Escalade sportive : Comment le jeune Mejdi Schalck a trouvé la paix intérieure pour utiliser son potentiel
Mejdi Schalck a les Jeux Olympiques de Paris 2024 dans le viseur. Après avoir réussi à canaliser son énergie, le Français s'est affirmé comme l'un des meilleurs au monde en bloc.
Mejdi Schalck reste sur une incroyable saison 2023.
Le Français avait commencé l’année avec deux succès en Coupe du monde à Hachioji (Japon) puis à Séoul (République de Corée) et s'était offert une médaille d'argent aux Championnats du monde d'escalade sportive 2023. À Berne, seul son comptriote Mickaël Mawem avait réussi à le devancer en finale du bloc hommes.
Il n’a que 19 ans et totalise déjà dix finales en Coupe du monde, dont six podiums et trois victoires. Un tel palmarès aussi tôt dans une carrière est quelque chose d’exceptionnel qui surprend même le principal intéressé.
« Je ne pensais même pas être en équipe de France aussi tôt, je savais que c'était possible mais je pensais y arriver plus tard, c'est fou que ça soit arrivé si tôt. Gagner ma première étape, c'était vraiment un super beau moment, j'en rêvais depuis tout petit », confie le Français dans une interview exclusive à Olympics.com.
Malgré sa précocité, tout n’a pas été si facile. Il a eu besoin de comprendre quelque chose de beaucoup plus compliqué que n’importe quel bloc pour se révéler : lui-même.
Les Comités Olympiques Nationaux (CNO) étant les seules autorités habilitées à déterminer qui représentera leur pays aux Jeux Olympiques, la participation de chaque athlète aux Jeux de Paris 2024 sera de fait du ressort desdits CNO, qui sélectionneront leur délégation nationale respective à Paris.
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Un mot de son entraîneur a changé la trajectoire de Mejdi Schalck
Mejdi Schalck n'a pas toujours été le grimpeur qui laissait exploser sa joie après avoir réussi un bloc. Il a dû apprendre à gérer les frustrations et canaliser son énergie pour en arriver là.
Natif de la région parisienne l'avoue, a ensuite déménager à Chambéry, enSavoie. Il n'était pas un enfant facile et rentrer dans un cadre d'entraînement après avoir pratiqué l'escalade librement dans les salles franciliennes a été une étape délicate.
« J'étais turbulent et nerveux, j'énervais tout le monde. Je me blessais souvent, je passais à côté de mes compétitions et je m'énervais beaucoup. Je n'étais pas trop dans ces trucs d'entraînement, je ne voulais pas m'entraîner et ça ne se passait pas très bien avec mon coach. »
Philippe Collard, son entraîneur de l'époque confirme.
« Il n’était pas trop bosseur. Mejdi était doué, mais ça ne suffisait pas. Il n’avait pas l’habitude de s’entraîner dans un cadre défini. Au début, ce n’était pas facile, mais quand il a compris l’intérêt, ça a très bien marché. »
Malgré les difficultés, le duo a travaillé ensemble jusqu'à trouver une solution. Au cours d'une séance compliquée pour préparer les Championnats de France jeunes de difficulté, Philippe Collard a qualifié son élève de « tueur », provoquant par la même occasion un premier déclic.
« Ça a déclenché quelque chose en moi. Il me l'a répété et c'est là que j'ai commencé à réussir en compétition », explique celui qui avait alors 14 ans et qui a su progresser en trouvant une nouvelle famille à Chambéry.
Mejdi Schalck était presque lancé vers les sommets des voies et de l'escalade sportive. Un dernier rappel lui a définitivement permis de briller
Mejdi Schalck a su transformer sa rage en énergie positive
Mejdi Schalck a eu la maturité suffisante pour apprendre de ses erreurs de jeunesse et transformer sa rage en énergie positive. Manquer une sélection pour les Championnats du monde jeune a été l'ultime déclic. Il avait alors 16 ans et était bien décidé à ne plus laisser passer sa chance.
« Je passe à côté de ma compétition alors que je sentais que j'avais le niveau. Ça m'a vraiment mis les nerfs. Je me suis dit, ok, là c'est bon, j'active le bon mode pour utiliser l’envie de réussir que j’ai au fond de moi. J'ai appris à canaliser mon énergie et c'est ce qui a un peu fait la transition vers la réussite. »
Changer d'état d'esprit a rapidement porté ses fruits. Il s'est illustré moins de deux ans plus tard lors des sélections nationales en ayant “la grimpe parfaite”, ce qui lui a permis d'intégrer l'équipe de France. Dès sa deuxième compétition en Coupe du monde, le grimpeur de Chambéry est monté sur un podium en terminant deuxième à Salt Lake City. Son potentiel était confirmé et sa place en équipe nationale plus jamais remise en cause.
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Une fougue qui se retrouve dans son style d'escalade
Mais comment Mejdi Schalck a-t-il réussi à s'adapter aussi vite au plus haut niveau ? Avec son esprit de compétiteur et l'insouciance de sa jeunesse, il possède deux qualités qui lui permettent d'évoluer sans complexe. Le Français n'est pas intimidé par son statut d'outsider, il l'apprécie. Être le chasseur correspondont à son tempérament intrépide qui se traduit aussi dans sa grimpe tout en relâchement.
L'ancien enfant terrible suit son instinct pour déchiffrer les blocs et sa forme actuelle prouve que cela fonctionne. Il a rapidement grimpé les échelons et fait désormais partie des meilleurs de la planète récupérant au passage un statut de favori qui fait de lui le chassé.
C'est un nouveau défi qui s'offre à lui, mais après avoir appris à se gérer lui-même, négocier un statut différent ne devrait pas être un problème.