Femme et sport: Un grand bond en avant

Lorsque la Britannique Nicola Adams a porté son ultime coup de poing et ainsi remporté la première médaille d’or olympique de boxe féminine aux Jeux Olympiques de 2012 à Londres, l’instant a été fantastique pour cette boxeuse de 29 ans mais aussi pour bien des filles et jeunes femmes du monde entier.

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© 2012 / Comité International Olympique (CIO) / FURLONG, Christopher

Grâce à l’ajout de la boxe féminine aux Jeux à Londres, les femmes ont pu concourir, pour la première fois de l’histoire des Jeux Olympiques, dans tous les sports au programme. Deux ans plus tard, aux Jeux Olympiques d’hiver à Sotchi, une nouvelle étape a été franchie avec l’inclusion du saut à ski féminin.

Telles sont les plus récentes avancées en termes d’égalité des sexes aux Jeux. Au fil du siècle écoulé, la participation féminine sur la scène olympique a crû sans faillir grâce à l’action soutenue du CIO, en coopération avec les Fédérations Internationales et les Comités Nationaux Olympiques (CNO).

À l’origine, quand les femmes ont pris part aux Jeux Olympiques de 1900 à  Paris, elles n’étaient que 22 sur 997 athlètes, soit seulement 2,2 %. Depuis,  leur participation n’a cessé d’augmenter. Les Jeux Olympiques de la Jeunesse à Nanjing ont établi un nouveau record avec une participation féminine de 49 %, un pas de géant qui montre que la parité est très proche. Le pourcentage d’olympiennes à Londres et à Sotchi, respectivement de 44 et 40 %, est également prometteur et est le résultat d’une action résolue depuis plus d’un siècle, tandis que le monde reconnaît désormais l’importance du sport pour tous.

Avec le temps, les exploits aux Jeux Olympiques d’athlètes féminines légendaires comme Babe Didrikson, Sonja Henie, Nadia Coma˘ neci ou Jackie Joyner-Kersee, ont été sources d’inspiration pour les femmes du monde entier. Et des héroïnes comme Nawal Moutawakel ont aidé à faire tomber des barrières pour les filles de toute la planète.

Leurs prouesses ont ouvert la voie pour que d’autres réalisent leurs rêves aux Jeux. Et aujourd’hui, les 204 CNO reconnus comptent des olympiennes dans leurs rangs, qui sont autant de modèles pour les générations qui suivent. En effet, après la première participation d’athlètes féminines du Brunei Darussalam, d’Arabie saoudite et du Qatar aux Jeux de 2012 à Londres, tous les 204 CNO ont désormais intégré des femmes dans leurs équipes sur la scène olympique.

Pour que leur nombre continue de croître, les dirigeants ont un rôle décisif à jouer. Des politiques claires et des programmes ciblés sont nécessaires pour qu’à l’égal des garçons, filles et femmes aient accès au sport à tous les niveaux. «Le sport peut contribuer à la responsabilisation des femmes et des filles au niveau social, économique et politique, ceci est clairement reconnu par la société civile, le Mouvement olympique et autres», estime le Cheik Al-Fahad Al-Sabah, membre du CIO et président de l’Association des CNO (ACNO). «Il faut donc agir désormais en ce sens et proposer tout le bénéfice du sport aux femmes et aux filles.»

Mais l’action du Mouvement olympique ne se concentre pas seulement sur une plus grande participation des femmes aux Jeux. Elle a aussi pour but d’accroître leur présence aux postes à responsabilités dans le sport.

«Le combat n’est pas terminé, ajoute le Cheik Al-Sabah. Les femmes doivent être présentes dans les organes dirigeants, les affaires et les médias sportifs. Elles ne sont pas un groupe isolé dans notre société mais constituent la moitié de la population mondiale, sinon plus. Les femmes sont éduquées, elles ont la force, l’endurance  et la volonté. Rien ne justifie qu’elles soient laissées pour compte.

«J’appelle tous les dirigeants des CNO, en particulier, et l’ensemble du Mouvement olympique, hommes et femmes, à conduire le changement en créant un environnement et des occasions qui rendront nos sociétés meilleures et plus ouvertes à tous.»

Pour atteindre ces objectifs, le CIO s’est fixé comme but en 1996 de réserver au moins 20 % des fonctions de décision aux femmes avant la fin 2005. Depuis, un nombre croissant de CNO et de FI ont démontré leur volonté de parvenir à la parité. Douze femmes sont actuellement présidentes de CNO et trente sont secrétaires générales. En outre, un nombre croissant d’entre elles ont des fonctions dirigeantes à titre de vice-présidentes, secrétaires générales adjointes ou trésorières mais, comme l’a déclaré le Cheik Al-Sabah, le combat n’est pas terminé.

Ainsi le CIO montre-t-il l’exemple en termes de représentation féminine dans sa structure interne. Il y avait deux femmes membres du CIO en 1981, elles sont 24 à présent. En outre, quatre d’entre elles occupent l’un des quinze sièges de la commission exécutive du CIO, le nombre le plus élevé de l’histoire. Et de plus en plus de femmes président une commission du CIO, comme la commission de coordination pour les Jeux Olympiques de 2016 à Rio (Nawal El Moutawakel), celle des Jeux Olympiques d’hiver de 2018 à PyeongChang (Gunilla Lindberg) et des 2es Jeux Olympiques de la Jeunesse d’hiver de 2016 à Lillehammer (Angela Ruggiero), et aussi la commission femme et sport (Lydia Nsekera), et celle des athlètes (Claudia Bokel).

