À Sapporo le 7 février 1972, Beatrix Schuba s'impose grâce aux imposées
Beatrix Schuba est à ce jour la dernière championne olympique autrichienne de patinage artistique, et seulement la deuxième après Herma Szabo en 1924. Elle est aussi en 1972 la dernière championne du monde de son pays. Elle doit sa victoire à Sapporo à son excellence dans les figures imposées, une phase des compétitions qui a été abandonnée au début des années 1990.
"Figure eight", "3-turn"', "counter turn", "rocker turn", "bracket turn", 'loop'… etc. : ce sont les noms des figures imposées du patinage artistique, l'élément le plus important de la compétition jusque dans les années 1970, comptant pour 60 % de la notation finale.
Il s'agissait donc d'un ensemble de figures géométriques prédéfinies, à base de cercles que les patineurs devaient exécuter à la perfection sur la glace, sur un pied, deux pieds, sur une carre, puis sur l'autre, en avant ou en arrière.
Les juges notaient la précision de l'exécution à l'aide des traces laissées sur la glace. Ils se tenaient en rang sur la glace, au plus près des patineurs.
Les choses commencent toutefois à évoluer pour les Jeux de Sapporo en 1972, puisque la valeur de la notation pour les imposées rejoint celle du programme libre : c'est désormais du 50-50. L'autrichienne Beatrix "Trixi" Schuba entre en scène. Née le 15 avril 1951 à Vienne, elle commence très jeune le patinage artistique, à cinq ans, et se spécialise dans les "imposées" où elle excelle. Entraînée par Hellmut Seibt, elle est six fois de suite championne d'Autriche de 1967 à 1972, championne d'Europe et du monde en 1971 et le sera encore l'année suivante.
Brillantissime dans les imposées, et cela vaut de l'or
Le 4 février 1972, dans la patinoire olympique du gymnase Mikaho de Sapporo, "Trixi" Schuba est à nouveau brillantissime dans l'exercice particulier des imposées : elle prend une avance considérable sur ses rivales, à commencer par l'Américaine Julie Lynn Holmes, grâce à sa précision et sa qualité d'exécution. Si bien que les jeux sont faits. Le libre, le 7 février, ne changera rien pour la victoire. Moins à l'aise dans cette phase de la compétition, Beatrix Schuba ne prend que la septième place, tandis que l'Américaine Janet Lynn et la Canadienne Karen Magnussen s'illustrent grâce à leurs sauts et à leurs pirouettes, terminant aux deux premières places du libre.
Janet Lynn, qui était 4e après les imposées, prend le bronze, Karen Magnussen l'argent, et Trixi Schuba l'or à l'unanimité des neuf juges. Elle est la première (et la dernière à ce jour) championne olympique de patinage artistique autrichienne depuis Herma Szabo à Chamonix en 1924.
Elle conserve son titre mondial à Calgary un mois plus tard devant les deux mêmes patineuses. La presse de son pays la désigne "athlète de l'année 1972", puis la dernière championne du monde autrichienne de patinage artistique met un terme à sa carrière amateur. Trixi Schuba exerce ensuite son talent durant plusieurs années dans les tournées mondiales "Ice Follies" et "Holliday on Ice" avant de se tourner vers une carrière dans le monde de l'assurance.
Elle reste cependant proche du sport en général et du patinage artistique en particulier. Elle a été la première femme présidente de l'Association autrichienne de patinage sur glace de 2002 à 2006. Membre du comité directeur du CNO autrichien de 2004 à 2009, elle guide les jeunes patineurs en tant que dirigeante d'associations locales, à Graz d'abord, puis plus récemment dans sa ville natale de Vienne. Elle organise aussi des compétitions internationales comme le Ice Challenge à Graz.
Le patinage artistique fait sa révolution en 1990
Quant aux figures imposées en patinage artistique, leur nombre et leur valeur sont réduits. Après les Jeux de 1972, elles ne comptent plus que pour 30 % de la notation alors qu'est introduit le programme court. En 1988, l'Union internationale de patinage (ISU) décide de supprimer les imposées à partir de l'hiver 1990-1991. Les dernières compétitions les comprenant ont lieu en 1989 et 1990. Les figures imposées ne comptent plus alors que pour 20 % de la notation finale.
Depuis, les compétitions démarrent par le programme court, qui dure environ 2’30” et inclut des éléments obligatoires en termes de pirouettes, de sauts et de jeu de pieds, puis se poursuivent avec le programme libre, dont les 4 minutes à 4 minutes 30 de chorégraphie… libre sont devenues le moment le plus important tant du point de vue de la popularité que de la notation. Il n'y a plus ainsi un secteur particulier où un athlète peut prendre une avance décisive comme ce fut le cas avec les figures imposées. Elles avaient leur esthétique propre et nécessitaient une précision, une notion de l'espace et des qualités techniques particulières, sans oublier un équilibre parfait.
Beatrix Schuba fut sans doute la plus douée de tous les patineurs dans cet exercice, et en tout cas, la dernière à avoir remporté un titre olympique grâce à cette partie de la compétition.