JO de Paris 2024 | Record de décibels, ambiance exceptionnelle... : on a assisté aux finales du basketball 3x3 au Parc Urbain

Par Loïc Padovani
8 min|
Le Parc Urbain
Photo de Loïc Padovani / Paris 2024

Le Parc Urbain était déchaîné ce lundi soir. Sur la place de la Concorde, théâtre des finales du basketball 3x3, l'ambiance était à son apogée pour l'épilogue de cette semaine riche en émotions lors de ces Jeux Olympiques de Paris 2024. Reportage.

Il est 20h55 au Parc Urbain. Sous le soleil couchant parisien, les trois coups sont donnés pour la dernière fois dans l'arena du basketball 3x3 par Ana-Maria Filip, un des plus gros palmarès de la discipline en France. Dans quelques minutes, le premier match pour la médaille de bronze va se disputer.

Les Canadiennes, éliminées d'un petit point par l'Allemagne en demi-finale, avaient à cœur de décrocher une médaille face aux Américaines, championnes olympiques aux Jeux de Tokyo 2020 et battues par l'Espagne un peu plus tôt dans l'après-midi.

Dans les gradins, déjà bien remplis, les drapeaux sont brandis au moment des présentations dans ce duel 100% Amérique du Nord. Si, à l'applaudimètre, la tendance semble aller au Canada, le match est beaucoup plus serré sur le terrain. En tête pendant une bonne partie de la rencontre, les Canadiennes s'écroulent dans la dernière minute de jeu, laissant les Etats-Unis décrocher la médaille de bronze au bout du temps imparti (16-13).

Stressé tout au long de la partie, le staff américain exulte et les techniciens se prennent tous dans les bras, preuve du soulagement qui régnait sur place.

Photo de Loïc Padovani / Paris 2024

Lettonie-Lituanie, voisins mais pas copains

Sous les yeux attentifs de Tony Estanguet et de Thomas Bach notamment, la petite finale masculine promet d'être épique. Comme à l'accoutumée, avant chaque match, un spectacle de danse est proposé au public pour patienter avant l'entrée des artistes. Symbole des sports urbains, la soirée entière se joue en musique - avec un DJ présent aux platines - quand d'autres sports demandent le plus grand calme pour faciliter la concentration des athlètes.

Là encore, les spectateurs donnent de la voix pour encourager leur équipe. Entre « Lietuva » et « Latvija », la bataille se joue à la fois sur le terrain comme dans les tribunes. S'il n'y a qu'un pas géographiquement entre les deux pays, aucun des deux n'est prêt à se faire de cadeaux.

Dans une ambiance électrique mais néanmoins respectueuse, les deux nations baltes se livrent coup pour coup. Et même les supporters des autres équipes, qui attendant notamment les finales dames et hommes plus tard dans la soirée, se prêtent au jeu. Entre chaque temps mort, des clappings et des piétinements font résonner l'arena. C'est peu dire, si les sièges sont tous pris, juste derrière l'aire de jeu, hors des tribunes, ils sont des centaines à se regrouper dans une sorte de fosse - comme lors d'un concert - pour assister au spectacle.

Photo de Julian Finney / Getty Images

Au bout du suspense, ce sont finalement les Lituaniens qui l'emportent 21-18, après un dernier lancer franc réussi à 2 secondes de la fin du temps imparti. Dans les gradins et sur le terrain, les émotions contrastent entre l'effusion de joie du staff lituanien et des joueurs drapeau en main, et la terrible déception des Lettons. Les tenants du titre tombent une nouvelle fois de haut après leur défaite face à la France en demi-finale, et rentreront donc de Paris sans médaille.

Venue supporter son frère Karlis Lasmanis, la spécialiste du triple saut, en athlétisme, Rūta Lasmane, aura besoin de temps pour digérer la défaite de son aîné. Mais pas le temps de s'apitoyer sur son sort, car les finales olympiques approchent à grands pas.

Un record du Stade Pierre Mauroy battu au Parc Urbain

Entre les quatre matchs prévus pour la session, le show ne s'arrête jamais. « Il faut me retourner la place de la Concorde ce soir », lance le speaker pour motiver les troupes.

Alors que, pendant ce temps, le Suédois Armand Duplantis [qui n'est pas Français même si le speaker laissait l'entendre] battait le record du monde du saut à la perche, le Parc Urbain voulait faire de la concurrence au Stade de France. Ainsi, le public est appelé à faire le maximum de bruit avant l'entrée des Espagnoles et des Allemandes, pour la première médaille d'or décernée de la soirée.

Si le premier essai n'atteint "que" 94 décibels, le deuxième essai est déjà plus concluant, avec 104 décibels affichés sur l'écran géant. Le record, détenu par le Stade Pierre Mauroy avec 129 décibels, ne tiendra pas longtemps, puisque le troisième essai annonce 130 décibels. Nouveau record.

