour donner à son pays sa quatrième médaille olympique après l'argent en 1984, 2008 et 2012.
A cinq secondes de la fin de ce thriller, le meneur Sergio Rodriguez n'a pas tremblé pour marquer les deux derniers points sur lancers francs. Les Australiens ont encore eu une balle pour arracher la première médaille de leur histoire, mais ils ont cafouillé la dernière action et n'ont même pas pu tenter un shoot.
La deuxième mi-temps avaient tenu en haleine les spectateurs de la Carioca Arena. Les Espagnols, un moment en tête de douze points en première période, se sont fait rejoindre au retour des vestiaires. Dans les 18 dernières minutes, l'écart, le plus souvent en faveur des Espagnols, n'a jamais dépassé cinq points.
Côté espagnol, Gasol a été bien épaulé par Nikola Mirotic (14 points, 7 rebonds), Sergio Rodriguez (11 points) et Rudy Fernandez (10 points), même si ces joueurs ont raté beaucoup plus de tirs que lui. L'Australie a aussi été portée par sa star, Patty Mills (30 points), mais le meneur de San Antonio a craqué sur la fin en manquant deux tirs cruciaux dans les 70 dernières secondes.
Avec ce podium, les Espagnols confirment leur statut de grande nation du basket, même avec une génération parfois considérée comme vieillissante. Gasol a 36 ans et n'a pas indiqué s'il continuait en sélection. D'autres joueurs comme Juan Carlos Navarro, Sergio Rodriguez et Rudy Fernandez ont dépassé la trentaine. Comme souvent, l'Espagne avait mal commencé le tournoi par deux défaites contre la Croatie et le Brésil qui l'avaient envoyée dans le tableau des Américains dès les demi-finales et lui coûtent finalement l'argent.