Le public du stade de biathlon de Hochfilzen et les commentateurs TV du monde entier ont quasiment perdu leur voix en assistant à la chevauchée finale de Lowell Bailey vers le titre mondial de l’épreuve individuelle 20 km le 16 février 2017. Premier Américain médaillé d’or de son sport, il a aussi été le premier athlète de son pays sélectionné pour les Jeux de PyeongChang. Sa belle carrière a pris fin après ces Jeux qu'il a disputés à l'âge de 36 ans.
« Il y a tout juste 24 heures, j’ai franchi la ligne d’arrivée à la première place dans les Championnats du monde en Autriche. Rien qu’écrire cela semble totalement irréel. Et c’est exactement ce que j’ai ressenti ces dernières 24h. J’ai été submergé de messages de soutien des fans à travers le monde, qui m’ont envoyé leurs félicitations et m’ont dit ce qu’ils faisaient et où ils étaient quand la nouvelle est tombée : Bailey, médaille d’or, avec une avance de 3 secondes et 3/100e… », écrit Lowell Bailey le 17 février 2017, au lendemain de son formidable triomphe dans l’épreuve individuelle 20 km des Championnats du monde IBU de Hochfilzen.
Sur une piste qu’il a pratiquée des dizaines de fois depuis les Championnats du monde juniors 2000, il est tout simplement devenu le premier biathlète américain champion du monde. Le biathlon était par ailleurs le seul sport olympique d’hiver où les États-Unis ne comptaient encore aucune médaille d’or planétaire. En démarrant ses Mondiaux 2017 historiques par une 4e place dans le sprint puis une 6e dans la poursuite, il a aussi été le premier athlète de son pays à gagner sa sélection dans l’équipe des États-Unis pour les Jeux de PyeongChang 2018. « C’est un coup de booster énorme pour ma confiance ! », disait-il alors. « Ce sont à ce point les meilleurs résultats de ma carrière dans les Championnats du monde, et cela me donne la force de continuer à aller de l’avant, à l’entraînement et dans mon approche des Jeux de PyeongChang, afin de vraiment passer à l’attaque ici ». C’est ce qu’il a fait le 16 février 2017 dans la plus exigeante des épreuves du biathlon.
Dans la poursuite, Lowell Bailey, était 2e derrière le Français Martin Fourcade à la sortie du 4e et dernier passage sur le pas de tir. Mais le dernier tour de circuit lui avait été fatal, il avait « coincé » et s’était fait déborder par quatre concurrents : les Norvégiens Johannes Bø et Ole Einar Bjørndalen (argent et bronze), le Russe Anton Shipulin et le Tchèque Ondrej Moravec. Trois jours plus tard, parmi les derniers partants de l’épreuve individuelle 20 km (dossard 100), le biathlète de 35 ans n’a cette fois pas connu de défaillance. Auteur d’un magnifique 20 sur 20 au tir, il a tenu bon dans les derniers kilomètres pour signer une victoire majuscule devant Moravec et Fourcade. « Le dernier tour m’a paru durer 40 km, pas 4 km », a noté l’Américain. « Après avoir vu la médaille me glisser des mains dans la poursuite, j’ai rejoué ce dernier tour dans ma tête 1000 fois ces trois derniers jours. Je me suis juste dit que si j’avais à nouveau ma chance, je ne pouvais pas laisser la médaille s’envoler. c’est ce que je n’ai cessé de me répéter durant le dernier tour ». Sa victoire a ravi toute la famille du biathlon. « C’est un rêve, c’est comme dans un film de Disney ! », dira-t-il encore.
Quelle histoire ! Ce grand mélomane, guitariste émérite, a une très longue carrière derrière lui. Trois Championnats du monde juniors à partir de 1999, dix Championnats du monde IBU, plus de 300 départs en Coupe du monde depuis 2002, trois éditions des Jeux Olympiques en 2006, 2010 et 2014, en réussissant tout au plus à se classer quelques fois dans le top 10. Il a même délaissé son sport durant trois saisons pour se consacrer au ski de fond en championnat universitaire après avoir raté sa qualification en biathlon pour les Jeux de 2002 à Salt Lake City. Mais il aura dû attendre l’hiver 2013-2014 pour monter sur son premier podium en Coupe du monde IBU, à l’arrivée du sprint disputé à Kontiolahti (Finlande).« J’aime tous les aspects de ce sport »
Comment a fait l’enfant de Siler City en Caroline du Nord (« qui n’est pas un endroit connu pour produire des biathlètes ! », remarque-t-il), installé en famille à Lake Placid, pour rester si longtemps en équipe des États-Unis et pour progresser jusqu’à ce sommet atteint à sa onzième saison sur le circuit international ? « J’aime tous les aspects de ce sport. J’aime les défis quotidiens, même si c’est juste moi en course sur le terrain, j’aime travailler sur les petites améliorations que je peux réaliser, et vraiment, à chaque journée d’entraînement, il y a quelque chose sur lequel je travaille, c’est toujours frais, c’est toujours nouveau, et je pense que c’est pour cela que j’ai 35 ans et que je suis toujours là ».
Alors qu’il avait failli tout laisser tomber en 2016, quand son épouse Erica avait donné naissance à leur premier enfant, Ophelia, Lowell Bailey continue jusqu'à ses quatrièmes Jeux Olympiques sur le stade d'Alpensia où il dispute cinq épreuves, et obtient son meilleur résultat en relais : sixième à l'arrivée avec ses camarades américains. Il prend également la médaille de bronze en relais mixte simple avec Susan Dunklee lors des Championnats d'Europe 2019 à Ridnaun/Val Ridanna (Italie). Puis c'est la fin de sa belle carrière longue de 19 ans, après 339 départs en Coupe du monde, et surtout un titre mondial qui fait de lui un pionnier pour l'éternité.
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