La jeune leader du CIO Tania Lee espère rendre le leadership sportif plus inclusif

Comme elle l'explique dans le dernier podcast en date de la série "We Have a Goal" animée par Amy Purdy, la jeune leader du CIO Tania Lee travaille actuellement sur un projet visant à autonomiser les athlètes en situation de handicap. Dans cet article, elle nous en dit plus sur ce qui l'a poussée à se lancer dans ce projet et sur les résultats qu'elle espère obtenir.

La jeune leader du CIO Tania Lee espère rendre le leadership sportif plus inclusif
© IOC Young Leaders

Dans le dernier épisode en date de la série de podcasts "We Have a Goal", produite en collaboration avec le partenaire olympique et paralympique mondial Panasonic et animée par Amy Purdy, triple médaillée paralympique en snowboard, trois jeunes leaders du CIO discutent de l'utilisation du sport pour améliorer l'inclusion dans la société.

Tania Lee, l'une des invités, explique comment le programme des jeunes leaders du CIO l'a aidée à lancer son programme pour un leadership inclusif – iLEAP, lequel s'adresse plus particulièrement aux athlètes en situation de handicap désireux de développer leurs compétences en leadership grâce au sport.

Une passion pour le sport

Bon nombre d'athlètes font leurs premiers pas en sport poussés par leurs proches, qui les encouragent à pratiquer une activité qu'ils aiment et à laquelle ils s'adonnent déjà. Ce fut le cas pour Tania Lee qui, durant son enfance en Malaisie, a appris à nager à la demande insistante de son père, quoique pour des raisons beaucoup plus pratiques.

"Mon père voulait que nous apprenions tous les techniques de survie afin de pouvoir partir en vacances à la plage", confie-t-elle. "Dans de nombreux pays développés, le sport fait partie intégrante de la vie de tous les jours, mais ce n'est pas vraiment le cas en Malaisie. Mon père, qui était dans l'armée de l'air, était pleinement conscient de l'importance du sport, raison pour laquelle nos vacances comprenaient toujours une activité sportive ludique. Comme la natation faisait partie de ces techniques à acquérir, il a voulu que nous apprenions à nager afin d'être à l'aise dans l'eau. Et comme j’ai adoré ça, j'ai continué."

Sa passion pour la natation a accompagné Tania Lee jusqu'à l'université où elle a également compris l'importance du leadership et le rôle que pouvait jouer le sport dans le développement de ce dernier. En effet, après avoir appris à nager afin d'acquérir les techniques de survie élémentaires, elle est devenue présidente de l'Association de sauvetage et de natation de son université, ce qui lui a donné l'occasion de rejoindre l'Académie Nationale Olympique de son pays et d'assister à la Session 2014 de l'Académie Internationale Olympique en Grèce.

Programme pour un leadership inclusif

Ces expériences ont permis à Tania Lee de mieux comprendre les valeurs olympiques et l'objectif de l'Olympisme, à savoir bâtir un monde meilleur par le sport. Puis, alors qu'elle travaillait pour la Malaysian Olympism in Action Society (Cercle malaisien Olympisme en action), et grâce au soutien d'un comité de travail, elle a rassemblé ses idées et mis son expérience au service de la création de son projet, iLEAP, le programme pour un leadership inclusif. Axé principalement sur l'inclusion des personnes en situation de handicap, le programme entend veiller non seulement à ce qu'elles aient accès à davantage de débouchés en sport, mais aussi à ce qu'elles acquièrent des compétences de leader en tant qu'athlètes, tout en comprenant l'utilisation qui pourrait être faite de ces aptitudes dans la société au sens large.

"En Malaisie, bon nombre de personnes possèdent d'excellentes compétences en matière de leadership, mais n'ont guère de possibilités de les développer", explique Tania Lee. "Les athlètes apprennent énormément grâce au sport ; or ces compétences, ces connaissances et ces valeurs ne sont pas correctement valorisées. On ne nous apprend pas comment transposer ces qualités dans la vie en dehors du sport ou dans une autre carrière. C'est pourquoi nous avons voulu créer ce programme de leadership afin que ces athlètes comprennent, espérons-le, que leur expérience en tant qu'athlètes peut les aider dans leur future carrière."

Alors qu'elle n'en était qu'aux premiers stades de l'élaboration de son projet, Tania Lee a découvert l'existence du programme des jeunes leaders du CIO qui, grâce à son partenaire fondateur, Panasonic, offre aux entrepreneurs sociaux en herbe des possibilités de mentorat et d'apprentissage ainsi qu'un financement afin de tirer parti du pouvoir du sport pour faire une différence au sein de leurs communautés.

