Une nouvelle génération de femmes entraîneures aux JOJ de Gangwon 2024
Le programme WISH (Women in Sport High-performance pathway), lancé par le Comité International Olympique (CIO), donne aux femmes entraîneures les moyens d'atteindre le plus haut niveau. Les entraîneures de skeleton Mun Ra-young (KOR) et Joska Le Conté (NED), l'entraîneure de snowboard Andrea Bednas (NED) ainsi que la championne olympique de curling Jennifer Dodds (GBR), qui ont toutes participé au programme, ouvrent la voie aux générations à venir lors des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) d'hiver de Gangwon 2024.
Lorsque Phonchanan Pongsak et Maturada Kanram se sont élancées en skeleton sur la piste glacée du centre de glisse d'Alpensia, elles sont entrées dans l'histoire en devenant les premières athlètes thaïlandaises à participer à une épreuve de skeleton aux Jeux Olympiques. Pour les encourager depuis le bord de la piste, une autre pionnière, bien consciente de tout ce qu'exige le fait de vouloir faire tomber des barrières.
C'est en effet l'une des rares femmes entraîneures présentes sur le circuit international de skeleton, la Coréenne Mun Ra-young, qui a guidé, en tant qu'entraîneure en chef de l'équipe thaïlandaise de skeleton, ces deux jeunes athlètes tout au long de leur parcours jusqu'aux JOJ. Mun Ra-young a mis fin à sa carrière sportive après être passée à côté d'une sélection au sein de l'équipe de la République de Corée pour les Jeux Olympiques d'hiver de PyeongChang 2018.
"Après avoir été privée de Jeux Olympiques, j'ai traversé une période très difficile", confie-t-elle. "Je n'avais qu'une idée en tête – quitter ce sport – parce que, psychologiquement, j'étais brisée. C'est pour cela que j'ai pris ma retraite. Il n'y avait aucune femme entraîneure en Corée, donc cette idée ne m'a pas traversé l'esprit. Pourtant, un an après mon départ, l'entraîneur en chef de mon équipe nationale m'a appelée pour me demander de travailler avec l'équipe junior en vue des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Lausanne 2020. Après cela, j'ai commencé à entraîner l'équipe de Thaïlande."
Avant le programme WISH, je ne me sentais pas vraiment prête à entraîner à ce niveau.
Avec à peine 10 % de femmes parmi les entraîneurs accrédités aux Jeux Olympiques d'hiver de Beijing 2022 et 13 % aux Jeux de Tokyo 2020, le programme WISH entend offrir aux femmes davantage de possibilités d'accéder à des postes d'entraîneurs de haut niveau lors de compétitions nationales, continentales et internationales, y compris lors d'événements majeurs tels que les Jeux Olympiques et les JOJ.
Financé par la Solidarité Olympique à hauteur d'un million de dollars, le programme WISH aidera une centaine de femmes sur quatre ans : il leur apprendra d'une part à développer leurs compétences de leaders, leur confiance en elles et leur carrière, et leur permettra d'autre part de bénéficier d'un mentorat individuel en matière de leadership et d'un soutien de tous les instants auprès d'un spécialiste de leur sport.
Ayant rejoint le programme WISH avec l'aval du CNO de la République de Corée, Mun Ra-young attribue à cette initiative le mérite de lui avoir donné la confiance et l'assurance nécessaires pour devenir la première Sud-Coréenne entraîneure de skeleton.
"Avant le programme WISH, je ne me sentais pas vraiment prête à entraîner à ce niveau", explique-t-elle. "Mais l'un des mentors qui m'a accompagnée dans le cadre de ce programme est psychologue du sport et elle m'a vraiment aidée à améliorer mon état d'esprit."
Ayant ouvert la voie, Mun Ra-young espère maintenant que d'autres suivront ses traces et contribueront à corriger la sous-représentation des femmes parmi les entraîneurs de haut niveau en skeleton.
