Jeux Paralympiques de Paris 2024 : le discours de clôture de Tony Estanguet, Président de Paris 2024, en intégralité
Dimanche soir, lors de la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques de Paris 2024, Tony Estanguet, Président du comité d'organisation, est monté sur la scène du Stade de France. Donnant un dernier discours, l'ancien champion olympique de canoë a été acclamé par le public. Voici son discours de clôture en intégralité.
« Chers athlètes,
Chers révolutionnaires paralympiques,
Chers amoureux des Jeux,
Dans la vie, il y a des rencontres qui nous touchent,
Des rencontres qui nous transforment,
Des rencontres qui nous rendent meilleurs.
Ces Jeux qu’on a vécus ensemble, c’était du sport, c’était des records…
Mais c’était avant tout une histoire de rencontres. De ces rencontres à part, qui marquent à vie.
Notre rencontre avec vous, chers athlètes paralympiques, en fait partie.
Alors ce soir, personne n’a envie que ces Jeux s’arrêtent…
Mais on peut encore faire de ce dernier moment avec vous un moment dont on se souviendra toute notre vie.
Alors, je vous propose qu’on fasse ce qu’on a si bien su faire depuis le 28 août : montrer à tous ces immenses athlètes à quel point on les aime…
A quel point ils nous ont inspirés,
A quel point ils nous ont rendus fiers,
A quel point ils nous ont émus.
On a déjà battu beaucoup de records avec ces Jeux… Ce soir, je vous propose d’en battre un dernier :
Je vais vous demander de vous lever si vous le pouvez, pour leur faire l’ovation la plus forte, l’ovation la plus dingue, l’ovation la plus longue de leur vie.
Ce soir, ce n’est pas que la fin des Jeux Paralympiques, c’est aussi la fin de Paris 2024.
Alors j’aimerais vous remercier, vous qui êtes présents depuis le premier jour des Jeux : dans les stades, dans les fan zones, dans les bars, dans les rues…
Vous n’avez jamais été des spectateurs. Dès le début, vous avez été des supporters.
Vous nous avez tout fait : les drapeaux, les tribunes qui tremblent, les visages géants des athlètes, les chants, la danse sous la pluie, les clappings, les olas…
Vous avez même inventé la ola silencieuse pour le Cécifoot.
Le succès de ces Jeux, c’est aussi le vôtre.
On a beaucoup parlé des sites spectaculaires de Paris 2024 : au pied de la Tour Eiffel, au Château de Versailles, au Grand Palais, devant les Invalides, place de la Concorde, sur le Pont Alexandre III…
Et c’est vrai que c’était dingue.
Mais le plus important dans ces Jeux, c’était les gens.
Sans vous, chers athlètes, chers supporters, ces sites n’auraient été que des théâtres vides.
Le succès de ces Jeux, il est né de votre rencontre.
Et cette rencontre va nous marquer pour toujours.
Parce que les émotions qu’on a vécues cet été nous ont tout simplement rendus heureux.
Quand le soir de la finale de BMX race, Joris Daudet s’est retourné à la seconde où il a franchi la ligne d’arrivée pour voir si ses copains allaient monter aussi sur le podium,
On a explosé de joie avec lui.
Quand Aurélie Aubert a remporté son titre en Boccia,
On a pleuré avec elle.
Quand hier soir, Frédéric Villeroux a marqué le tir au but décisif,
On était tous au paradis.
Et si ces émotions étaient éphémères, le souvenir de cet été historique, lui, restera gravé en nous.
Cet été où la foule dansait dans les rues de Montmartre en attendant les coureurs cyclistes,
Cet été où les gens se parlaient, cet été où la France était heureuse.
La force des émotions qu’on a vécues ensemble, c’est aussi de laisser une trace.
Quand Léon Marchand a fait crier tout un pays en rythme à chaque fois qu’il sortait la tête de l’eau en brasse, ça a donné à des milliers d’enfants l’envie de pousser la porte d’un club de natation.
Quand le nageur brésilien Gabrielzinho a remporté trois titres dans une ambiance de feu, il a définitivement changé notre regard sur la différence et envoyé un message très fort à toutes les personnes en situation de handicap : le sport est aussi fait pour vous.
A chacune de ses apparitions, la révolution paralympique gagnait du terrain.
Cette rencontre entre athlètes et supporters va nous marquer pour toujours, parce que les émotions qu’on a vécues nous ont unis.
Qu’est-ce qui crée le sentiment d’appartenance à une famille, à un groupe d’amis, à une nation ?
C’est d’abord ce que l’on vit ensemble.
Comme ces secondes interminables où la roulette a fini par choisir Teddy Riner pour le dernier combat de la finale de judo par équipe…
Cet été, des millions de familles, d’amis, d’amoureux, de collègues, de voisins, se sont créés des souvenirs communs.
Cet été, tout un pays a vibré en même temps, devant les mêmes exploits.
Au-delà de la langue que l’on partage, au-delà des valeurs que l’on porte en commun, des monuments_et des livres d’Histoire, ce qui nous lie et nous construit en tant que nation, ce sont les émotions collectives.
Ce qui nous lie, ce sont les souvenirs partagés. Et les Jeux nous ont offert de formidables souvenirs communs.
Cet été, la France avait rendez-vous avec l’Histoire, et elle a répondu présent.
Elle a eu l’audace d’imaginer des choses qui n’avaient jamais été faites : les premières cérémonies d’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques hors d’un stade, le premier marathon ouvert à tous, les premiers Jeux au cœur de la ville…
La France a eu l’audace de croire dans le pouvoir du sport.
Avec les Jeux, on a redécouvert notre patrimoine, notre créativité et notre capacité à accomplir de grandes choses.
On a redécouvert notre joie de vivre, notre impertinence parfois, et surtout toute cette énergie positive qui a explosé dans les tribunes.
Ces Jeux auront été une rencontre de notre pays avec lui-même.
La France qui sourit, la France qui s’aime, la France dont on est fiers, la France de tous les records.
Record de médailles olympiques, record de médailles paralympiques,
Records de spectateurs,
Records d’audience, records d’ambiance,
Records d’Allez les Bleus.
Merci à toutes celles et tous ceux qui ont rendu cela possible.
Merci à cette grande famille Paris 2024. Depuis plusieurs semaines, plusieurs mois ou plusieurs années, vous avez travaillé comme des fous, dans tout le pays, dans tous les domaines.
La réussite de ces Jeux, c’est vous qui l’avez construite.
Merci à celles et ceux qui ont fait de ces Jeux une fête et à qui je vous demande de faire un tonnerre d’applaudissements : nos volontaires.
Et merci enfin à ceux qui ont enchanté tout un pays : les 237 athlètes et les 20 guides de l’équipe de France paralympique
Merci à vous toutes et tous.
Paris 2024 était le défi de ma vie…
Le plus grand, le plus beau, le plus collectif… et conduire une telle équipe de France a été un immense honneur.
Chers révolutionnaires paralympiques,
Chers amoureux des Jeux, en France et partout dans le monde,
Les Jeux de Paris 2024 se terminent, mais leur message, lui, ne s’éteint pas ce soir:
A l’image des athlètes qui nous ont tant inspirés,
A l’image de celles et ceux qui ont repoussé toutes les limites pour faire de ces Jeux un succès,
Continuons d’essayer, d’échouer et de se relever,
Continuons de faire.
Continuons d’y croire.
Et surtout… continuons d’oser. »