Emma Meesseman sur l'essor du basket féminin en Belgique : « Notre point fort, c'est que nous voulons nous battre les unes pour les autres »

Par Maggie Hendricks
7 min|
Emma Meesseman
Photo de Getty Images

Emma Meesseman est arrivée sur le terrain environ 1h15 avant le coup d'envoi du dernier match de la Belgique lors du Tournoi de qualification olympique de basket-ball féminin, le dimanche 11 février dernier. Elle a suivi sa routine habituelle d'avant-match, en commençant sous le panier, puis en passant au milieu de terrain et enfin à la ligne des trois points.

Pendant qu'elle tirait, de jeunes fans se sont alignés sur la balustrade du Sportpaleis d'Anvers, les yeux rivés sur elle. L’un d’eux portait un bandeau tressé aux couleurs de la Belgique : noir, or et rouge. Un autre portait un chapeau dans les mêmes tons. Un garçon a brandi une pancarte qui indiquait : « Emma, ​​s'il te plaît, puis-je avoir un autographe ? », le tout écrit en flamand, à la main et sur un morceau de carton.

Pendant les trois jours de compétition, 32 533 supporters se sont rassemblés au Sportpaleis. C'est lors du premier jour du tournoi qu'il y a eu la plus forte affluence : près de 13 700 personnes ont regardé le tir de dernière minute de Breanna Stewart, après qu'elles aient battu les États-Unis. La Belgique a ainsi battu un record de fréquentation des sports féminins dans le pays, obtenu un quota pour Paris 2024 et montré qu'elle était désormais un pays de basket-ball.

Aux JO, la Belgique a été placée dans le groupe des États-Unis, du Japon et de l'Allemagne.

Cette vision de tant de Belges rassemblés au même endroit pour célébrer le basket-ball féminin a donné la chair de poule à Meesseman.

« Juste en sortant des vestiaires, dès qu'ils nous ont vues, ils ont applaudis et chanté l'hymne national, les deux dernières phrases, c'était si bruyant ! On n'avait jamais osé rêver de cela », a-t-elle déclaré dans une interview exclusive pour Olympics.com.

LIRE AUSSI :

Le basket féminin belge a connu une croissance fulgurante au cours de la dernière décennie et a pris de l’ampleur ces dernières années. Les Cats se sont qualifiées pour les Jeux Olympiques pour la première fois en 2020 et ont terminé en septième position à Tokyo. Lors de la Coupe du monde FIBA ​​2022, la Belgique a terminé cinquième, puis a remporté l'EuroBasket 2023. Maintenant, c'est l'heure du retour aux JO.

« Lors des derniers Jeux, nous avons fait quelque chose d’incroyable. Depuis quelques années déjà, nous avons montré que nous étions à notre place. Mais participer aux JO deux fois, pas seulement une ? À la fin des derniers JO, j'ai parlé avec quelqu'un qui me disait que cela ne se reproduirait plus, que c'était quelque chose qui ne se répèterait pas. Et pourtant, nous sommes ici, quatre ans plus tard. »

Meesseman est au centre de la progression de cette équipe. Du haut de ses 195,58 cm, elle est originaire d’Ypres, en Belgique. Elle a participé aux Championnats d'EuroLeague et de WNBA, remporté le titre de MVP de l'EuroLeague en 2023 et a été nommée MVP de la finale en 2019 alors qu'elle remportait le championnat WNBA avec les Washington Mystics. L'entraîneur de l'équipe américaine, Cheryl Reeve, a déclaré qu'elle était l'une des cinq meilleures joueuses au monde.

La dernière fois que Meesseman a joué en WNBA, c'était en 2022. Elle jouait alors pour le Chicago Sky, aux côtés de sa coéquipière belge Julie Allemand, et faisait partie de la team All-Star de la WNBA. Mais en 2023, elle a manqué la saison WNBA pour se concentrer sur la participation de la Belgique au tournoi EuroBasket, tout en jouant également pour le club de Fenerbahçe, en Turquie.

Même si elle n’exclut pas un retour en WNBA, elle voit à quel point le basket belge s’est développé et souhaite poursuivre sur cette lancée.

