Comment les États-Unis ont dominé le football féminin olympique ?
Au cours de l’histoire des Jeux Olympiques, certaines équipes ont tellement marqué leur sport de leur empreinte qu'elles peuvent être décrites comme invincibles. Tokyo 2020 revient sur les histoires de ces équipes inoubliables, ainsi que sur les joueurs qui les composent. Dans cet épisode : l’équipe féminine de football des États-Unis.
Les origines de la domination
Les États-Unis sont l’équipe de football féminin la plus titrée, avec quatre titres olympiques et autant de Coupes du monde de la FIFA.
Cependant, l’équipe nationale a connu des débuts modestes. Après l’adoption de l'amendement Title IX, qui interdit la discrimination fondée sur le sexe dans les programmes et les activités liés à l'éducation, des équipes universitaires ont été formées à travers les États-Unis. Avant cela, il n’y avait pas beaucoup d’occasions pour les femmes de faire du sport.
Puis, en 1985, l’entraîneur Mike Ryan a été choisi par la Fédération américaine de football pour sélectionner une liste de joueuses universitaires en vue de participer à un tournoi italien appelé Mundialito. Mais Ryan avait moins d’une semaine pour choisir son équipe, qui n'a pas eu le temps de s’entraîner ensemble et n'avait même pas de maillots officiels. Elles ont terminé quatrièmes (sur quatre équipes) au tournoi, mais c’était le début d'une grande épopée.
Les États-Unis ont continué à progresser, terminant deuxièmes du Mundialito 1986. Elles se sont inclinées en quarts de finale contre la Norvège au tournoi d’invitation féminin de la FIFA 1988 avant de prendre leur revanche lors de la première Coupe du monde féminine de la FIFA en 1991, battant la Norvège 2-1 en finale devant 65 000 spectateurs.
Bien qu’elle n'ait pas eu beaucoup de moyens, l’équipe nationale féminine a participé aux différents tournois avant la Coupe du monde 1995, où elles ont terminé troisièmes après avoir perdu en demi-finale face aux championnes norvégiennes.
Une victoire clé
L’équipe des USA a remporté de nombreuses victoires importantes aux Jeux Olympiques avant de gagner la première médaille d’or de football féminin à Atlanta 1996 et d'obtenir leur revanche sur le Japon à Londres 2012 après avoir perdu en Coupe du monde un an plus tôt.
Mais il y a un match qui sort du lot.
À Pékin en 2008, c’était la première fois que les États-Unis n’étaient pas favorites pour remporter l’or compte tenu de la défaite face au Brésil un an plus tôt, sur le score de 4-0 en demi-finale de la Coupe du monde. Il s’agissait de la deuxième défaite de l’entraîneur Greg Ryan en 55 matchs. Il a ensuite été remercié pour être remplacé par la Suédoise Pia Sundhage, qui devenait ainsi la deuxième entraîneuse de l’équipe nationale.
Mais en juillet, lors d’un match amical, la meilleure joueuse des États-Unis Abby Wambach s'est cassée la jambe, quelques semaines avant que le début des Jeux.
Pendant les Jeux, les États-Unis ont subi une défaite face à leurs anciennes rivales norvégiennes – l’une des trois équipes à avoir remporter une médaille d’or en football féminin. L’équipe de Sundhage a cependant rebondi en allant chercher la victoire contre le Japon et la Nouvelle-Zélande pour terminer en tête de leur groupe. Elles ont eu du mal à remporter le quart de finale contre le Canada mais elle ont à nouveau battu le Japon en demi-finale.
Une fois de plus, les États-Unis étaient opposés au Brésil en finale, comme à Athènes 2004. Mais cette fois, aucune des deux équipes n’a été en mesure de marquer dans le temps réglementaire et le match s'est joué dans le temps additionnel. Carli Lloyd a délivré les État-Unis en marquant le but de la victoire, seulement six minutes après le début des prolongations, pour remporter la médaille d’or.
« Les médias nous voyaient perdantes avant même le début du tournoi », a déclaré la défenseure américaine Heather Mitts au Guardian en 2018.
« Tout ce qui aurait pu mal tourner dans ce premier match contre la Norvège a mal tourné, mais nous nous sommes reprises en se regardant dans les yeux, en se disant que nous allons apprendre de ça et gagner le prochain match. Notre chemin était différent, mais spécial. Nous avons été solidaires sur et en dehors du terrain et cela s'est vu tout au long du tournoi. »
Avec deux médailles d’or olympiques consécutives, les États-Unis ont montré qu’elles étaient toujours l’équipe à battre.
Des joueuses pleines de talent
La domination des États-Unis aux Jeux Olympiques s’est étalée sur 16 ans, avec de nombreuses joueuses de talent.
Mais il y a un groupe qui a formé la colonne vertébrale de l’équipe pendant longtemps : Mia Hamm, Kristine Lilly, Julie Foudy, Brandi Chastain et Joy Fawcett.
Hamm a été reconnue comme meilleure joueuse du monde, Lilly était la meilleure milieu de terrain du monde et Fawcett était une défenseure centrale d'exception, tout comme Foudy et Chastain qui faisaient elles aussi partie de cette génération en or.
Un documentaire sur leur influence au sein de l'équipe a même été réalisé
Leur dernière apparition sur le même terrain remonte à Athènes 2004 où elles ont remporté l’or contre le Brésil dans le temps additionnel.
La suite de l'histoire
Les Jeux de Rio 2016 étaient une première dans l’histoire olympique : les États-Unis ne sont pas parvenues à atteindre la finale. Elles ont perdu contre la Suède en quart de finale après une séance de tirs au but. Une année de remises en questions a suivi, mais les États-Unis n’ont jamais perdu leur réputation de grande nation du football féminin.
Elles ont remporté les titres de la Coupe SheBelieves 2018 et le Tournoi des Nations 2018 avant de remporter la Coupe du monde de la FIFA 2019, devenant ainsi la première équipe à remporter quatre Coupes du monde féminines, concédant seulement 3 buts pour 26 marqués tout au long du tournoi.
Les Etats-Unis ne sont pas imbattables. Des nations comme l’Australie et la France l'ont prouvé. Mais en regardant leurs résultats depuis Rio 2016, elles n’ont perdu que 4 fois lors de leurs 68 derniers matches.
Heureusement, pour le football et les fans des Jeux, les États-Unis sont de retour à l’étape olympique après avoir obtenu leur qualification en remportant le Championnat de qualification olympique de la CONCACAF en février.
L'équipe numéro 1 mondiale va-t-elle récupérer sa couronne olympique l'année prochaine ?