Jeux Paralympiques de Paris 2024 | Cécifoot - Les Français en or : « On a réalisé un rêve, c’est une émotion énorme »

Par Céline Penicaud
5 min|
France blind football
Photo de 2024 Getty Images

Ils n’ont pas manqué leur rendez-vous avec l’histoire !

L’équipe de France de cécifoot a remporté ce samedi 7 septembre la médaille d’or des Jeux Paralympiques de Paris 2024, en s’imposant en finale contre les champions du monde argentins dans un Stade Tour Eiffel en ébullition.

Il aura fallu une séance de tirs au but haletante pour permettre à la France de réaliser l’exploit et de s’offrir son premier titre paralympique (1-1, 3 tab à 2).

« C’est incroyable franchement ! », a exulté Alessandro Bartolomucci au micro de Olympics.com à l’issue du match.

Auteur d’une prestation de haute volée à l’image de son tournoi, ponctuée d’un arrêt décisif dans la séance de tirs au but, le gardien tricolore a souligné tout le travail effectué depuis Tokyo 2020, où l’équipe de France avait pris la 8e place sur 8.

« On ne pouvait pas imaginer ce qu’on a vécu ce soir, si on nous avait dit il y a trois ans à Tokyo qu’on serait au pied de la Tour Eiffel en finale et qu’on ramènerait la médaille d’or, personne n’aurait cru ça ! On a fait un boulot énorme ces trois dernières années, on a tous un métier à côté, on a mis nos vies entre parenthèses pour cet événement-là, et que ça paye ce soir c’est trop cool, devant 12 000 personnes, nos familles et nos proches qui nous suivent à la maison, c’est merveilleux », s’est-il réjouit.

Le capitaine de l’équipe, Frédéric Villeroux, qui a une nouvelle fois impressionné lors de cette finale, s’est lui aussi ému au micro de Olympics.com.

« On est en haut, on ne peut pas aller plus haut, c’est génial ! », s’est-il exclamé.

LIRE AUSSI - Cécifoot : La France entre dans l'histoire en s'imposant aux tirs au but face à l'Argentine

Frédéric Villeroux en « grand doute » avant de tirer le penalty de la victoire

Déjà auteur du premier but de la rencontre en première période, Frédéric Villeroux a pris ses responsabilités en tirant le troisième penalty décisif pour la France, juste après l'arrêt d'Alessandro Bartolomucci sur le tir de l'Argentin Nahuel Heredia.

Mais en tant que non spécialiste des penalties, le capitaine n'était pas rassuré au moment de s'élancer, comme il nous le conte.

« C’est une émotion énorme parce que je ne suis pas un tireur de penalties. Quand le coach m’a dit ‘tu es capitaine, tu vas tirer le 3e penalty’, j’ai eu un grand doute, je me suis senti seul au moment où Alessandro a arrêté le ballon », explique-t-il.

« Je me suis dit ‘bon j’ai deux choix, soit coup de pied à gauche, soit un pointu qui va partir on ne sait où’, et j’ai décidé de partir sur une valeur plus sûre, le coup de pied à gauche, et ça a fonctionné. »

Soulagé et heureux, le joueur de 41 ans s'est écroulé au sol après avoir offert la victoire à l'équipe.

Le rêve paralympique, affiché par le coach mais gardé secret par les joueurs

S'il y a bien un homme qui croyait au potentiel de l'équipe de France, c'est son entraîneur, Toussaint Akpweh. Le coach n'a jamais caché son envie et son objectif d'atteindre la médaille d'or paralympique.

« J’ai repris cette équipe de France pour finir le boulot. J’ai amené la France jusqu’à la médaille d’argent à Londres 2012, puis j’ai arrêté l’équipe de France, et quand je l’ai reprise en 2018 c’était pour finir le boulot, donc aller jusqu’à la médaille d’or », rappelle-t-il à notre micro.

« Le plan a fonctionné. […] J’avais dit à l’équipe qu’il y avait deux choses importantes : la première c’est qu’ils avaient le droit de ne perdre qu’un seul match, dans la phase de poules. Ils ont rempli le contrat. »

« La deuxième chose c’est qu’il fallait absolument qu’ils permettent au monde de les voir tel que je les vois, c’est-à-dire des porteurs de compétences et d’aptitudes footballistiquement, en termes de prise de balles, d’animation de jeu, de présence athlétique, mentale, de gestion de l’information… Vous avez trouvé une équipe de France qui a essayé de faire le boulot. On a encore une marge de progression, mais aujourd’hui on est champions donc bravo aux joueurs et à l’équipe », félicite-t-il.

Et ce rêve, Toussaint Akpweh a dû le transmettre à ses joueurs, qui semblaient plus dubitatifs au début, comme nous l'explique Frédéric Villeroux.

« Le coach nous en a parlé, lui il en a rêvé et dans l’idée on était un peu loin de lui (rires). Et il nous a emmenés dans son rêve. Je pense qu’on a commencé à comprendre son rêve contre la République populaire de Chine, quand on a pu battre les vice-champions du monde, c’était énorme (victoire 1-0, le 1er septembre, ndlr) ! On est là grâce au match contre les Chinois, c’est ce match qui nous a révélés », analyse-t-il.

Avant de poursuivre. « Nous les joueurs on en rêvait mais en cachette. Pour nous on était un peu plus faibles que les autres, en plus on est amateurs alors que les autres sont professionnels. On savait qu’avec le public on allait pouvoir faire des choses, mais aller en finale et gagner la médaille d’or… Si on me l’avait dit j’aurais signé tout de suite ! », conclut-il grand sourire aux lèvres.

Le rêve est atteint, le contrat est rempli, et l'équipe de France de cécifoot a fait vibrer la France.