"Le programme des jeunes leaders du CIO est arrivé à point nommé, car nous venions de commencer la planification de notre projet", explique Tania Lee. "Le programme m'a déjà beaucoup appris en termes d'image de marque, de marketing, d'aide à la communauté et de planification d'un projet. Tout le monde a été d'un grand soutien. En ce qui concerne la conception du projet lui-même, nous avions une idée, mais je pense qu'il est plus structuré et plus viable maintenant. Pouvoir apprendre de spécialistes et tirer parti des ressources auxquelles nous avons accès est très appréciable."

© IOC Young Leaders

Former les dirigeants sportifs de demain

Afin de former sur le long terme des dirigeants sportifs compétents, d'horizons divers, Tania Lee a axé son projet sur cinq des objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations Unies : bonne santé et bien-être (objectif 3), éducation de qualité (objectif 4), travail décent et croissance économique (objectif 8), réduction des inégalités (objectif 10) et partenariats (objectif 17). Le programme en lui-même s'articule autour de quatre piliers principaux qui ont pour mission de développer les compétences des participants, tout en veillant à ce qu'ils reçoivent des informations de qualité de la part des spécialistes de chaque domaine via des séminaires et des activités physiques.

"Lorsque nous avons commencé, nous avons identifié quatre modules de base que nous voulions déployer dans le cadre de notre programme : les valeurs sportives, une vie saine, les compétences de vie et les compétences sociales", explique Tania Lee. "Je suis diététicienne, donc je pense qu'il est très important que les athlètes sachent comment prendre soin d'eux, d'autant plus que bon nombre d'entre eux ne sont plus aussi attentifs à leur bien-être une fois à la retraite. J'ai également estimé qu'il était important d'inclure les compétences de vie, car une carrière sportive est riche d'enseignements que l'on peut ensuite transposer dans une carrière en dehors du sport. L'objectif est de faire appel à des professionnels pour nous aider à mettre en place le programme, puis d'organiser une formation pour les formateurs, avec des volontaires qui sont soit d'anciens athlètes, soit des athlètes en activité. Nous voulons leur insuffler la confiance nécessaire pour diriger le programme, puis donner des cours."

S'adapter aux circonstances

Malheureusement, comme ce fut le cas pour bien des initiatives ces dernières années, la pandémie de COVID-19 a complètement changé la façon dont le programme pour un leadership inclusif allait être lancé. À l'origine, Tania Lee prévoyait que les cours aient lieu en présentiel, de nombreuses activités – notamment pour le module consacré aux compétences de vie – reposant sur l'interaction directe afin de développer des compétences sociales clés qui ne peuvent pas être intégralement reproduites en ligne.

"Nous avons lancé la phase pilote du programme en décembre de l'année dernière, mais elle s'est déroulée en ligne car nous étions encore en pleine pandémie de COVID-19", rappelle la jeune femme. "J'aurais vraiment aimé que les séances aient lieu en présentiel afin que les activités soient plus interactives. C'était un peu compliqué. Une partie du pilier "compétences de vie" consiste par exemple à apprendre à parler avec assurance devant une caméra ou lors d'une interview, et à se présenter dans un environnement professionnel ou en public. C'est quelque chose qui est difficile à faire en ligne, car il n'y a pas vraiment de public – vous êtes juste devant votre écran. Nous avions également prévu de pratiquer certains handisports, comme le basketball en fauteuil roulant, pour mettre en avant le handisport."

Pour Tania Lee, l'objectif à long terme du projet est de faire en sorte que les personnes qui le souhaitent aient la possibilité qu'elles méritent de développer leurs compétences dans un environnement sûr. Il existe divers moyens d'y parvenir, que ce soit en assurant un équilibre entre les participants, en contribuant à l'établissement de relations plus harmonieuses avec ses amis et ses proches, ou tout simplement en veillant à ce que les personnes susceptibles d'être intéressées entendent parler du projet.

"Les participants que nous ciblons sont âgés de 15 à 17 ans pour les personnes valides, et de 15 à 30 ans pour les athlètes en situation de handicap. Nous aimerions compter au moins 30 % de participants en situation de handicap. Pour la phase pilote l'année dernière, nous sommes parvenus à un équilibre quasi parfait, ce qui est formidable. Même en termes de répartition hommes-femmes, qui n'est pas notre objectif principal, nous avons atteint la parité. Mon but premier est de sensibiliser la population et d'offrir un lieu sûr où les athlètes avec et sans handicap peuvent échanger et apprendre les uns des autres."

IOC Young Leaders Programme

The IOC Young Leaders programme, launched in 2016, empowers talents to leverage the power of sport to make a positive difference in their communities.