Jeux Paralympiques de Paris 2024 : Mandy François-Elie n’a jamais lâché

Par Florian Bouhier
5 min|
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Photo de 2019 Getty Images

Triple médaillée paralympique, Mandy François-Elie est une star de l’équipe de France de para athlétisme. Elle se confie en exclusivité pour Olympics.com sur sa mentalité de battante et comment elle n’a jamais abandonné ses rêves malgré un AVC à seulement 18 ans.

C’est en lui parlant de sa passion pour la musique, notamment pour le dancehall et la musique biblique, que Mandy François-Elie nous a sorti son premier éclat de rire, à la fois chaleureux et attendrissant.

Ce rire, le premier d’une longue série, venait de conclure une partie de l’interview plus difficile pour la Martiniquaise de 33 ans, celle de se raconter.

« C’est encore dur pour moi de parler de moi au présent », confie-t-elle sous les travées du Stade Charléty à Paris.

Victime d’un accident cardio-vasculaire à seulement 18 ans, Mandy François-Elie est passée très proche de la mort, étant plongée pendant trois semaines dans le coma. À son réveil, elle est hémiplégique, partiellement paralysée des membres de son côté droit.

Mandy François-Elie va gravir les échelons et devenir championne aux Jeux Paralympiques sur 100 m, T37, grâce à son amour du sport. À l’occasion des Championnats du monde de para athlétisme à Paris, en juillet dernier, Olympics.com a eu la chance de rencontrer cette athlète au parcours exceptionnel, une véritable force de la nature qui s’apprête à connaître ses quatrièmes Jeux Paralympiques en 2024.

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Londres 2012, plus qu'une médaille

« Je suis Mandy François-Elie et je fais de l'athlétisme depuis toute petite. Après mon AVC, j'ai dû réapprendre à tout faire. Marcher, courir… »

… Jusqu'à arriver au sommet de son sport, en septembre 2012, lors des Jeux Paralympiques de Londres 2012.

En se présentant, Mandy François-Elie omet le premier grand frisson de sa carrière sportive, sa médaille d’or aux Jeux Paralympique de Londres 2012.

« À Londres, c’était magnifique, c'était magique. Les gens et l’organisation, c’était super. J’étais une surprise ! »

Il y a plus de dix ans, Mandy François-Elie n’était pas encore la référence qu’elle est aujourd’hui. Encore au tout début de sa carrière d’athlète paralympique, elle prend une licence handisport à l’automne 2011, un an avant Londres 2012.

Mandy François-Elie se qualifie de justesse pour les Jeux, réalisant les minima en mai 2012 avant de remporter la médaille d’or à la surprise générale, quelques mois plus tard.

« J'ai pleuré et j'ai fait un tour de piste, voilà, c'était magnifique, c’était magique. On ne m’attendait pas ! On ne m’attendait pas ! »

Cette médaille, elle n’avait jamais réellement imaginé la porter. Car avant son titre paralympique, Mandy François-Elie était un espoir de l’athlétisme, ayant réussi le record de Martinique sur 400 m en 55,23 s chez les valides.

Mais, un soir de décembre 2008, tout change. Mandy François-Elie est victime d’un AVC et passe de longues semaines dans le coma. Elle se réveille paralysée partiellement du côté droit et pense abandonner tous ses rêves. Mais c'était sous-estimer sa résilience. Alors, poussée par ses proches et ses médecins, elle utilise le sport comme thérapie et progresse petit à petit, un pas après l’autre.

« En rééducation, on me disait ‘Ne lâche pas, ne lâche pas’. OK d’accord, ne pas lâcher, mais pour faire quoi, seulement deux pas et après ? »

Ensuite, c’est la découverte d’un mental à toute épreuve, guidé par le triumvirat : « persévérer, ne jamais rien lâcher, never give up ».

Mandy François-Elie : « Je ne pouvais pas parler, je ne parlais pas »

Après avoir remporté sa médaille d’or aux Jeux Paralympiques de Londres 2012 sous les yeux de sa mère, Mandy François-Elie a couru, souri et pleuré de joie. Mais, elle n’a presque pas parlé.

À la suite de son AVC, Mandy François-Elie a dû réapprendre à utiliser son corps, mais également sa parole. Cette aphasie, ce trouble qui affecte la parole et la compréhension, elle le travaille avec la même volonté qu’une course.

« Je m'entraîne tous les jours, sauf le dimanche. Deux fois par jour. Puis l’après-midi, je vais chez l’orthophoniste. Je vois les progrès. Il y a cinq ans, je ne pouvais pas parler, je ne parlais pas. »

Depuis, au gré de ses victoires et de ses rencontres, la Martiniquaise a pris confiance en elle. Elle a réussi à parler de ses ambitions sportives, de ses courses, mais admet, après une longue respiration et un lourd silence, qu'évoquer son handicap reste « encore un petit peu difficile ».

« Parce qu'il faut prendre sur moi. Mon histoire ne se résume pas qu'à ça. Il faut comprendre que je ne suis pas comme tout le monde, oui. C’est encore dur pour moi de parler de moi au présent ».

« C’est plus facile de parler du passé parce que j'étais tout petite et j'étais si heureuse, si heureuse », raconte la jeune femme, qui a un collège portant son nom en Martinique.

Mandy François-Elie avait une destinée, réussir dans la course. Et sur la durée. Sa longévité lui a permis de participer à trois éditions des Jeux Paralympiques et d'y gagner une médaille à chaque fois. Elle l’explique par une recette simple, mais indiscutable.

« Il faut être humble. Ne rien lâcher. Ne rien lâcher, même à l’entraînement. Et aussi avoir l’amour de l’athlétisme. »

Cette passion de la course peut-elle la guider vers une nouvelle médaille à Paris 2024 ?

Une chose est certaine, Mandy François-Élie ne lâchera rien.