Championnats du monde d’athlétisme 2023 : Hugues Fabrice Zango, un titre mondial deux mois avant de soutenir sa thèse de doctorat en génie électrique
Hugues Fabrice Zango est rentré dans l’histoire en devenant champion du monde du triple saut hommes à Budapest. Cet exploit est d’autant plus incroyable que le Burkinabé, premier médaillé d'or mondial de son pays, est sur le point de devenir docteur en génie électrique.
L’année 2023 est un véritable millésime pour Hugues Fabrice Zango.
En l’espace de quelques mois, il est devenu docteur en génie électrique et champion du monde de triple saut.
Le Burkinabé a été sacré ce lundi 21 août à Budapest avec une marque à 17,64 m pour devancer les Cubains Lazaro Martinez et Cristian Napoles. Ce succès lui a procuré une joie immense, mais c’est la réussite de son double projet qui lui procure encore plus de fierté.
Véritable compétiteur, le médaillé de bronze des Jeux Olympiques de Tokyo 2020 veille à remplir tous les objectifs qu’il se fixe, au stade comme en-dehors. Il a souvent été le premier de sa classe et occupe désormais le même rang dans la hiérarchie mondiale du triple saut hommes.
« Je me lance des défis difficiles à atteindre pour contraindre mon esprit à toujours chercher des solutions », explique-t-il lors d’une interview exclusive avec Olympics.com, au lendemain de son titre.
Zango : « Comprendre l’essence des choses »
Le natif de Ouagadougou s’est construit son palmarès à force de travail. Il est conscient de ne pas être le plus talentueux, mais s’emploie à être le meilleur. Les qualités nécessaires à son parcours universitaire viennent sublimer sa détermination et lui ont permis d’atteindre des niveaux qu’aucun Africain n’avait connu avant lui.
« Je suis toujours à la recherche. Je veux comprendre l’essence des choses. J’ai fait le doctorat parce que c’est bien beau d’avoir un diplôme d’ingénieur mais je voulais allez plus en profondeur. C’est cette essence des choses qui me stimule. Au niveau du triple saut, ça a été pareil. Depuis le début, j’ai essayé de comprendre de manière visuelle en voyant et essayant de comprendre ce que font les meilleurs. »
« J’ai essayé de comprendre plein de choses et c’est comme ça que même en étant au Burkina Faso, j’ai réussi à progresser jusqu’aux portes du très haut niveau. Cette capacité d’analyse m’a beaucoup aidé. »
Un titre mondial qui fait autant vibrer au Burkina Faso que dans son laboratoire en France
Travailler de manière logique et méthodique lui permet d’être particulièrement efficace à l’entraînement. L’entente avec Teddy Tamgho, son entraîneur, est totale car les deux hommes travaillent en profondeur avec une grande attention portée sur les détails. C’est un véritable atout quand le travail en laboratoire occupe une partie de son quotidien. « Je comprends la logique des instructions et c’est plus facile de l’accepter », avoue celui qui a gagné le titre mondial dix ans après son coach.
Cette démarche lui a permis de devenir le premier Burkinabé à remporter une médaille d’or aux Championnats du monde d’athlétisme. La performance du triple sauteur de 30 ans a été célébrée par le peuple burkinabé, mais pas uniquement. Dans le nord de la France aussi, l’émotion a été palpable.
« Mon directeur de thèse m’a laissé un message pour me dire qu’il a pleuré devant sa télévision », a avoué l’étudiant à l’Université d’Artois qui avait fait son parcours scolaire dans son pays natal jusqu’à la licence.
Il a pu compter sur sa compréhension et sa passion du sport pour mener à bien sa carrière sportive et son doctorat. Au mois d’octobre, Hugues Fabrice Zango soutiendra sa thèse intitulée Machine électrique performante à rotor externe et convertisseur intégré pour application en environnement sévère. Le deuxième grand succès de son année 2023, mais pas le dernier de sa carrière. Ses études désormais terminées, le triple sauteur va pouvoir dédier encore plus de temps au sport.
Et si cela lui permettait de vivre une année 2024 encore plus belle avec un titre olympique à Paris 2024 ?
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