Championnats du monde d'athlétisme 2023 : Marie-Josée Ta Lou, 34 ans : « L’âge n’est qu’un nombre »
Troisième meilleure coureuse de la saison sur 100 m, Marie-Josée Ta Lou fait partie des favorites aux Championnats du monde d’athlétisme 2023 à Budapest (19 août - 27 août 2023). L'Ivoirienne a désormais 34 ans et peut toujours rêver d’une première médaille olympique aux prochains JO.
Marie-Josée Ta Lou est dans la forme de sa vie.
La sprinteuse ivoirienne de 34 ans prouve à chaque course que « l’âge est juste un nombre ». Le 15 juin dernier, au meeting d’Oslo de la Diamond League, Marie-Josée Ta Lou a remporté le 100 m en 10, 75 s, à seulement trois centièmes de sa meilleure performance en carrière. Elle a de nouveau réalisé ce chrono lors du meeting de Londres, le 23 juin dernier.
Au début du mois de juin, Olympics.com avait rencontré Marie-Josée Ta Lou en marge du meeting de Paris. L’occasion de comprendre comment la triple médaillée mondiale arrive à se bonifier avec le temps et de faire un point sur ses prochaines grandes échéances : les Championnats du monde d'athlétisme 2023 à Budapest en Hongrie (19-27 août) et les JO de Paris 2024.
LIRE AUSSI - Marie-Josée Ta Lou « Je cours après mon destin »
Marie-Josée Ta Lou : « Il y a encore de la marge, beaucoup de choses à faire progresser »
« Marie-Josée Ta Lou, êtes-vous meilleure que jamais ? »
La question est facile, certes, mais légitime au vu des dernières performances de l’athlète originaire de Bouaflé en Côte d’Ivoire. Autrice de la troisième meilleure performance de l’année en 10,75 s, Ta Lou est l'une sprinteuse du moment.
Elle a été uniquement dépassée par la Jamaïcaine Shericka Jackson (10,65 s le 7 juillet), multi-médaillée olympique, et l'Américaine Sha'Carri Richardson (10,71 s le 6 juillet).
Alors au moment de répondre à cette question, Marie-Josée Ta Lou sourit, mais préfère ne pas se jeter des louanges.
« Meilleure que jamais ? Peut-être. Mais cette année, c’est différent. Je suis vraiment relax, je me dis que je n'ai pas de pression. Mon talent n’est plus à démontrer. Il y a encore de la marge, beaucoup de choses à faire progresser et je pense que je suis sur la bonne voie. »
Entrainée par le légendaire John Smith, qui a eu sous son aile les légendes olympiques Marie-José Pérec et Maurice Greene, Marie-Josée Ta Lou donne plusieurs explications sur sa forme resplendissante. Tout d’abord, le travail réalisé sur la piste en dehors des compétitions.
« On le sent par la technique, par les changements lors des entraînements », explique-t-elle.
Mais surtout son état d’esprit : « Je me sens encore jeune, je me dis que j’ai 20 ans, pas 34 ans (rires). »
Le 10 août 2022, lors d’une course exceptionnelle à Monaco, elle est devenue l'athlète africaine la plus rapide de l’histoire avec un chrono de 10,72 s. Battue ce jour-là par la triple championne olympique Shelly-Ann Fraser Pryce en 10,62 s, Marie-Josée Ta Lou voit en la Jamaïcaine, championne du monde en titre du 100 m à 36 ans, un exemple de longévité à suivre.
« L’âge est juste un nombre. Shelly-Ann Fraser nous a montré que l'on peut être âgée et encore performer. »
« Moi j’ai la chance de ne pas avoir commencé tôt, j'avais 18 ans. J'ai atteint le haut niveau quand j’avais 22/23 ans, donc j’ai encore le temps. Je me dis tant que je me donne la force, j’ai le temps et je peux réussir. »
Marie-Josée Ta Lou est déterminée. « Malgré tous mes échecs, je n’ai jamais abandonné », répète-t-elle durant cet entretien.
Elle ne rêve que d’une médaille olympique, pour elle, pour ses proches, mais surtout pour la Côte d’Ivoire et l’Afrique.
Il était une fois une médaille olympique pour Marie-Josée Ta Lou
Marie-Josée Ta Lou a participé aux Jeux Olympiques à deux reprises : Rio 2016 et Tokyo 2020. Par trois fois, elle a fini au pied du podium, à la 4e place (100 m à Tokyo 2020, 100 m et 200 m à Rio 2016), toute toute proche de devenir médaillée olympique. Lors de l’épreuve du 100 m à Rio, la sprinteuse ivoirienne est battue pour quelques millièmes par Fraser Pryce.
Est-ce là sa source de motivation à 34 ans ? Son désir d’effacer ses mauvais souvenirs olympiques, ses cruelles 4e places ? Non. Marie-Josée Ta Lou ne s’enferme pas dans un sentiment de revanche. Au contraire, elle veut être vue comme une source d’inspiration.
« Ce qui me motive le plus, c’est ma famille, ma team et les personnes qui m’envoient des messages pour me dire que je suis un modèle pour eux, un exemple de force, de courage parce que malgré tout mes échecs je n’ai jamais abandonné. Il faut toujours être courageuse, avoir la force de continuer »
À l’évocation des Jeux Olympiques de Paris 2024, l'Ivoirienne ne cache pas sa joie de courir en France.
« Paris, c'est comme la maison, c’est comme si j’allais courir devant mon public ! C’est en France que j’ai fait mes premières compétitions en dehors de l’Afrique, avec mon club de l’époque, le Stade Français. Ma première Diamond League où je me suis fait connaître, c’était aussi à Paris en 2015. (Elle avait couru en 11,06 s sur 100 m). »
« Ça va être extraordinaire et j’ai hâte de montrer mon talent et de…. ramener ma première médaille olympique, quand même ! », confie-t-elle dans un éclat de rires, proche d’une imploration placée sous le signe de l’humour mais révélatrice de l’objectif de Marie-Josée Ta Lou.
Aux prochains JO, Marie-Josée Ta Lou à l’occasion de devenir la première Africaine à remporter le 100 m et/ou le 200 m. Outre le titre olympique, une médaille représenterait pour l’Ivoirienne, l’apothéose de sa carrière.
« Ça représenterait la récompense d’un travail acharné parce que je pense que les Jeux de Paris 2024 seront mes derniers. Ça serait le plus beau cadeau que Dieu m’aurait donné, remporter cette médaille-là ici, franchement, ça serait tout pour moi. J’espère vraiment remporter cette médaille pour la Côte d’Ivoire », confie-t-elle les étoiles dans les yeux.
Sans surprise, en cas de médaille olympique, l’émotion sera grande et les célébrations à ne rater sous aucun prétexte !
« La fête, elle serait extraordinaire, elle va commencer à Paris et je sais qu’ensuite à Abidjan ça sera gâté comme on dit ! »