Cette dernière, ancienne escrimeuse allemande, qui a gagné l’argent par équipes à Athènes en 2004, est aussi membre de la commission exécutive. Elle estime que «le sport est une opportunité fantastique pour les filles et les femmes. Il impose ses propres critères d’équité: les différences de classes, races, d’orientations sexuelles ou encore de revenus sont gommées sur les terrains.

Il apporte des opportunités pour faire tomber les barrières et les stéréotypes négatifs.

«Je suis fière de figurer parmi les athlètes féminines qui rendent au sport ce qu’il leur a apporté du temps de leur carrière sportive. Et j’appelle tous mes collègues athlètes, hommes et femmes, à promouvoir et encourager la pratique sportive des femmes. Vous pouvez faire la différence. Le sport est un excellent moyen d’atteindre l’égalité. Si nous y parvenons en sport, nous pourrons le faire dans la société.»

En dépit de ces efforts, le CIO est conscient qu’il reste énormément à faire pour atteindre l’égalité. À cette fin, la commission femme et sport du CIO a demandé à l’université de Loughborough (Grande-Bretagne), une étude sur le recrutement des femmes au sein des comités exécutifs des CNO et des FI, de définir les obstacles qui empêchent toujours les femmes d’occuper des postes à responsabilités et de proposer des indicateurs clés de performance en vue  de leur élection.

Le rapport a conclu que de nombreuses barrières empêchent toujours les femmes d’accéder aux fonctions de décision, ce qu’ont mentionné aussi les participants à la 5e Conférence mondiale femme et sport de 2012 à Los Angeles.

Le CIO s’efforce avec détermination de régler le problème de diverses manières. Il propose aux femmes des formations, du tutorat et des opportunités pour créer leurs réseaux au sein des CNO et des fédérations nationales pour les préparer aux élections. En 1995, le CIO a créé un groupe de travail femme et sport, devenu commission à part entière en 2004. Sa mission est d’inciter les femmes à participer aux Jeux Olympiques et au sport en général, à accroître leur  nombre au sein des instances dirigeantes sportives, à sensibiliser et à diffuser l’information.

«En 2015, le CIO célèbrera un jalon important: les 20 ans d’existence du groupe de travail sur la femme et le sport, devenu plus tard commission à part entière», rappelle l’actuelle présidente de la commission, Lydia Nsekera. «C’est là une autre occasion de célébrer les réalisations de ces formidables athlètes féminines qui jouent un rôle de modèle important et qui sont des mentors pour les jeunes filles du monde entier. Elles prouvent que les femmes peuvent répondre aux attentes de la société et réaliser leurs rêves malgré les obstacles qui se dressent devant elles.

«Nous avons encore un long chemin à parcourir avant d’atteindre l’égalité complète. Cela n’arrivera que si tous  les sportifs et sportives, olympiens et dirigeants prennent l’engagement solennel de montrer la voie du changement.»

Aujourd’hui, le sport, comme ailleurs dans la société, est loin de l’équilibre entre les sexes. Mais un potentiel énorme de coopération existe en faveur d’actions conjointes et déterminées pour l’évolution des femmes. Pour accomplir de réels progrès dans cette quête de l’égalité des sexes, le CIO a signé en avril un accord historique avec les Nations Unies, sur l’utilisation du sport pour développer les capacités à diriger chez les adolescentes et traiter les violences sexistes dont les femmes sont victimes dans le monde entier. Cet accord prévoit une collaboration étroite avec les CNO, les FI et diverses structures des Nations Unies (envoyés spéciaux, ambassadeurs de bonne volonté, agences et fonds) en vue d’un système durable propre à responsabiliser les femmes sur le terrain dans les divers pays.

Néanmoins, la parité ne sera pas atteinte si seules les femmes contribuent au changement. Au fil des ans, le mouvement pour l’égalité des sexes a été conçu comme un combat mené uniquement par les femmes pour les femmes. Il ne s’agit cependant pas d’une lutte féministe mais d’un mouvement de solidarité qui rassemble une moitié de l’humanité en soutien de l’autre. Plus qu’une question féminine, l’inégalité des sexes est une question de droits de l’homme.

Lydia Nsekera ajoute: «J’appelle toutes les femmes à se préparer à travailler dur avec les hommes pour éliminer les obstacles existants. Nous devons mettre un terme à l’idée fausse selon laquelle la condition féminine et l’égalité des sexes sont des questions qui ne concernent que les femmes. Les progrès que nous visons ne peuvent pas être accomplis par des femmes qui se battent uniquement pour elles-mêmes. La coopération des hommes est nécessaire.»

La nécessité pour les hommes de s’engager à résoudre les inégalités et la discrimination auxquelles les femmes sont confrontées dans le monde entier a été soulignée par la nouvelle campagne mondiale des Nations Unies «Lui pour elle» qui a pour but de rallier 100 000 hommes et garçons à la lutte pour l’égalité  des sexes.

Cette initiative a été lancée en septembre 2014 par l’actrice britannique et ambassadrice de bonne volonté des Nations Unies Emma Watson dans  un discours passionné au siège des Nations Unies, où elle a formellement invité tous les hommes à participer à la discussion sur l’égalité des sexes. «C’est votre problème également, a-t-elle déclaré.

«Nous voulons nous efforcer de convaincre autant d’hommes et de garçons que possible pour qu’ils deviennent les défenseurs du changement. Nous ne voulons pas qu’en parler mais aussi nous efforcer de le rendre tangible.»

Après les progrès du siècle précédent, les Jeux Olympiques continuent d’offrir des succès concrets dans la lutte pour l’égalité des sexes. Et le Mouvement olympique paraît prêt à jouer un rôle significatif dans ce combat durant les prochaines années, dans le sport comme dans la société en général.