Jeux Paralympiques de Paris 2024 | Ils vont nous faire vibrer : Lucas Mazur
À l'occasion des Jeux Paralympiques de Paris 2024, nombreux sont ceux qui vont nous procurer des émotions indescriptibles. Tenant du titre en Para badminton, dans sa catégorie simple SL4, la classe des debouts affectés du handicap d’un seul membre inférieur, Lucas Mazur sera l'une des têtes d'affiche de la délégation française. À Paris, il espère doubler la mise. Et vise même le doublé, avec Faustine Noël, en double mixte. Portrait.
Sa vie aurait pu tourner court. Depuis, il la croque à pleines dents au rythme des différentes disciplines qui ont forgé le personnage et cultivé sa passion du sport. Lucas Mazur n'a que trois ans, lorsqu'il est victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC). Une intervention en urgence et de longues semaines d’hospitalisation non sans conséquences pour l’organisme du natif de Saint-Jean-de-Braye dans le Loiret.
Football, rugby puis badminton
Son corps va en garder des séquelles et la cheville droite ne peut pas se développer comme il faudrait. Le handicap est là. Mais il ne sera pas rédhibitoire pour le fils d’un ancien membre de l’équipe de France de tennis de table et une ancienne championne de basket haut niveau, en deuxième division à Orléans. Le sport est une religion dans la famille et le petit Lucas est inspiré également par deux grands frères rugbymen.
C'est d'abord le football qui a ses faveurs dès l’âge de six ans, sur les traces du Toulouse Football Club en Haute-Garonne. Mais au pays de l’ovalie, le ballon rond ne résiste pas au rugby, et l’adolescent va même fonder un club de supporters de l’US Colomiers dans la banlieue de la préfecture de l’Occitanie. C’est au collège, à son entrée en cinquième, l’âge de raison présumé, qu’il découvre le badminton en jouant avec des camarades qui n’étaient pas en situation de handicap.
Une ascension fulgurante
À partir de là, tout va très vite. Il n’a pas encore dix-sept ans, en 2014, lorsqu’il conquiert sa première couronne continentale de Para badminton, à Murcie en Espagne. En plus, une médaille de bronze en double mixte complète sa collection initiale. Deux ans plus tard, il ramène trois médailles d’or des championnats d’Europe à Beek, aux Pays-Bas. Puis encore trois autres à l’édition suivante (2018), plus près de chez lui, du côté de Rodez dans l’Aveyron.
Si l'épidémie de Covid empêche la tenue d'événements majeurs, Lucas reprend ses bonnes habitudes aux Jeux Européens de Rotterdam, en 2023. Entre-temps, le « joueur handisport de l’année » 2016 prend une autre dimension et collectionne les plus beaux des métaux sur toutes les scènes internationales. Champion du monde à trois reprises, en 2017, 2019 et 2022, à titre individuel, il obtient la consécration en 2021 avec le titre olympique de Tokyo.
Une inédite conquête bonifiée d’une médaille d’argent avec sa fidèle comparse du double mixte depuis près d’une décennie maintenant. Un métal qu’il se verrait bien changer en or cet été aux Jeux paralympiques de Paris 2024. Sous réserve aussi de prendre sa revanche, en simple SL4, sur son nouveau rival indien Suhas Lalinakere Yathiraj, qui l’a fait tomber de son piédestal mondial en février à Pattaya en Thaïlande.
Une hégémonie à confirmer
Une source de motivation, si besoin, pour décupler les forces de notre cador de la discipline, qui n’aime pas qu’on lui cherche des bêtes, aussi petites soient-elles (sa hantise). Et pour passer le temps, en dépit de ses dix séances quotidiennes d’entraînement spécifique, entre Chambly (Oise) et Bordeaux (Gironde), Lucas Mazur s’adonne à sa dernière passion… sur les green de golf. Une autre forme de préparation et un moyen de se vider la tête pour l’intéressé, qui ne néglige rien du moindre détail. Vraiment insatiable et hyperactif l’athlète !