Équitation aux JO de Paris 2024 : au château de Versailles, le cheval est roi
Fort de son héritage équestre, le château de Versailles et son parc sont historiquement les candidats parfaits pour accueillir les épreuves d’équitation des Jeux de Paris 2024. Cet été, les cavaliers trotteront sur les pas de l’histoire !
Équitation et Versailles, c’est une histoire qui dure depuis quatre siècles et dans laquelle Paris 2024 entend écrire une nouvelle magnifique page. Cet héritage historique n’est d’ailleurs pas étranger au fait que le Comité d’organisation des Jeux se soit tourné vers le château et son parc pour accueillir les épreuves équestres de cette 33e olympiade moderne. Pour comprendre tout cela, remontons dans le temps et profitons des connaissances de Martine Anstett, guide conférencière pour l’Office du Tourisme de Versailles et l’Académie Équestre de Versailles depuis sa création en 2003.
Une histoire royale qui débute… à cheval
Entre Versailles et le cheval, l’histoire débute réellement au début du 17e siècle, époque à laquelle Henri IV puis Louis XIII et surtout Louis XIV profitent des espaces verdoyants de ce secteur ouest de la capitale pour y pratiquer la chasse à coure. C’est donc en tant que cavaliers que les premiers rois foulent le sol du futur parc du château, forgeant sans le savoir un premier lien entre cette terre et l’animal. Dès lors et jusqu’à nos jours, les équidés ont toujours eu un rôle à jouer dans la vie versaillaise.
Le cheval, instrument de la puissance politique royale
Sous l’Ancien Régime, le cheval est bien plus qu’un simple moyen de locomotion. “Il suffit de regarder le paysage autour du château pour s’en apercevoir. Le cheval est omniprésent. La place d’Armes sur laquelle s’élève une immense statue équestre de Louis XIV est l’exemple parfait. Les jardins du château ne sont pas en reste à l’image du bassin du char d’Apollon et ses quatre chevaux. Ces représentations statuaires en extérieur sont complétées par celles peintes en intérieur (notamment le portrait de Louis XIV par Houasse). Pour le roi, ces œuvres sont ce qu’on pourrait appeler de nos jours de “la communication politique” avec ce cheval qui devient plus qu’un simple élément artistique. Pour le monarque, savoir maîtriser sa monture est un atout indispensable qui lui permet de se distinguer et de prouver aux yeux de son peuple toute son aptitude à bien gouverner” analyse Martine Anstett.
La chasse, un “sport” équestre royal
L’édification de la Grande et de la Petite Écurie à la fin du 17e siècle marque un nouveau tournant pour la vie équine versaillaise. De 400 unités en 1680, on dénombre dans les écuries royales pas moins de 2 208 chevaux en 1787 ! Ce chiffre peut paraître démesuré mais gardons à l’esprit que l’animal est utilisé pour de nombreuses activités : déplacements, carrousels, promenades et bien sûr, la chasse (les rois Bourbons réalisaient entre 150 et 180 sorties par an !). En 1761, ce ne sont pas moins de 26 coureurs qui étaient au service de Louis XV qui changeait ainsi de monture en fonction du gibier traqué.
Une quantité qui rime tout de même avec qualité car les chevaux du souverain et de sa cour sont soigneusement sélectionnés, parfois bien au-delà des frontières du royaume. André Félibien, historiographe et contemporain du Roi Soleil, témoignait : « On voit dans les seules écuries de Versailles ce qu’on ne pourrait rencontrer ailleurs que par de longs voyages, une élite admirable de chevaux ».
Quand monter à cheval devient un art
Quantité et qualité des chevaux, mais surtout, qualité du cavalier ! Les Bourbons ont petit à petit œuvré à ce que règnent dans leurs écuries de nouveaux principes. La Grande et la Petite Écurie accueillent à partir de 1680 l'École de Versailles au sein de laquelle "aisance et technique sont désormais privilégiées, en rupture avec les méthodes plus contraignantes et guerrières du passé. L’art du dressage, tel qu’on le connaît aujourd’huin, notamment lors des épreuves olympiques et paralympiques, est né ici à Versailles !” souligne Martine Anstett.
Un art qui perdure dans le temps
La Révolution pousse le roi et sa cour à quitter le château le 6 octobre 1789. Ce départ marque un coup d'arrêt pour l'École de Versailles qui disparaîtra en 1830. Malgré tout, ses préceptes tels que la culture de l’excellence et du dressage demeurent. “Après 1830 et jusqu’à la Première Guerre mondiale, c’est l’armée et sa cavalerie qui occupent les écuries du château (l'équitation faisant partie intégrante de la formation des officiers). Notons aussi l’éphémère existence (de 1864 à 1870) d’un hippodrome, établi dans le quartier de Porchefontaine tandis que fut créé en 1954 le Club Hippique de Versailles, l’un des plus vieux clubs existant encore aujourd’hui en France” liste la guide conférencière.
Renouveau
Il faut attendre le début du 21e siècle pour qu’un nouvel élan soit insufflé. Dans une logique conciliant patrimoine et création artistique, l’Académie Équestre de Versailles voit le jour en 2003. Son statut de compagnie/école lui confère un second souffle à l’art du dressage né à Versailles quatre siècles plus tôt. Sur un plan plus sportif, en 2017, un “jumping international” se tint dans la cour de la Grande Écurie du Roi en présence de nombreux champions olympiques. Un trait d’union vers les Jeux de Paris 2024 durant lesquels dressage, saut d’obstacle et concours complet sont au programme.
Une compétition équestre dans l’enceinte du château, pas une première !
C’est un fait, l’exercice des joutes médiévales en France fut stoppé par l’accident mortel frappant le roi Henri II en 1559. C’est ainsi que d’autres activités équestres se développèrent, notamment les carrousels, ces grands spectacles équestres mettant en scène des démonstrations de dressage et de maniabilité. Au sein du domaine royal, deux carrousels se tinrent à la fin du 17e siècle, permettant aux meilleurs cavaliers de se distinguer avec notamment la course de bague et le jeu des têtes. Ces carrousels furent en quelque sorte les premières compétitions équestres organisées à Versailles (gardons à l’esprit que la notion de sport n’existe pas encore à cette époque, il s’agit avant tout d’activités ludiques), quatre siècles avant que les Jeux Olympiques et Paralympiques s'y déroulent.
En somme, l’accueil des épreuves équestres des Jeux de Paris 2024 dans le domaine de Versailles apparaît comme un juste retour à la source, une nouvelle ligne ajoutée à la longue histoire des chevaux à Versailles.
Découvrez le calendrier complet des épreuves équestres paralympiques
Découvrez le calendrier complet des épreuves équestres olympiques
Exposition : du 2 juillet au 3 novembre, Cheval en majesté, au cœur d’une civilisation
En résonnance avec les épreuves équestres des Jeux de Paris 2024, le château de Versailles présente du 2 juillet au 3 novembre 2024 une grande exposition consacrée au cheval et à la civilisation équestre en Europe. Elle explore le sujet dans ses dimensions multiples : politiques, artistiques, diplomatiques, scientifiques, spectaculaires, réelles ou imaginaires. En rassemblant plus de 300 œuvres provenant de collections publiques ou privées, françaises et majoritairement internationales, l’exposition permet de porter un regard neuf et global sur le thème du cheval.
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