Lausanne 2020 : "Le public s'est réuni pour célébrer le sport, la jeunesse et les valeurs olympiques"
Un an après les 3es Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) d'hiver, le site web olympic.org s'entretient avec Virginie Faivre, présidente du comité d'organisation de Lausanne 2020, sur le succès de la manifestation et l'héritage durable qu'elle espère qu'elle créera.
Un an après l'édition de Lausanne 2020, quel regard portez-vous sur les JOJ d'hiver, lesquels se sont révélés être l'un des seuls grands événements sportifs à se tenir en 2020 en raison de la pandémie de coronavirus ?
"Nous avons eu beaucoup de chance avec le timing et de pouvoir accueillir les JOJ à Lausanne avant tout ce qui s'est passé. Tout d'abord, nous sommes vraiment reconnaissants d'avoir pu organiser les Jeux car ils ont été un tel succès et nous avons eu énormément de spectateurs, plus de 640 000, venus voir les Jeux. Aujourd'hui, c'est quelque chose qui semble surréaliste. Les Jeux ont été un succès à bien des égards et, pour nous, le plus important a été de réunir toutes ces personnes pour célébrer le sport, la jeunesse et les valeurs olympiques alors que nous savons ce que le monde traverse actuellement. C'est vraiment un merveilleux rappel en attendant des jours meilleurs."
Quels sont les souvenirs des Jeux que vous chérissez le plus ?
"C'est une question difficile parce que j'ai énormément de souvenirs incroyables de ces Jeux. Mais dans mon esprit, il y a deux moments clés. Le premier est symbolique : c'était pendant la cérémonie d'ouverture lorsque la plus jeune athlète de l'équipe suisse [Gina Zehnder] a embrasé la vasque. Ce moment était suspendu dans le temps ; il marquait le début des Jeux, ce moment dont nous avions tous rêvé, pour lequel nous avions tant travaillé et que nous attendions depuis toutes ces années. Ce moment était vraiment un lancement symbolique des Jeux pour les athlètes et pour la population.
Si je peux citer un autre souvenir, [c'était] certainement le soir du premier jour de la cérémonie de remise des médailles. Sur le site, 3 000 personnes étaient venues célébrer les athlètes et la première médaille des Jeux. J'ai eu la chance de participer à la première cérémonie de remise des médailles, où deux jeunes Suissesses de ma région ont remporté l'or et l'argent. Nous n'aurions pas pu rêver d'un meilleur scénario ou d'un meilleur départ pour nos Jeux. La foule était en délire ; tout le monde voyait des étoiles briller dans les yeux des enfants, des lumières, on entendait partout le son des cloches de vache et cette nuit-là, nous avons entendu trois fois l'hymne national suisse. C'était vraiment émouvant et le simple fait de l'évoquer me donne des frissons."
Saviez-vous dès ce premier soir que les Jeux allaient être un succès ?
"Oui. Je pense que c'est à ce moment-là que nous avons compris que la population voulait participer à ces Jeux. Cela a même dépassé toutes nos attentes. Les Jeux ont rassemblé tout le monde – jeunes, moins jeunes, parents, amis des enfants. Ces derniers sont tous venus non seulement parce qu'ils voulaient voir de grandes stars, mais aussi pour faire la fête avec la jeunesse sportive du monde, et c'était incroyable."
Auriez-vous aimé que les JOJ existent quand vous étiez une jeune athlète ?
"Absolument. C'est un événement tellement formidable. Il apporte plus qu'une simple compétition internationale, ce qui est vraiment important pour acquérir de l'expérience du point de vue purement sportif, et aussi en dehors de l'aire de compétition. Il s'agit de ce que nous pourrions fournir pour donner des outils à ces athlètes, pour qu'ils s'épanouissent plus vite et apprennent. Or à mon âge, à cette époque, je devais tout apprendre par moi-même. Donc oui je pense que c'est une formidable occasion pour eux de pouvoir avoir tous ces ateliers et de parler avec des grands noms du sport et d'apprendre d'eux. C'est ce qui rend les JOJ encore plus déterminants pour l'avenir d'une carrière."
Quelle différence y avait-il pour vous de travailler au sein du comité d'organisation des Jeux plutôt que de participer à une compétition en tant qu'athlète ?
"C'était vraiment différent, mais vous pouvez aussi apporter l'expérience de ce que vous avez appris en tant qu'athlète, parce qu'il y a la pression d'être prêt, de livrer un événement. Et c'est la même chose que pour un athlète ; vous avez ces étapes importantes et vous devez être prêt pour le jour J. La grande différence pour moi, c'est que je viens d'un sport individuel, et c'était vraiment incroyable de voir l'effort d'équipe et le solide engagement du comité d'organisation. Nous étions une petite équipe, mais cette petite équipe est allée au-delà des attentes pour offrir des Jeux extraordinaires."
Quel impact pensez-vous que l'accueil des JOJ a déjà eu sur Lausanne et sur la Suisse dans son ensemble ?
"Pour nous, nous étions fiers parce que nous avons pu réaliser ce que nous voulions faire dès le début depuis le jour où l'accueil des Jeux n'était encore qu'une idée. Nous désirions montrer au monde un aspect de la Suisse que le public ne connaissait pas, que nous sommes un pays qui a confiance et investit dans sa jeunesse, un pays d'éducation et d'innovation, et un pays qui aime le sport. Élaborer tous ces projets avec les écoles de la région était vraiment l'un des principaux objectifs – développer tous ces talents et pouvoir apporter une expertise aux jeunes afin qu'ils puissent aussi bénéficier des Jeux et utiliser cette plateforme pour donner toute la mesure de leur talent.
Comment pensez-vous que Lausanne 2020 va influencer les prochaines éditions des JOJ ?
"À Lausanne, les Jeux se sont adaptés à la région, et non l'inverse. Et je pense que ce concept est au cœur de la "nouvelle norme" du CIO. Nous avons donné un exemple de ce que cela signifiait dans les faits, et c'est ce que nous avons apporté au Mouvement olympique. Maintenant, il y a les Jeux de Paris et de Milano Cortina – ils se servent de notre édition comme d'un modèle pour mobiliser les jeunes et les faire participer à l'organisation des Jeux. Et ils s'en inspirent également pour l'utilisation de solutions existantes comme les transports publics. Avec l'aide du CIO, qui avait confiance dans nos idées, c'était vraiment merveilleux de pouvoir apporter quelque chose de différent."
Comment pensez-vous que le public va se souvenir des JOJ de Lausanne 2020 dans les années à venir ?
"J'espère simplement que le fait de repenser aux JOJ lui donnera le sourire. Un an plus tard, des personnes viennent encore me voir, ou m'envoient des messages, pour me dire qu'elles ont passé un merveilleux moment et qu'elles ont apprécié ces précieux instants. Et toutes ces petites choses ont germé dans l'esprit des enfants, lesquels sont venus par milliers pour suivre les Jeux et sont repartis avec des étoiles plein les yeux. J'espère vraiment que cela leur offrira de nombreuses opportunités à l'avenir. C'est l'héritage que ces Jeux vont laisser, je l'espère en tout cas."