« Le chapitre n'est pas clos, mais ce n'est pas non plus une priorité avec les Jeux Olympiques qui arrivent cette année. Quand vous voyez ce qu'il s'est passé au Sportpaleis, c'est ça qu'on recherche ! Parce que bien sûr, la WNBA se joue dans de grands gymnases, mais je ressens une connexion plus forte ici. Comme si tous ces gens étaient là pour nous, pour moi. C'est une connexion différente que nous entretenons », a-t-elle déclaré.

Le programme du basket aux Jeux de Paris 2024

Emma Meesseman : « Une véritable leader »

L'engagement de Meesseman pour la Belgique n'est pas passé inaperçu. Les petites filles d'Anvers portent son maillot et à chaque fois qu'elle sort de l'hôtel de l'équipe, elle est arrêtée pour signer des autographes et prendre des selfies.

« Je lui dis souvent, même si elle n’aime pas l’entendre, qu’à son poste, elle est l’une des meilleures au monde. Sa capacité à marquer, créer et fédérer... Emma est une véritable leader. Elle représente beaucoup pour cette équipe et depuis longtemps, pas seulement cette année. Nous espérons qu'elle sera là le plus longtemps possible et qu'elle saura transmettre les valeurs [aux prochaines générations] », a déclaré l'entraîneur belge Rachid Meziane.

Comme Meesseman a joué à la fois en WNBA et en EuroLeague, elle a concouru aux côtés de nombreuses joueuses que la Belgique devra affronter à Paris. Elles savent ce qu’elle apporte sur le parquet et combien il est difficile de l’arrêter.

« Emma était calme, juste réservée, mais sur le terrain, c'est une tueuse silencieuse. Tout ce dont l’équipe a besoin, elle est super altruiste. Nous devons lui dire, non, sois égoïste. Parfois, nous avons besoin d'égoïsme. C’est vraiment une excellente coéquipière et une personne formidable. J'adore jouer avec elle. Elle adore déplacer le ballon et c'est tout simplement une joueuse incroyable », a déclaré Kahleah Copper, joueuse de l'équipe américaine et qui a joué avec Meesseman sur au Chicago Sky.

Ce qui rend l'équipe belge si forte réside en partie dans le fait que dans ce pays relativement petit, de 11,59 millions d'habitants, les basketteurs se connaissent et jouent ensemble depuis des années.

« Aux États-Unis, vous pouvez former tellement d’équipes différentes. Nous, nous ne pouvons pas, notre résevoir de joueuses n'est pas aussi important. Donc il faut toujours continuer à construire et c'est ça notre point fort : c'est cette continuité que nous avons acquis au cours des huit derniers étés, on a grandit ensemble, littéralement », a-t-elle déclaré.

« Notre point fort, ce n’est pas seulement le talent. C'est juste que nous voulons nous battre les unes pour les autres. Et nous avons cette énergie sur le terrain. C'est notre point fort et nous le savons. »

Alors que Paris 2024 est désormais dans le viseur de la Belgique, de plus de plus de fans semblent inspirés par le parcours de Meesseman et souhaitent s'impliquer davantage dans le développement de la discipline en Belgique. Même si sa boîte à trophées est déjà pleine de récompenses, elle espère pouvoir en ajouter d’autres. Et cette nouvelle génération de joueuses pourrait bien devenir le meilleur héritage laissé par Meesseman.

« Durant mon enfance, je n'ai jamais assisté à un match de l'équipe nationale parce qu'il n'y en avait pas ou parce qu'on ne le savait même pas. Il n’y avait aucun maillot que l’on pouvait acheter. Et maintenant, voir tous ces enfants nous regarder avec leurs parents et leur famille et pouvoir créer ce rêve où ils s'imaginent faire la même chose et jouer dans des gymnases comme ceux-ci, ça va devenir une norme a atteindre pour eux. C'est tellement agréable à voir. L’année dernière, j’ai eu des enfants qui disaient : 'Je veux être meilleure que toi'. Je veux participer à la construction de choses plus grandes encore. Je suis tout à fait pour ça. »