Forts de l'héritage de Lillehammer, les olympiens chinois entrent dans l'histoire aux Jeux de Beijing 2022
Une collaboration spéciale entre la Chine et la Norvège a permis au pays hôte des Jeux de Beijing 2022 d'aligner l'équipe la plus forte de son histoire pour une édition d'hiver.
Les succès passés de la Chine en sports d'hiver se sont essentiellement concentrés sur le patinage artistique, le ski acrobatique, le patinage de vitesse et le patinage de vitesse sur piste courte, mais lorsque Beijing s'est vu attribuer l'accueil des Jeux Olympiques d'hiver de 2022, le pays était résolu à aligner des équipes compétitives dans chaque discipline figurant au programme olympique.
Déterminé à atteindre son objectif de convertir 300 millions de personnes à travers la Chine à la pratique des sports d'hiver, le pays hôte souhaitait saisir l'occasion unique que représentait l'organisation des Jeux pour promouvoir des disciplines relativement peu connues dans le pays, comme le ski de fond, le biathlon, le saut à ski, le combiné nordique et les sports de glisse.
Étant donné le succès rencontré par la Norvège dans ces spécialités, l'Administration générale des sports de Chine a signé un protocole d'accord avec le ministère norvégien de la Culture en 2017. Cet accord devait permettre aux athlètes chinois prometteurs de s'entraîner aux côtés d'entraîneurs norvégiens à Lillehammer et d'affiner leurs compétences sur les mêmes montagnes et sites emblématiques qui avaient accueilli les Jeux Olympiques d'hiver en 1994 et les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) d'hiver en 2016.
"Après l'élection de Beijing en tant qu'hôte de la manifestation, le gouvernement chinois a promis d'organiser d'excellents Jeux Olympiques, mais à l'époque, nous avions très peu d'athlètes pouvant participer à certaines compétitions", explique Zhang Bei, capitaine de l'équipe nationale de ski de fond. Et d'ajouter : "Nous avions à cœur d'avoir des participants dans ces nouvelles disciplines comme le ski de fond, et nous voulions également que nos jeunes athlètes soient capables de réaliser de belles performances aux Jeux et qu'ils en tirent parti pour concourir dans d'autres événements."
"La Norvège est l'un des pays les plus forts, c'est pourquoi notre Comité National Olympique lui a proposé une coopération. Nous voulions apprendre aux membres de notre équipe comment s'entraîner dans ces sports, puis comment progresser. Nos partenaires norvégiens ont été de formidables conseillers."
Cette collaboration avec la Norvège a commencé par l'évaluation de milliers d'athlètes potentiels, avant que 120 d'entre eux ne soient choisis pour se rendre en Norvège pour s'entraîner. La majorité de ces athlètes n'avaient que peu ou pas d'expérience des sports d'hiver, et bon nombre d'entre eux n'avaient même jamais vu la neige auparavant.
"Nous avons évalué le niveau de 4 000 garçons et filles qui étaient des athlètes prometteurs, et nos partenaires norvégiens sont également venus en Chine afin d'observer les athlètes et sélectionner ceux qu'ils pensaient être bons", explique Zhang Bei. Et de poursuivre : "En tout, nous avons identifié près de 120 athlètes, qui se sont ensuite rendus en Norvège pour s'entraîner. S'agissant du ski de fond, nous avons recherché des athlètes qui avaient une très bonne capacité d'endurance. Mais nous avons également recherché ceux qui étaient très motivés et désireux de participer aux Jeux Olympiques."
Le premier groupe d’athlètes chinois est arrivé en Norvège en 2018 pour une formation intensive de six mois dispensée par les meilleurs entraîneurs de sports d'hiver du pays.
Ainsi que l'a précisé Trond Harberg, directeur général de la Haute école norvégienne des sports, lequel a supervisé le programme d'entraînement en ski de fond à Lillehammer : "Les athlètes ont été bien entraînés mais comme ils n'avaient aucune compétence en ski, le défi à relever était grand. Nous avons dû les former entièrement, mais leur éthique de travail est très rigoureuse. Leurs progrès ont été plutôt satisfaisants."
De fait, leurs progrès ont été si bons que la Chine a réussi à aligner la plus grande équipe de skieurs de fond de son histoire aux Jeux de Beijing 2022, ses 12 athlètes s'étant entraînés en Norvège avant les Jeux. À titre de comparaison, le pays n'était représenté que par quatre athlètes en ski de fond aux Jeux Olympiques d'hiver de PyeongChang 2018 et de Sotchi 2014.
"En ski de fond, nous sommes vraiment partis de zéro, mais la progression a été excellente", commente Zhang Bei. "Il existe évidemment encore des écarts entre ces athlètes et les athlètes confirmés et expérimentés. Mais ils sont devenus assez bons pour former une équipe en lice aux Jeux Olympiques. C'est une occasion incroyable pour eux, et pour nous tous."
Les résultats décrochés à Beijing mettent en évidence l'impact de ce programme d'entraînement. La Chine a obtenu certains des meilleurs résultats de son histoire en ski de fond, notamment une dixième place dans le relais 4 x 5 km féminin.
Mais ces efforts n'auraient pas été possibles sans les sites et les installations d'entraînement de classe mondiale disponibles à Lillehammer, lesquels sont un héritage de l'accueil des Jeux Olympiques d'hiver en 1994 et des JOJ d'hiver en 2016.
Plus particulièrement, citons la création du centre sportif de l'héritage olympique de Lillehammer, lequel a ouvert ses portes en décembre 2017 et a permis à de jeunes athlètes, comme ceux originaires de Chine, de se rendre en Norvège pour s'entraîner dans ce centre d'excellence international. Financé par le ministère norvégien de la Culture et un don d'un million de couronnes norvégiennes de la part du CIO, ce centre a formé un total de 500 athlètes de 39 pays au cours de l'année 2020, couvrant un éventail de disciplines allant du curling aux sports de glisse et au saut à ski, en passant par le biathlon et le ski de fond paralympiques. Le village olympique de la jeunesse, construit pour accueillir les étudiants avant les JOJ de 2016 grâce à une contribution de 13,5 millions d'euros du CIO, sert également d'hébergement pour les camps d'été organisés par le centre.
Ainsi que l'explique Erik Ulateig, directeur général du centre sportif de l'héritage olympique : "C'est un héritage des Jeux Olympiques d'hiver qui ont été organisés à Lillehammer en 1994. Nous avons une école pour les athlètes, c'est également ici qu'ont eu lieu les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2016. De plus, nous pouvons compter sur une organisation consacrée à l’héritage des Jeux. Nous disposons donc d'une infrastructure qui nous permet d'accueillir les athlètes d'autres pays."
Aujourd'hui, les athlètes chinois qui ont affiné leurs compétences à Lillehammer sont une source d'inspiration pour une nouvelle génération de jeunes athlètes dans le pays hôte grâce à leurs performances historiques aux Jeux de Beijing 2022 – un nouvel héritage à mettre au crédit de ces Jeux Olympiques d'hiver.