"Je suis la première athlète coréenne spécialiste du bobsleigh et du skeleton à avoir rejoint ce programme international", rappelle-t-elle. "J'espère qu'une autre entraîneure coréenne ou asiatique, ou une athlète à la retraite, pourra y participer elle aussi ; nous pourrions alors créer un meilleur environnement sportif, plus égalitaire."
"Avec le recul, on se rend compte que tous les entraîneurs étaient des hommes."
Mun Ra-young n'est pas la seule entraîneure présente aux JOJ de Gangwon 2024 à avoir suivi le programme WISH. Membre de la même promotion que la Sud-Coréenne, l'ancienne spécialiste du skeleton Joska Le Conté, qui a concouru en Coupe du monde et terminé sixième aux Championnats d'Europe en 2016, assiste elle aussi aux JOJ – en tant que directrice technique de la Fédération néerlandaise de bobsleigh et de skeleton.
Elle admet n'avoir pris conscience du déséquilibre entre hommes et femmes chez les entraîneurs de haut niveau que lorsqu'elle est elle-même devenue entraîneure, après avoir pris sa retraite en tant qu'athlète.
Joska Le Conté estime que le programme a déjà joué un rôle important dans son parcours d'entraîneure. "Il est toujours bon de se perfectionner", insiste-t-elle.
J'ai trouvé très intéressant de travailler avec des mentors et très sympa de rencontrer les autres entraîneures, surtout parce qu'elles viennent de sports différents. C'est bien de pouvoir discuter avec elles, de voir nos différences, mais aussi nos points communs, afin d'apprendre les unes des autres.
"Nous sommes plus fortes que nous le pensons."
Andrea Bednas ne tarit pas d'éloges elle non plus sur le programme WISH auquel elle a participé. Aux JOJ de Gangwon 2024, elle entraîne les snowboardeuses néerlandaises Sam van Lieshout et Katja Dutu, et confie que le programme l'a aidée à faire face à des situations comme celle qu'elle a connue ici, où elle s'est retrouvée en infériorité numérique parmi les entraîneurs présents sur les pistes.
"En snowboard, il n'y a pas beaucoup de femmes entraîneures ; en fait, si vous regardez autour de vous, je suis la seule", souligne-t-elle.
C'est un peu intimidant d'être uniquement entourée d'hommes. Il faut savoir s'imposer et c'est précisément ce que nous enseigne ce programme – que nous sommes plus fortes que nous le pensons.
"J'ai déjà beaucoup plus confiance en moi."
Toujours aux JOJ de Gangwon 2024, Jennifer Dodds, championne olympique de curling, met également en pratique ce qu'elle a appris dans le cadre du programme WISH, puisqu'elle guide, en tant qu'athlète modèle, la prochaine génération en partageant l'expérience et les connaissances qu'elle a acquises tout au long de sa carrière sportive.
La médaillée d'or de Beijing 2022 estime que le programme WISH l'a aidée à prendre suffisamment confiance en elle pour endosser ce rôle de mentor.
"Je n'en suis qu'au début de mon parcours avec le programme WISH, mais grâce à lui, j'ai déjà beaucoup plus confiance en moi", déclare-t-elle.
Je peux parler aux jeunes athlètes de ma propre expérience de la compétition et les guider. En tant qu'entraîneure, c'est essentiellement ce que l'on fait aussi.
Tout comme Mun Ra-young, Joska Le Conté et Andrea Bednas, Jennifer Dodds a également constaté le manque de femmes entraîneures de haut niveau, mais elle pense que les lignes commencent à bouger, notamment grâce à des initiatives comme le programme WISH.
"Lorsque les Jeux d'hiver ont eu lieu en 2018, il me semble que 10 % seulement des entraîneurs étaient des femmes", précise-t-elle. "Or, si vous regardez ce qu'il en est aujourd'hui, je pense qu'il y a au moins six à huit femmes entraîneures sur le banc en curling. Il y a donc déjà un mieux. J'espère que nous pourrons faire en sorte que ce chiffre continue d'augmenter, et je pense que des programmes comme WISH peuvent très certainement nous y aider."
En savoir plus ici sur le programme WISH et l'engagement du CIO en faveur de l'égalité des genres
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