Mascotte des JO de Paris 2024 : Dans les secrets de la fabrication des Phryges

Par Nicolas Kohlhuber
5 min|
Phryge factory
Photo de Olympics.com

À 50 jours des Jeux Olympiques de Paris 2024, les Phryges se mettent sur leur 31.

Des éditions limitées des célèbres mascottes des JO sont mises en vente pour ce début du mois de juin. Au total, 2024 mascottes olympiques et 2024 mascottes paralympiques au style métallisé et autant au style étoilé sont mises en vente pour célébrer un des derniers caps symboliques avant la cérémonie d'ouverture.

Elles ont été fabriquées à La Guerche-de-Bretagne, dans l'usine historique de Doudou et Compagnie qui produit les Phryges en France.

À l’image de la capitale qui se prépare à l’organisation des Jeux, cette entreprise bretonne vit au rythme olympique. Plus d’un millier de mascottes y est confectionné chaque jour.

Et cela se voit !

Comme un symbole du club de football local, le rouge et le noir sont dominants dans l'établissement situé à une trentaine de kilomètres au sud-est de Rennes. Le noir sur la façade extérieure et le rouge partout ailleurs dans les ateliers. Des rouleaux de fil sur les machines à coudre aux morceaux de tissus prêts à être découpés sans oublier le contenu des cartons en attente de conditionnement, la couleur des mascottes des JO de Paris 2024 est présente à chaque poste de travail !

« On est dans la dernière ligne droite de la fabrication de ces mascottes qu'on produit depuis le début d'année 2023. Il y en a partout ! », s’amuse Déborah Vital, Directrice Générale Opérationnelle de Doudou et Compagnie à 99 jours de la cérémonie d’ouverture.

Quand les premières épreuves olympiques débuteront, la conception des Phryges sera déjà finie depuis plusieurs semaines en Bretagne. Entre 400 000 et 500 000 pièces y auront alors vu le jour avant de réjouir les athlètes et les spectateurs.

Découvrez toutes les étapes de la conception des mascottes, les autres stars des Jeux Olympiques de Paris 2024.

Fabriquer la mascotte des JO, une vraie épreuve olympique

« C’est le projet d’une vie, c’est un rêve qui s’est réalisé ! C'est une grosse fierté pour le groupe et c'est un enjeu inédit que de produire une mascotte en France » avoue Alain Joly, président-fondateur de Doudou et Compagnie.

Il parle de la fabrication des mascottes olympique comme certains athlètes peuvent évoquer leurs objectifs sportifs et c'est tout sauf un hasard. Cette mission est un véritable défi pour son entreprise.

Pas moins de 35 personnes travaillent pour donner vie aux Phryges. Neuf étapes et jusqu'à une heure de travail sont nécessaires pour passer de la découpe d'une quarantaine de pièces de tissus à la naissance de ce « petit bébé ».

« On a une chaîne de fabrication pour créer un beau produit. C’est plus qu’une peluche qui a toujours un capitale sympathie, c’est une mascotte. Pour les sportifs, pour les spectateurs et tous les partenaires, c’est quelque chose d’unique », rappelle Déborah Vital.

Une telle mission se traduit par une minutie de tous les instants avec un travail à la main précis sur chaque atelier. C'est d'autant plus nécessaire que la matière choisie pour sa « douceur au touché » demande du temps pour être travaillée.

Au départ des mascottes qui font rêver les enfants et les plus grands, il y a 48 emporte-pièces pour découper autant de pièces de tissus. Les couturières et leur machine à coudre assemblent ces différents morceaux en les piquant alors que le logo que des Jeux Olympiques de Paris 2024 est brodé.

Les Phryges sont cousus à l’envers et prennent forme jusqu’à l’étape du retournage. Le travail manuel se poursuit avec le rembourrage puis la fermeture et enfin les finitions avec un brossage avant le contrôle qualité et le conditionnement.

Comme dans une préparation olympique, chaque détail compte.

« Je regarde s’il n’y a pas de trous, si les coutures sont bien faites, s’il n’y a pas de fils qui dépassent. Je la souffle et la brosse pour cacher les coutures et la rendre toute belle. C’est un peu nos Jeux Olympiques, ça nous fait plaisir », détaille Jessica.

Comme pour ses collèges, la fierté de confectionner les mascottes de Paris 2024 est énorme.

Produire les Phryges à Guerche-de-Bretagne, une initiative qui dépasse les JO de Paris 2024

Doudou et Compagnie a débuté son aventure olympique il y a presque trois ans en répondant à l'appel d'offres pour produire localement la mascotte des Jeux Olympiques de Paris 2024. Alors que le grand public n'avait pas encore découvert les Phryges, des réunions secrètes se tenaient pour trouver comment les fabriquer.

Cette frénésie exceptionnelle accompagnée de son lot de stress et d'échanges avec la direction artistique de Paris 2024 a marqué Déborah Vital. Mais pas autant que certaines autres rencontres.

« Il a l’émotion d’ouvrir nos portes aux écoles quand on le peut. Rien que d’en parler, j’en ai les poils qui s’hérissent. C’est juste génial parce que c’est une façon de montrer aux enfants qu’à travers la mascotte, il y a un savoir-faire, il y a une fabrication. Quand on voit les enfants ou les adolescents qui sont tous émerveillés... Il y a ce côté éducatif et j’espère d’insertion des jeunes dans l’industrie. »

Aux Jeux Olympiques, l'héritage est aussi important que les victoires et cela se vérifie aussi dans la production des Phryges.

À Guerche-en-Bretagne, le spécialiste des peluches a agrandi son usine et formé du personnel pour répondre aux besoins des Phryges et au-delà. L’aventure continuera bien après cet été car Paris 2024 est surtout un moyen d’accélérer la réindustrialisation de la France en réintroduisant le savoir-faire de la peluche.

Le challenge de mettre sur le marché un produit de qualité avec toutes les normes et en quantité aussi importante en appelle d’autres avec des projets déjà prévus pour l’après-Jeux Olympiques. Certains vont notamment profiter des innovations mises en place pour la mascotte des Jeux. La réutilisation d’un système de mémoire de forme breveté pour les Phryges made in France est notamment dans les cartons.

Mais pas ceux présents dans les ateliers de Doudou et Compagnie, ils sont toujours remplis de centaines de Phryges pour l'instant.