JO de Paris 2024 | Émotions, larmes, passion... Récit d'une finale de tir à l'arc historique aux Invalides
« Oh, c’est 10 ça ! »
Alain râle. D'un ton taquin, ce supporteur des Bleus s'exclame dans les tribunes du site olympique des Invalides, théâtre de la finale de l'épreuve de tir à l'arc masculine par équipes entre la France et la République de Corée.
Pas très loin, Léa Girault sourit. Membre de l'équipe de France U21 d'arc à poulies, la jeune femme apprécie la passion de cette foule partagée entre spécialistes et nouveaux fans qui découvrent la discipline grâce aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
Quelques instants plus, la foule explose. Alors que la température dépasse les 31 degrés, la France égalise à un partout face à la meilleure nation du monde.
L'espoir est permis, les drapeaux tricolores s'agitent frénétiquement. Un peu plus haut, la tour Eiffel semble observer ce spectacle d'un oeil amusé tandis que le panneau des scores se change en « Faites du bruit ». Un ordre pas vraiment nécessaire vu l'ambiance qui règne en tribune.
La République de Corée met ensuite tout le monde d'accord en enchainant cinq dix de suite. Cinq flèches précises, puissantes, qui viennent inéluctablement faire mouche dans la cible, orientée en direction de la Seine. Et par cinq fois, les nombreux fans coréens ont exhultés entre sauts simultanés depuis leur siège et chants passionnés pour leur équipe.
On retrouve Léa qui nous confie connaître un membre de l'équipe de France un peu mieux que les personnes qui l'entourent.
« Avec Baptiste [Addis], on est ensemble depuis à peu près deux ans maintenant. C'était incroyable, ils ont montré qu'ils étaient prêts et c'est une fierté de les voir ici à Paris. L'ambiance était folle. On avait envie qu'ils fassent 10 à chaque flèche, mais ils ont fait le mieux qu'ils pouvaient. »
Alors qu'elle avait commencé la finale très vocale, n'hésitant pas à crier son support à son protégé, la jeune femme a ensuite été rattrapé par « le stress. En archère je contrôle ce que je fais, mais en spectateur, c'est très stressant, on est juste là à voir si la flèche va être dedans ou pas. »
Entre les deux archers, pas de discussion sur le tir à l'arc, Léa se considère surtout comme un « soutien émotionnel. »
De l'émotion, le père de Baptiste [Addis], Jean-Christophe, n'en manquait pas à la suite de la médaille d'argent de son fils.
« Il y a beaucoup d'émotion suite à ce parcours, c'est très stressant de vivre une finale, mais il y a de la joie ! Le voir décrocher une médaille d'argent avec son équipe, c'est magnifique pour eux, je suis aux anges. À 17 ans, en France... c'est juste magique. »
« On se sent porté, on sent que toute la France est avec eux, c'est de la ferveur, c'est de la joie, c'est magnifique. Je suis fier de lui, je suis fier de lui » affirme-t-il avant d'être repris par l'émotion, ce qui n'a pas surpris... son fils, Baptiste Addis, plein sourire quelques instants plus tard au micro d'Olympics.com.
« Mes parents sont à fond, je les ai vu pleurer à la fin. J'ai envie de leur dire merci, ils m'ont soutenu dès le début dans cette aventure. C'est pas facile quand on a 13 ans de dire, je pars au bout du monde pour faire du tir à l'arc et pourtant ils m'ont fait confiance de bout en bout. »
Les Bleus - Thomas Chirault, Jean-Charles Valladont et Baptiste Addis - ont rayonné, ce lundi 29 juillet, en décrochant la première médaille de l'équipe de France masculine de tir à l'arc.
Une médaille qui représentait beaucoup pour Jean-Charles Valladont : « C’est magique et puis elle porte les valeurs de l’olympisme et du sport. C’est la première médaille par équipes hommes, donc c’est incroyable. J’ai eu de la réussite en individuel, mais le fait de réussir et de la partager à trois, c’est génial. »
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Alors que de nombreux fans coréens célébraient encore le titre olympique de leur équipe, une heure après la finale, ces célébrations se passaient sous l'œil admiratif des supporters bleus.
Une ambiance chaleureuse entre les deux camps opposés durant cette finale, mais pas ennemis. Pour preuve, les échanges de drapeaux entre supporters à la suite de la finale !
Pour Thomas Chirault, cette médaille d'argent est « l’aboutissement de ma carrière ! »
« Une belle médaille comme celle-ci, ça va nous ouvrir de nouvelles portes et ça montre tout le travail qui a été fait. Jean-Charles [Valladont] a commencé le tir à l’arc il y a plus de vingt ans, moi il y a plus de dix ans. Arriver à obtenir ce pourquoi on s’entraine chaque jour, ce pourquoi on se lève chaque matin - 600 flèches par jour au maximum - ça a été un moment inoubliable. »
Une finale qui ne laissera aucun regret à Baptiste Addis.
« C’était une grosse finale, je pense qu’on est resté dans ce qu’on s’était dit dès le début : 'rentrer dans l’arène et prendre un maximum de plaisir'. C’est ce qu’on a fait de bout en bout. La finale, on n’a rien à regretter, notre tir, on a tout donné, content de la performance, on a pris du plaisir. On a coché toutes les cases. »
Les prochaines à cocher, ça se fera en individuel. Mais nul doute que leur esprit d'équipe, célébré en ce lundi 29 juillet, pourrait les mener très loin durant ces Jeux Olympiques de Paris 2024.