Boccia : de l’Egypte antique aux équipements modernes

De 5200 avant J-C à aujourd’hui, la Boccia a traversé les époques. Aux Jeux Paralympiques de Paris 2024, les athlètes célèbreront quatre décennies d’existence au plus haut niveau international de compétition, du 29 août au 5 septembre dans l’antre de l’Arena Paris Sud.

Provenant du mot italien signifiant “boule”, la Boccia est un jeu qui a été créé bien avant d’arriver aux Jeux Paralympiques. Si des historiens ont retrouvé des gravures datant de 5200 avant J-C représentant des Egyptiens jeter des pierres, ce sport n’a fait sa première apparition au plus haut niveau international qu'en 1984, où les Jeux Paralympiques s’étaient tenus à New York (Etats-Unis) et Stoke Mandeville (Grande-Bretagne). 19 athlètes de cinq pays s’étaient affrontés cette année-là.

Quatre décennies plus tard, ce sport est l’un des plus singuliers des Jeux Paralympiques, avec pas moins de 124 athlètes attendus pour s’affronter sur les 11 épreuves (8 en individuel, 2 en paires et 1 en équipe) qui se disputeront dans la magnifique Arena Paris Sud.

Si la Boccia est souvent comparée à la pétanque ou au curling, la stratégie, la dextérité et la précision sont des qualités cruciales pour briller au plus haut niveau, rappelant des disciplines comme les échecs. Joué à l’intérieur sur un terrain plat de 12,5m x 6m, l’objectif est de rapprocher le plus possible les balles de votre couleur – rouge ou bleu – d'une balle blanche appelée “jack”, faisant référence au cochonnet à la pétanque. Individuellement ou collectivement (par équipes de 3 pour les catégories BC1 et BC2 - qui jouent dans une seule et même épreuve - et par paires pour les catégories BC3 et BC4), les athlètes jouent jusqu’à ce qu’ils parviennent à positionner leur balle en cuir de 275g plus près du jack que la balle la plus proche de l’adversaire.

Les parties sont jouées en quatre manches pour les matchs individuels et par paires – six pour les matchs par équipes - et se terminent lorsque les six balles des deux équipes sont lancées. Les points sont additionnés à la fin de chaque manche, le total permettant de définir le vainqueur du match.

Le saviez-vous ?

La Boccia est le seul sport – avec le Goalball – qui n’a pas d’équivalent aux Jeux Olympiques. Exclusivement joué en fauteuil, en raison des handicaps des joueurs, il existe quatre catégories aux Jeux Paralympiques allant de BC1 à BC4 (BC signifiant Boccia).

• BC1 : les athlètes lancent leur balle avec leur main ou leur pied. Les assistants sont autorisés mais doivent rester en dehors de la zone du joueur, pouvant néanmoins ajuster la chaise du concurrent pour lui apporter une meilleure stabilité. Ils peuvent également donner la balle au joueur quand celui-ci le demande.

• BC2 : les athlètes lancent leur balle avec leur main, mais ne sont pas autorisés à avoir d’assistant à côté d’eux.

• BC3 : les athlètes ont des dysfonctionnements importants de leurs quatre membres et n’ont pas assez de motricité pour lancer la balle. Les assistants - qui sont également médaillés dans cette catégorie car considérés comme athlètes - sont autorisés à se positionner dans la zone du joueur mais doivent rester dos au jeu. Les athlètes peuvent utiliser un pointeur avec leur bouche, leur main ou leur front, qui leur permet de pousser la balle le long d’une rampe, ajustant dans le même temps la vitesse de la balle pour rejoindre le jack.

• BC4 : les athlètes ont des dysfonctionnements importants de leurs quatre membres et ont un contrôle autonome du tronc défectueux. Ils ne sont pas autorisés à avoir d’assistant à côté d’eux.

Avec 10 médailles d’or, la République de Corée est le pays qui a obtenu le plus de titres paralympiques dans cette discipline, devant le Portugal (8) et le Brésil. Le Brésilien Dirceu Jose Pinto et le Thaïlandais Watcharaphon Vongsa ont tous les deux remporté quatre médailles d’or, plus que quiconque.

L’évolution ne s’arrête jamais

La Boccia a beaucoup progressé au fil des siècles. Initialement joué en Grèce antique, ce para sport a amélioré sa visibilité en restant fidèle à lui-même. Année après année, les athlètes ont atteint un tel niveau et ont réussi à maîtriser des coups toujours plus précis, tandis que la technique de lancer est encore meilleure et la stratégie encore plus poussée qu’autrefois. Néanmoins, l’esprit sportif et le fair-play sont toujours des compétences fondamentales pour le bon déroulement du jeu.

Le lob est un coup impressionnant que vous ne verrez dans aucun autre sport de balle. Comme son nom l'indique, le joueur lance la balle pour que celle-ci passe par-dessus celle de son adversaire afin de progresser vers le jack. Ce coup technique, très difficile à réaliser, est important car il empêche ainsi l’adversaire de reprendre le point.

Les joueurs appartenant à la catégorie BC3 ont un impact important sur l’évolution des équipements. Ce sont les seuls à pouvoir utiliser une rampe (qui aide l’athlète à positionner sa balle et à la lâcher avec précision et suffisamment de puissance, la contrôlant dans le même temps). Également, en raison de leur handicap, ils ont la possibilité s'ils sont dans le besoin de pousser la balle grâce à un pointeur – qui est une tige attachée à leur tête, à leur main ou dans leur bouche – et qui permet de créer de la vitesse dans la balle selon sa position initiale sur la rampe. Tous ces outils sont propres à ce sport et apportent une attraction encore plus accrue à la Boccia.

Qu’en est-il de la France ?

Parmi les 75 pays qui jouent à la Boccia au plus haut niveau, la France a une très courte expérience dans la discipline à l'international, la délégation tricolore ayant été officiellement reconnue en 2016 dans le pays. Les Bleus ont ainsi amené leur toute première équipe aux Jeux Paralympiques de Tokyo 2020.

Cette année, cinq athlètes représenteront la France : Jules Menard, Fayçal Meguenni, Sonia Heckel, Aurélien Fabre et Aurélie Aubert. Avec de beaux espoirs de médailles, notamment pour Sonia Heckel, actuelle numéro un mondial en BC3. Si les épreuves étaient jusqu'à présent mixtes, la Bas-Rhinoise visera donc une première médaille féminine, les compétitions hommes et dames étant désormais dissociées.