JOJ de Dakar 2026 | Au Yakaar Boxing Club, Coach Azou aide la jeunesse sénégalaise grâce à la boxe
À Dakar, Alfred Assane N'Diaye alias Coach Azou utilise la boxe pour aider la jeunesse sénégalaise laissée pour compte. Au programme : sport, discipline et accompagnement éducatif, sans jamais baisser sa garde.
Il n'a pas fallu attendre très longtemps pour voir ses élèves revenir vers la salle de sport.
En annonçant un nouvel entraînement en cette journée de novembre ensoleillé, Alfred Assane N'Diaye alias Coach Azou, a fait la joie de ses membres, plus motivé que jamais à progresser. Ensemble.
Situé au Clos Normand à Dakar au Sénégal, le Yakaar Boxing Club accueille tout le monde.
« De six ans jusqu'à... peu importe, tant qu'on a l'envie et la capacité de faire le sport ! Ici, c'est pour tout le monde, de la personne en situation de handicap à la personne lambda », affirme Coach Azou lors d'un entretien réalisé devant l'objectif d'Olympics.com, en 2023.
Ici, Coach Azou a créé un « endroit sécurisé » à destination de la jeunesse sénégalaise, un lieu où les jeunes de Dakar peuvent, par la pratique des sports de combat, apprendre la discipline, le dépassement de soi, les valeurs du collectif… la vie tout simplement.
« Quand on met les pieds dans cette salle, on est en sécurité. Tout le monde est mis à l'aise et accueilli comme une famille. J'accorde une attention particulière à tout un chacun et c'est ça qui fait la différence. »
Éducateur spécialisé et entraîneur de boxe anglaise, Coach Azou est également fondateur de Keur Espoir, une association réalisant de l'insertion sociale par la boxe et de l'accompagnement scolaire.
Ces sujets lui tiennent à cœur. Sa volonté d'aider la jeunesse de son pays était plus forte que tout et l'a incité à quitter la France pour s'installer dans son pays d'origine.
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Coach Azou : « La boxe, c'est comme la vie »
Assis au milieu du ring, le regard tranchant et le torse encore suant, témoin de sa séance de boxe anglaise, Coach Azou regarde avec fierté son club de boxe.
Quand on lui demande de nous décrire les débuts du Yakaar Boxing Club, il sourit avant d'évoquer une installation plus compliquée que prévu.
« Ici, à la base, c'était un espace vide, c'était un terrain de pétanque », se rappelle-t-il.
« On a commencé les travaux, ça a pris six mois environ, le temps de mettre en place le bâtiment, de l'équiper. C'était pressé, car on avait déjà débuté les activités. Il n'y avait pas de toit, pas de matériel, mais on s'entraînait quand même, en plein air. La passion qu'on a pour ce sport, pour cette discipline, a fait que sans matériel, sans espace confortable, on pouvait travailler et faire quelque chose. »
Sur le mur, une immense fresque murale composée de boxeurs et boxeuses en action toise les élèves de Coach Azou. Cet après-midi, elle semble les inspirer à ne rien lâcher, le rythme de leurs poings fracassant intensément les sacs de frappe de la salle.
Coach Azou apprécie cette ambiance de travail où personne ne rechigne à l'effort. Pour lui, la boxe est plus qu'un sport, c'est un vecteur d'éducation pour la jeunesse sénégalaise.
« La boxe, c'est comme la vie. Si je prends l'exemple de cette salle, au départ, c'était compliqué. Je prenais des coups, c'était compliqué. À gauche, à droite. »
« J'ai vu ce que la boxe a pu apporter dans ma vie et je suis parti de ça pour me dire que la boxe pouvait être un outil pour capter les jeunes et leur proposer un accompagnement éducatif derrière. »
L'importance d'aller au plus près de la population
Sous l'œil attentif de Coach Azou, un combat s'organise.
Deux jeunes adolescents inexpérimentés, un garçon et une fille, se font face, quelques jours après le gala interne du club, le Gala Yakaar Fight. La technique est encore brouillonne mais l'enthousiasme des deux combattants est communicatif.
Un enthousiasme que n'a pas perdu Coach Azou depuis son arrivée au Sénégal. Après avoir grandi et fait ses études en tant qu'éducateur spécialisé en France, Alfred Assane N'Diaye réfléchit à un projet avec lequel il pourrait aider son pays d'origine, le Sénégal.
« J'ai toujours eu cette envie de venir faire quelque chose ici avec la jeunesse. Pourquoi ? Parce qu'à chaque fois que je venais en vacances ici, j'ai trouvé des copains avec qui je jouais et cette attache s'est renforcée au fil du temps. Je me suis alors dit : 'Pourquoi ne pas monter une association et proposer quelque chose aux jeunes ?' »
Coach Azou va au plus près de la population, expliquer son projet et se faire connaitre. Une étape très importante pour justifier son engagement et sa volonté d'aider.
« J'ai beaucoup tourné dans des quartiers, ici à Dakar, dans les quartiers prioritaires, dans les quartiers sensibles*.* Je n'ai pas hésité à aller dans les familles, à discuter avec eux et à me présenter pour instaurer une relation de confiance. »
Petit à petit, il est introduit par les Grands du quartier et arrive à cibler les jeunes dans le besoin, parfois mis à l'écart par la société.
« On propose des programmes d'accompagnement scolaire pour les jeunes qui sont encore dans le cursus scolaire et des cours d'alphabétisation pour les jeunes qui sont analphabètes ou marginalisés. »
JOJ de Dakar 2026 : Le Sénégal, un futur vivier à boxeurs ?
En accueillant les Jeux Olympiques de la Jeunesse de Dakar 2026, le Sénégal s'apprête à écrire l'histoire en devenant le premier pays africain à devenir hôte d'un événement olympique.
« Une chance » pour Coach Azou, qui rêve de voir un boxeur sénégalais au plus haut niveau international.
« Pour la boxe sénégalaise, il y a pour moi, il y a des pépites ici. Si ces jeunes avaient été pris dès le départ avec un bon encadrement, je pense que l'on en parlerait à l'échelle mondiale », affirme-t-il, déterminé.
Dans un pays où la lutte reste le sport de combat numéro 1 et de loin, la boxe a encore beaucoup de chemin à parcourir pour être populaire auprès des Sénégalais. Mais nous en sommes qu'au début de l'histoire, pour la boxe sénégalaise, pour le Yakaar Boxing Club et pour Coach Azou.
« Si on a ne serait-ce que la chance de faire le tournoi qualificatif, pour moi, c'est déjà tout gagné parce qu'on débute tout juste. Donc si on arrive à ça, pour moi, c'est déjà une victoire. Donc place aux Jeux Olympiques de la Jeunesse en tout cas, et j'espère que le Sénégal en sortira grand. »