"Vous voulez être entraîneure ? Vous devez dompter la douleur", explique Katie Allen, médaillée d'or olympique et entraîneure d'équipes masculines de hockey
Plus de vingt ans après avoir remporté une médaille d'or devant son public aux Jeux Olympiques de Sydney 2000, la hockeyeuse Katie Allen est toujours un modèle à suivre, cette fois pour les femmes entraîneures de haut niveau.
Aujourd'hui, si un nombre quasi identique d'hommes et de femmes sont en lice aux Jeux Olympiques, le nombre d'entraîneures demeure quant à lui peu élevé. Aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 par exemple, seuls 13 % des entraîneurs étaient des femmes.
C'est pourquoi le CIO s'efforce d'augmenter le nombre de femmes entraîneures, grâce notamment à son programme WISH (Women in Sport High-performance pathway), une initiative sur mesure déployée sur quatre ans dans le but de former une centaine de femmes à la fonction d'entraîneur de haut niveau. Cette série d'interviews en ligne consacrée aux femmes entraîneures entend servir de source d'inspiration.
De l'entraînement à temps partiel à l'entraînement de haut niveau dans le sport masculin
Katie Allen a fait ses premiers pas en tant qu'entraîneure après avoir été sélectionnée à 182 reprises en tant qu'internationale pour l'Australie, décrochant l'or non seulement aux Jeux Olympiques, mais aussi à deux Coupes du monde, aux Jeux du Commonwealth et au Trophée des champions de hockey. Elle a commencé sa carrière en tant qu'entraîneure à temps partiel pour des équipes juniors et régionales de l'État de Victoria, puis a entraîné la première équipe masculine du Camberwell Hockey Club qui évolue en Ligue 1 en Australie. L'année dernière, elle s'est installée en Espagne pour entraîner une équipe masculine de haut niveau, le Real Club de Polo de Barcelona.
Katie Allen, qui fait partie des rares femmes à être devenues entraîneures de haut niveau, dans le sport masculin notamment, affirme qu'il est vital de balayer les doutes et de surmonter le sentiment de gêne que l'on ressent.
"On se pose énormément de questions, c'est incontestable : En suis-je capable ? Ai-je les compétences nécessaires", explique-t-elle. "Or, il faut être prête à douter, à se dire qu'on ne sera peut-être pas à la hauteur."
Et de poursuivre : "Je pense que le véritable enjeu consiste à passer outre tout cela et à se dire tout simplement que c'est une chose qui nous intéresse ; il faut tenter sa chance, accepter cette douloureuse sensation de ne pas être à la hauteur, de n'arriver à rien, de ne pas se sentir à sa place, puis balayer tous ces doutes."
"C'est très difficile", admet-elle. "Soyez audacieuses, ne vous laissez pas envahir par la crainte."
Katie Allen se rappelle avoir douté pour chacun de ses postes d'entraîneur. Néanmoins, le fait d'être en proie aux doutes, à la défaite et aux échecs, et de savoir les surmonter lorsque les choses ne vont pas comme on le souhaiterait, va de pair avec la fonction.
"Vous savez, il faut avoir cette capacité à prendre du recul, à accepter la situation tout en continuant d'avancer, à chercher des solutions, à mettre les choses en perspective, à attendre le jour où vous jouez bien, où vous entraînez bien, bref à attendre que la roue tourne", explique-t-elle.
Une bonne planification est essentielle pour cela. Pour Katie Allen, tout le monde a des forces et des faiblesses, et c'est auprès de celles et ceux qui excellent dans des domaines où elle est moins performante qu'elle tente d'apprendre. S'il est certes important d'avoir une vision à long terme, Katie Allen a néanmoins toujours à cœur de remporter chaque rencontre.
"Rien ne vaut la victoire et je dois reconnaître que je suis plutôt mauvaise perdante", confie-t-elle.
Des efforts plus soutenus de la part des clubs et des équipes afin de recruter les meilleurs candidats
Selon Katie Allen, de multiples facteurs font qu'il est plus difficile pour les femmes de percer en tant qu'entraîneures. Toujours selon elle, les clubs et les équipes devraient redoubler d'efforts afin de recruter les meilleurs candidats. "Les équipes, les clubs ou encore les organisations devraient se montrer plus ouverts et chercher les meilleures candidats, indépendamment de leur sexe ou de leur pays d'origine", explique-t-elle.
Elle espère que son parcours et celui d'autres aideront le monde à se rendre compte que les femmes peuvent parfaitement assumer de telles fonctions, encourageant ainsi les recruteurs à faire preuve d'une plus grande ouverture d'esprit.