Photo de Julian Finney / Getty Images

Il est 22h01 et le premier « Allez les Bleus » retentit dans l'arena. Pourtant, ce sont bien les Espagnoles et les Allemandes qui sont sur le point de rejoindre le terrain. En tribune, chacun son supporter de choix : Dirk Nowitzki côté allemand, Pau Gasol côté espagnol. À la hauteur de ces deux légendes du basketball à 5 contre 5, la rencontre est haletante, à égalité 15-15 à moins d'une minute de la fin. Au bout du bout, ce sont finalement les Allemandes d'Elisa Mevius, 20 ans et plus jeune joueuse de la compétition, qui décrocheront le titre olympique (17-16).

Dirk Nowitzki, aux premières loges pour assister au sacre, viendra congratuler ses protégées en les prenant dans ses bras, pendant que Pau Gasol tentera de consoler comme il le peut ses compatriotes.

Devant la Tour Eiffel qui scintille de mille feux, l'arena est en ébullition alors que le dernier match de la session approche. Et un potentiel sacre de l'équipe de France, opposé aux Pays-Bas.

Photo de Matthew Stockman / Getty Images

Un scénario cruel pour une finale qui restera à jamais dans l'histoire

Le basketball 3x3 attire, à l'image de Céline Dumerc ou encore, plus étonnant, de Sergueï Bubka, qui venait sans doute de quitter le Stade de France pour rejoindre le Parc Urbain. Pour celles et ceux qui n'ont pas pu se trouver une place dans l'arena, un écran géant diffuse la demi-finale de football entre la France et l'Egypte. Celle-ci connaîtra un faible succès, les visiteurs étant plutôt là pour vivre le moment présent face à eux.

À quelques minutes du dénouement de cette semaine incroyable en terme d'atmosphère, le public se lâche une dernière fois sous les coups du légendaire Allumer le feu de Johnny Hallyday.

L'ambiance est assourdissante quand le speaker annonce les compositions d'équipes, commençant par les Français. Quelques sifflets retentissent, au contraire, pour accueillir les Néerlandais.

10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 0 ! Le compte à rebours tombe à zéro, le coup d'envoi est donné dans une arena complètement transcendée par l'événement. Sous les yeux des porte-bonheurs Obélix et de Falbala, personnages de l'univers d'Astérix, les Bleus donnent tout. « Défense, défense » crient les supporters à chaque fois que les Néerlandais sont en possession de la balle.

Photo de Loïc Padovani / Paris 2024

Devancés pendant une bonne partie de la rencontre, les Bleus prennent l'avantage à 12-11. Tout le monde est debout et donne encore plus de voix qu'il n'en a déjà donné auparavant. Les coeurs battent la chamade et le public croit de plus en plus à l'exploit. Mais ce match avait décidé de rentrer dans la légende. Timothé Vergiat manque son shoot au buzzer. 16-16, prolongations... le scénario ne pouvait pas être plus dramatique.

La balle est aux Français, et Timothé Vergiat rentre cette fois son panier à 1 point. Pour l'emporter, il faut aller à 18 et les Pays-Bas n'ont plus le droit de se manquer. À longue distance, la principale menace de l'équipe, Worthy De Jong, envoie un shoot sorti de nulle part à 2 points. Retenant son souffle, les spectateurs s'arrêtent alors tous de chanter. 20 secondes d'un silence des plus terribles, hormis pour les dizaines de supporters néerlandais aux anges, victorieux 18-17 au bout d'une rencontre qui restera dans les annales.

Sur le terrain, Timothé Vergiat se prend la tête dans les mains, dévasté par la tristesse, tandis que Franck Seguela reste assis sur l'aire de jeu drapeau tricolore sur les épaules.

Photo de Julian Finney / Getty Images

Une déception qui laissera vite place à la reconnaissance, après une médaille d'argent acquise et un parcours défiant tous les pronostics.

Une cérémonie des victoires pour clôturer la soirée en beauté

À peine le temps de digérer que l'aire de jeu se transforme en podium pour les cérémonies des victoires. La musique des Jeux retentit pour l'occasion pour accueillir les athlètes, qui reçoivent chacun leur tour leur médaille et leur petite boîte contenant l'affiche officielle.

Tout à tout, les hymnes allemand et néerlandais retentissent au Parc Urbain. Côté Français, le public, resté en grande majorité pour applaudir ses héros, applaudit les médaillés, qui ont retrouvé le sourire après l'immense déception d'il y a quelques minutes tout juste.

Photo de Matthew Stockman / Getty Images

Les Néerlandais, qui avaient répété une petite chorégraphie en montant sur la plus haute marche du podium, viendront ensuite célébrer avec leur public sous les airs de la musique Links Rechts, devenue virale pendant l'Euro de football de cette année, incitant les participants à sauter à gauche ("Links"), puis à droite ("Rechts").

Après les photos de groupe, les athlètes finissent leur tour d'honneur avant de rentrer aux vestiaires. Le final d'une semaine et surtout d'une soirée riche en émotions et complètement folle niveau spectacle et ambiance au Parc Urbain.

La réaction des Français après la finale du basketball 3x3