Jeux Paralympiques de Paris 2024 | Para badminton - La folle journée de Lucas Mazur, double médaillé en quelques heures dont l'or en simple SL4 : « Le plus beau jour de ma vie »

Par Loïc Padovani (depuis l'Arena Porte de la Chapelle)
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Photo de Steph Chambers/Getty Images

Une journée qui restera à jamais gravé dans sa mémoire. Ce lundi 2 septembre 2024, Lucas Mazur a marqué l'histoire du Para badminton, en devenant double champion paralympique de simple SL4, devant une Arena Porte de la Chapelle en complète effervescence.

C'est dire, le Français était tout simplement imperturbable avant d'affronter en finale l'Indien Suhas Lalinakere Yathiraj, tête de série n°1 et champion du monde en titre. À Pattaya (Thaïlande), quelques mois plus tôt, le badiste de 26 ans s'était incliné en demi-finale contre ce même joueur indien. Une revanche qu'il avait donc à cœur de prendre aux Jeux Paralympiques de Paris 2024.

« Après ce titre perdu en Thaïlande il y a quelques mois, j'ai décidé de changer de site d'entraînement et de coach. Ce furent 4-5 mois très longs, un peu isolé dans le Loir-et-Cher. Mais quand je vois toutes ces heures de sacrifice pour un si beau résultat, je serai prêt à recommencer 10 fois. Je pousse souvent pour ce en quoi je crois. Parfois, je me trompe et je vais dans le mur et parfois ça paye. Et aujourd'hui, je crois que ça a bien payé », a-t-il réagi, tout sourire, en après-match.

Avant même d'entrer en scène, Lucas Mazur pouvait compter sur un public bien présent, déployant un tifo représentant l'emblème de l'équipe de France paralympique et entonnant une Marseillaise au moment de son échauffement.

Photo de Steph Chambers/Getty Images

Le début de match donnera le ton de toute la rencontre. Sept points consécutifs lors des sept premiers échanges, et voilà déjà Lucas Mazur sur un nuage. Le Français assomme l'Indien à coups de smashs dévastateurs. Trop rapide, trop précis... trop fort.

« Je suis bien content d'avoir remis les pendules à l'heure. J'ai perdu il y a quelques mois un titre auquel je tenais plus que tout. Pattaya a été une claque positive. Et aujourd'hui, je remporte le plus beau match et la plus belle médaille dont j'ai pu rêver toutes ces années, depuis 8 ans où on nous a annoncé qu'il y allait avoir l'organisation des Jeux. Je suis tellement fier, tellement content. Je pense à ma famille, à mes amis et aux gens qui sont venus m'encourager aujourd'hui. Je suis fier », continuait le désormais quadruple médaillé aux Jeux Paralympiques.

Une victoire en 34 minutes

Suhas Lalinakere Yathiraj, complètement dépassé par l'enjeu, ne pouvait qu'admettre la supériorité de son adversaire du jour : « Je ne suis pas très content du jeu que j'ai proposé. J'aurais dû mieux jouer dès le début du match et me concentrer un peu plus sur ma puissance. Il a très bien joué et il a respecté sa stratégie. Les sentiments sont mitigés, parce que j'aurais préféré gagner, mais je suis heureux de la médaille d'argent et c'était plaisant de jouer devant un tel public même si j'ai perdu », confiait le joueur de 41 ans, de nouveau vice-champion paralympique du simple SL4.

Toujours très concentré dans son jeu, Lucas Mazur poursuit sa marche en avant, serrant le poing entre chaque point remporté et demandant régulièrement l'appui du public. Après une première manche remportée 21-9, le deuxième set débute alors de la même manière. Même si l'Indien a un léger sursaut d'orgueil, le Français tue les derniers espoirs de son adversaire, prenant vite le large. En seulement 34 minutes, il conservait ainsi son titre. 21-9, 21-13... genoux au sol. Expéditif.

« Dans ces moments-là, il faut rester très calme, très patient. J'ai essayé de pousser du maximum que je pouvais, de tenir quand j'étais sous pression quand il attaquait. Je n'ai pas craqué un instant, donc je suis tellement content et fier de moi. Il ne fallait pas que le public ne s'endorme non plus. Ce n'était pas parce que je menais très largement que le match était fini. C'est pour cela que j'ai essayé de les activer à des moments où je sentais que mon adversaire pouvait peut-être revenir. Et justement pour que ça me donne encore plus d'énergie pour essayer de verrouiller et de fermer les portes. Et ça s'est passé comme ça. L'Arena, c'était le stadium ! (rires) Ça a été une ambiance exceptionnelle, ça a été un public fabuleux et je suis sûr qu'il portera également Charles [Noakes, NDLR] tout à l'heure. »

Photo de Steph Chambers/Getty Images

Car, oui, la journée du Para badminton français n'est pas encore terminée, puisque Charles Noakes apportera en fin de soirée une troisième médaille pour le clan tricolore, d'or ou d'argent. Quelques heures auparavant, Lucas Mazur, encore lui, décrochait la médaille de bronze avec Faustine Noël du double mixte SL3-SU5. Une journée à rallonge, mais ô combien satisfaisante.

« À Tokyo, il y avait d'abord eu le simple puis la défaite en mixte [où il avait décroché l'argent avec Faustine Noël], donc rester sur le goût de la défaite... non je préfère cette journée d'aujourd'hui ! Surtout avec une ambiance fabuleuse. Là, il y avait 6, 7 000 personnes qui poussaient. J'aimerais jouer quatre finales pour revenir les émotions, l'ambiance... sincèrement si j'avais pu j'aurais rejoué ! De jouer comme ça dans une si belle salle, c'est que du bonheur », explique-t-il.

Il conclut, rayonnant alors qu'une nouvelle Marseillaise l'accompagnait à sa sortie du terrain numéro 1 : « C'est le plus beau jour de ma vie, même dans mes rêves les plus fous je n'avais jamais imaginé ça. Avant cette médaille aujourd'hui, le titre de champion du monde, c'était pour moi le plus beau titre que je n'ai jamais gagné parce qu'il y avait une ambiance, une émotion. Mais aujourd'hui, ça a été la journée de rêve. »

Le programme complet du jour en Para badminton