Jeux Paralympiques de Paris 2024 | Boccia - Aurélie Aubert après son titre paralympique : « Je ne m'en sentais pas capable, les autres oui, mais pas moi »

Par Léo-Pol Platet (depuis l'Arena Paris Sud)
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Photo de Michael Reaves/Getty Images

Aurélie Aubert est entrée dans l'histoire, lundi 2 septembre, en devenant la première française médaillée en Boccia. Au terme d'une finale maîtrisée, elle a remporté l'or paralympique aux dépens de la Singapourienne Yee Ting Jeralyn Tan, qui l'avait battue lors de la première rencontre de phase de groupe.

Son sourire ne l'a jamais quittée. Sur le terrain pendant la partie, sur le podium lors de la Marseillaise et face aux journalistes, désormais vêtue de la médaille d'or autour du cou. Aurélie Aubert est bien décidée à savourer chaque moment de cette journée hors norme, elle qui a réalisé un authentique exploit, après être passée proche de l'élimination en phase de groupe, puis en demi-finale, avec deux finales au tie-break.

L'accomplissement d'un rêve pour la Normande de 27 ans : « Bien-sûr, et c'était pour moi un rêve lointain. Je trouve ça génial de le réaliser maintenant, je ne m'en sentais pas capable, confesse-t-elle. Les autres oui, mais pas moi. Je suis quelqu'un qui n'a pas beaucoup confiance en soi, même vous parler (aux journalistes) me demande beaucoup d'efforts. »

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Une évolution constante

Que cela soit face aux journalistes, comme dans le sport, Aurélie Aubert ne compte pas ses efforts. D'après Claudine Llop Cliville, sa protégée a su progresser sur la longueur de ses lancers, qui ne dépassaient pas trois mètres et demi à ses débuts, ainsi que sur sa lecture du jeu, devenu son véritable point fort.

Mais c'est surtout dans l'aspect mental que sa joueuse a le plus évolué, tout du long de sa carrière. « Avant elle se déstabilisait pour tout et pour rien, explique celle qui était aussi l'infirmière d'Aurélie. Elle pleurait à toutes les manches. À chaque fois, à la minute (entre les pauses) on était obligé de la rebooster pour qu'elle reparte sereine sur la manche d'après tandis que maintenant elle est focus. Hier, un arbitre me faisait remarquer qu'Aurélie était dans sa bulle et n'en sortait pas pendant tout le match. Je lui ai dit que cela qu'elle travaillait avec les préparatrices mentales. »

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Aurélie et Claudine, binôme fusionnel

Dans sa bulle sur le terrain, et dans sa bulle de bonheur depuis sa victoire. Avant d'aller récupèrer sa médaille, elle avoue ne pas encore se sentir championne paralympique. Médaille autour du cou, quelques minutes plus tard, l'unique médaillée française de l'histoire en Boccia ne réalise toujours pas. « C'est indescriptible, je ne saurais pas vous expliquer ce que je ressens » avoue-t-elle.

Face aux journalistes, Aurélie Aubert s'efface pour laisser la lumière à sa guide, Claudine Llop Cliville. Les deux femmes se connaissent depuis 2010. D'abord infirmière d'Aurélie dans un centre pour jeunes, Claudine devient sa guide, lorsqu'Aurélie quitte ce centre pour en rejoindre un nouveau, en 2017. Une relation fusionnelle dès le départ : « Au début, on m'a dit 'vous faites un couple trop fusionnel', rembobine la soignante devenue coach et arbitre internationale. J'ai répondu 'désolé, mais moi je m'occupe d'Aurélie de A à Z et comme j'ai envie ou je ne le fais pas'. Depuis, j'ai évolué avec elle. »

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À ses côtés, Aurélie sourit, toujours sur son nuage, mais sans lâcher sa médaille des yeux. « Je vais dormir avec elle cette nuit », sourit-elle. Quant à la Phryge, offerte aux médaillées olympiques, elle assure : « Je ne vais pas la garder je vais l'offrir à Claudine, comme elle n'a pas le droit à une médaille. » Un souvenir chacune pour marquer d'une pierre dorée, le jour où la Boccia française est entrée dans l'histoire.

Boccia : Aurélie Aubert championne paralympique en BC1