Escalade | Fanny Gibert, une ingénieure qui cherche une voie jusqu’aux JO de Paris 2024
Fanny Gibert est l'une des cadres de l’équipe de France d’escalade sportive. Après avoir manqué Tokyo 2020, elle vise la qualification aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Et elle peut compter sur son métier d’ingénieure pour y arriver.
Le quotidien de Fanny Gibert est rythmé par l’escalade sportive et l’ingénierie.
La Française débute sa douzième saison en Coupe du monde ce 21 avril, à Hachioji au Japon, mais elle est aussi ingénieure à la RATP, où elle est chargée d’études mécaniques. Et que ça soit dans sa carrière sportive ou dans sa vie professionnelle, elle utilise parfois les mêmes compétences.
« Il y a plein de choses qui sont adaptables des études au sport et dans le sens inverse. Le sens de l’organisation, la gestion du temps pour tout faire ou la planification du travail sont importants et j’ai fait la bonne formation pour ça. L'escalade est un sport assez intellectuel où il y a beaucoup d'analyse, de réflexion sur la gestuelle et une méthode à trouver. J'ai ce côté un peu analytique qui est très fort dans les études et aussi dans l’escalade », expliquait-elle fin mars dans une interview exclusive avec Olympics.com pendant le point presse de l’équipe de France d’escalade.
Réaliser des longues études et mener une carrière d’athlète de haut niveau n’a pas toujours été facile pour la grimpeuse de 30 ans, mais c’est une réussite dont elle est particulièrement fière. Elle a toujours été consciente que travailler en parallèle au sport allait être nécessaire et n’a donc jamais pensé à abandonner l’école.
La native de Massy a grandi à La Réunion, où elle a obtenu son baccalauréat à 17 ans avant de mettre le cap sur la métropole. Son cursus à l’INSA Lyon, une école d’ingénieur, a duré neuf ans au lieu de cinq pour lui permettre de pratiquer l’escalade sportive. Une fois diplômée, elle a retrouvé la même garantie avec un contrat à temps partiel pour poursuivre son ascension. Ce parcours hors du commun donne aujourd'hui une force supplémentaire à Fanny Gibert.
« Avec ce poste, j’ai un équilibre de vie que j’aimais déjà beaucoup pendant les études et que j’apprécie toujours dans la vie active. Les études m’ont permis d’avoir les pieds sur terre. J’ai toujours apprécié être avec des étudiants, et avoir une vie plus tranquille, plus normale. Cela m’a aidé à réussir dans le sport, car c’est un moyen de prendre du recul et de s’extraire du monde fou du sport de haut niveau. »
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Analyser pour mieux apprivoiser le nouveau format de l’escalade à Paris 2024
Elle va maintenant tenter de profiter de cet équilibre et de ses qualités pour se qualifier aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Se rapprocher des quotas pour les prochains JO est le principal objectif de sa saison 2023. Fanny Gibert est déjà montée sur sept podiums de Coupe du monde dans sa carrière, mais à l'approche des JO, elle se prépare à faire un grand saut dans l'inconnu.
La spécialiste du bloc espère représenter la France au Bourget l'été prochain dans le combiné bloc & difficulté dont les règles sont nouvelles. Si l'incertitude est aussi importante que stimulante en escalade sportive, elle oblige les grimpeurs à établir leur stratégie sans avoir beaucoup de références dans cette épreuve inédite.
La 24e du classement mondial a décidé de privilégier le bloc tout en élevant son niveau en difficulté. « C’est important de garder des points forts, très forts », explique celle qui reconnaît faire un pari avec ce choix.
Si le bloc lui plaît autant, c'est certainement parce qu'il s'agit de l'épreuve qui sollicite le plus les qualités qu'elle utilise au quotidien dans son métier.
« J’aime résoudre des énigmes et des problèmes. Quand je regarde un bloc, je ne pose pas une équation mais je profite du côté analytique très fort de mes études en escalade. »
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Découvrir les JO après avoir manqué Tokyo 2020
Le nouveau format du combiné inscrit au programme olympique semble mieux convenir à Fanny Gibert car l’épreuve de vitesse n’en fait plus partie. C’était le cas à Tokyo 2020 quand l’escalade sportive avait fait sa première apparition aux Jeux.
La Française n’avait pas réussi à décrocher un quota et avait manqué cet événement historique. Cet échec, le plus grand de sa carrière selon elle, s’est transformé en motivation à l’approche de Paris 2024.
« Je n’ai pas eu de problème pour retrouver la motivation. Il y a eu petit coup de colère et de tristesse mais derrière, la passion de l’escalade était ce qu’il y avait de plus fort. Je me suis posée les bonnes questions pour rebondir assez sereinement. J’étais descendue très bas, mais je me suis relevée très vite et c’est logique quand on aime ce sport. Quand on est compétiteur, on joue, mais on ne gagne pas toujours. J’ai retenu la leçon et c’était chouette de repartir. »
Si Fanny Gibert utilise ses connaissances pour performer en escalade sportive, c'est peut-être son expérience qui fera la différence sur la route de Paris 2024.
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