Jeux Paralympiques de Paris 2024 | Ils vont vous faire vibrer : Ibrahim Al Hussein

Par Léo-Pol Platet
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Photo de Mario Tama/Getty Images

Après s'être élancé sur les épreuves de Para natation, lors des deux dernières paralympiades, Ibrahim Al Hussein s'apprête à relever un nouveau défi. L'athlète, né en Syrie, réfugié en Grèce et qui concourt pour l'équipe paralympique des réfugiés, va disputer le Para triathlon. Une nouvelle page, dans une vie digne d'un roman.

La liberté ou la mort. Telle est la devise de la nation grecque. Des mots qui résonnent particulièrement pour Ibrahim Al Hussein, ce Syrien qui trouva refuge en Grèce, en 2014. Son pays est alors rongé par une guerre civile, qui dure depuis trois ans.

Son destin vacille un jour de 2012, quand il est victime de l'explosion d'un obus, après s’être interposé au sol pour protéger un ami, visé, lui, par un tir de sniper. « À ce moment-là, je ne savais si j’étais mort ou vivant », confie-t-il à la BBC, à l’occasion d’une interview avant les Jeux paralympiques de Tokyo 2020. Ibrahim perd une partie du bas de sa jambe droite. L’articulation de son pied gauche est également touchée.

La Grèce comme terre d'accueil

Comme 8000 de ses compatriotes, chaque année, Al Hussein traverse la Méditerranée en 2014, à l’âge de 26 ans. Après un rapide et décevant passage en Turquie, il se résout à prendre le chemin de la Grèce et l’île de Samos, terre refuge pour bon nombre de réfugiés souhaitant rejoindre l’Europe.

« Lorsque je suis arrivé en Grèce en 2014, sans un sou et en fauteuil roulant, un médecin grec m’a soigné gratuitement, dévoile-t-il au site Paralympic.org*. J’ai donc commencé à travailler pour pouvoir me payer un peu de sport avec des personnes handicapées et m’intégrer dans la société grecque. »*

Photo de Milos Bicanski/Getty Images

L'intégration par le sport

Une fois installé, le jeune homme s’attache à retrouver une activité sportive. Lui qui a démarré le sport à l’âge de cinq ans, dans une famille de sportif, ne peut imaginer son quotidien sans sa dose de bonheur. Toujours pour la BBC, il explique ses difficultés : « Je passais toutes mes matinées à essayer de trouver des clubs de sport qui m'accepteraient. Je leur disais que j'étais un sportif avant, mais qu'en tant que réfugié avec une blessure, la plupart me rejetaient. »

Une équipe de Basket fauteuil lui ouvre finalement les bras. Puis il est autorisé à s’entraîner en natation, dans le bassin olympique qu’il avait admiré lors des Jeux Olympiques d’Athènes, en 2004.

Rapidement, son niveau augmente et Ibrahim participe aux championnats nationaux. En 2016 il obtient deux médailles et commence à faire parler de lui, dans son pays d’adoption. À la vue de son remarquable parcours, il est invité à porter la flamme olympique à Athènes, au tout début de son périple vers Rio, pour les prochaines olympiades. À cet instant, le nageur est loin de s’imaginer que ces Jeux le marqueront à vie.

Les Jeux de Rio, comme un nouveau départ

En effet, il est sélectionné par l’équipe olympique des réfugiés épreuves S9 50 mètres et 100 mètres nage libre, et se voit même être leur porte-drapeau. L’un des événements les importants de sa vie : « Cela a complètement changé ma vie et m’a ouvert des portes et de nouveaux horizons. »

Cinq ans plus tard, à Tokyo, le nageur remet ça et se retrouve de nouveau porte-drapeau d’une délégation de six personnes. S'il ne remporte toujours pas de médaille, il continue d'écrire son histoire.

Photo de Mario Tama/Getty Images

À Paris, Ibrahim Al Hussein s'alignera sur l'épreuve de Para triathlon, où il espère accrocher le top 5. Une discipline qu'il pratique depuis plusieurs années. Dans les rues de Paris, comme dans le Seine, soufflera pour lui, un vent de liberté.