Jeux Paralympiques de Paris 2024 | Ils vont nous faire vibrer : Pauline Déroulède

Lorsque sa vie a basculé, un soir d’octobre 2018, Pauline Déroulède s’est aussitôt mis une seule idée en tête : participer aux Jeux paralympiques de Paris 2024. Un pari gagné et une obsession qui lui a permis de faire face à son nouvel handicap et franchir les étapes du tennis fauteuil. Elle se verrait bien désormais avec une médaille autour du cou.

C’est l’histoire d’une vie totalement bouleversée en quelques secondes sur un trottoir parisien. Le 27 octobre 2018, Pauline Déroulède est installée sur son scooter à l’arrêt en attendant une amie, heureusement toujours avec son casque, lorsqu’elle est percutée de plein fouet par un automobiliste de 92 ans qui a perdu le contrôle de son véhicule. Transportée à l’hôpital militaire de Percy, à Clamart dans les Hauts de Seine -où elle passera finalement plus de huit mois-, la jeune femme se réveillera quelques heures plus tard avec la jambe gauche amputée. Le début d’une autre histoire forcément. « Dans ma tête, je n’avais plus qu’un objectif, les JO. Sinon, je n’aurais pas tenu », racontera-elle ensuite dans un entretien pour le journal Libération. Dans un autre quotidien, celui du Monde, elle ira même plus loin dans les confidences. « Quelques heures après l’accident, en salle de réveil, j’ai dit à mes proches : « Ne vous inquiétez pas, je vais faire les jeux à Paris en 2024. » Je ne sais pas d’où c’est sorti, mais je pense que j’ai eu une association d’idées et je me suis dit que, handicap et sport, c’était Paris 2024. » Une obsession et une idée qui ne vont plus la quitter, qui vont guider même celle qui venait tout juste d’obtenir son diplôme de professeur de tennis. Ou comment passer d’un quotidien « normal » à une vie de sportive de haut niveau et participer aux Jeux de Paris 2024 ! Tout le paradoxe d’un tel destin hors-normes.

Rêve paralympique, engagement politique, rigueur maximale

Pour cela, la chance va enfin servir de nouveau Pauline, qui va être sélectionnée par le programme de détection appelé « la Relève », organisé par le Comité paralympique et sportif français, afin de pouvoir pratiquer le tennis fauteuil. Nous sommes en septembre 2019 et l’intéressée démarre enfin sa nouvelle vie, après des mois de doutes, de douleurs, de rééducation et de réadaptation avec une jambe en fer. « Je suis passée d’une vie de sportive de loisir à une vie de sportive de haut niveau, rythmée par les entraînements », peut-on lire trois ans plus tard dans les colonnes du Monde. Entre-temps, son objectif de participer aux Jeux de Paris 2024 prend sérieusement forme au cours de cette année 2022. 23e mondial au printemps, elle visait d’entrer dans le Top 20 et de découvrir l’univers des tournois du Grand Chelem. Elle se retrouve 15e au moment de participer à l’US Open de New York en septembre 2023. Une première expérience qui tourne court et une élimination prématurée dès le tour initial. Mais Pauline a pris ses marques et gagne son premier match en grand chelem contre la Japonaise Shiori Funamizu à Roland-Garros en juin 2023.

Avant de se heurter en quart de finale au phénomène de la discipline depuis des années, la néerlandaise Diede De Groot. Celle qu’elle rêve certainement d’imiter ou en tout cas modestement et partiellement copier, en termes d’exigence, de régularité et de performance. Car à raison de deux à quatre heures de tennis par jour, plus deux autres de préparation physique, Pauline Déroulède ne laisse rien au hasard, entre tests laboratoire, science, préparation mentale, suivi kiné et optimisation de son fauteuil fait sur mesure. En parallèle, la dynamique trentenaire désormais fait beaucoup aussi pour la promotion de sa discipline et du handicap plus largement. Surtout, elle mène un autre combat pour la sécurité routière et milite notamment pour un test d’aptitude à la conduite de tous les conducteurs, qui plus est à partir de 65 ans. Une abnégation forcément liée à son histoire mais aussi à son altruisme pour les générations suivantes. Sûr qu’une médaille paralympique serait le plus beau des prolongements.