Dix ans après la création des JOJ, rencontre avec les meilleurs athlètes de ces Jeux

Les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) ont montré qu’ils étaient un mélange novateur de sport d’élite, de culture et d’éducation, mais ils sont aussi l’incubateur idéal pour ceux qui ont des ambitions sérieuses. Si tous ces jeunes athlètes ne représentent plus forcément leur pays par la suite, ceux qui le font citent souvent leur expérience aux JOJ lorsqu’il s’agit de s’adapter à la scène olympique.

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Dix ans après la création des JOJ, rencontre avec les meilleurs athlètes de ces Jeux
© Getty Images

Dix ans se sont écoulés depuis la 119e Session du CIO, lorsque l’ancien président du CIO Jacques Rogge annonça officiellement la création des Jeux Olympiques de la Jeunesse, et les participants à ces quatre premières éditions sont impressionnants. Prenez Chad le Clos, qui a utilisé Singapour 2010 comme tremplin pour Londres 2012, où il a décroché l’or au 200m papillon. “Singapour a été ma première grande expérience”, a-t-il dit lors de sa visite aux JOJ de Nanjing 2014. “J’y ai appris plein de choses : la gestion du temps, la gestion des médias, les contrôles antidopage, les conférences de presse, les cérémonies de remise des médailles, etc. Ces Jeux m’ont ouvert les yeux. Avant cela, je pensais qu’il fallait juste plonger et nager. Du coup, j’étais beaucoup plus à l’aise à Londres.”

Et Le Clos n’est pas le seul exemple. Le boxeur cubain Robeisy Ramirez qui avait remporté l’épreuve des 54kg à Singapour a également décroché l’or à Londres 2012. Il est ensuite venu à bout de Shakur Stevenson (lui-même champion des JOJ de Nanjing 2014) pour s’imposer à Rio 2016. Stevenson est devenu professionnel et a été surnommé “le nouveau Floyd Mayweather” par Mayweather en personne.

La Britannique Jade Jones s’est aussi démarquée dans son sport, le taekwondo. Elle a développé son style combattif lorsqu’elle a remporté le titre à Singapour. “J’ai acquis mon expérience ici. C’est une configuration olympique”, a-t-elle dit après la finale. “Je sais donc à quoi m’attendre à Londres. Il faut juste que je gagne toujours et encore.” Et elle a gagné. Elle a perfectionné ses mouvements jusqu’à monter sur la plus haute marche du podium aux Jeux Olympiques tenus dans son pays natal, mais aussi à Rio 2016.

Autres athlètes notables des premiers JOJ : l’Australienne spécialiste du canoë Jessica Fox, qui a décroché le bronze à Rio 2016 après l’argent à Londres; Tom Daley, le plongeur britannique champion du monde du tremplin 10m puis médaillé de bronze à Londres 2012; et Koki Niwa, le double médaillé d’or des JOJ aujourd’hui considéré comme le grand espoir du tennis de table japonais.

L’escrimeur Alex Massialas est quant à lui devenu le premier athlète des États-Unis à décrocher une médaille à la fois aux JOJ et aux Jeux Olympiques, en remportant l’argent au fleuret à Singapour et à Rio 2016. Aujourd’hui numéro un mondial, il vise la plus haute marche du podium à Tokyo 2020.

Les athlètes des JOJ d’hiver ne sont pas en reste. À Innsbruck 2012, la Japonaise de 15 ans Sara Takanashi a remporté la première compétition des Jeux, le saut à ski féminin (cette épreuve a fait ses débuts olympiques aux JOJ, avant d’être ajoutée au programme des Jeux de Sotchi 2014). Takanashi est devenue depuis une des athlètes les plus couronnées de succès dans l’histoire de ce sport, avec cinq médailles aux Championnats du monde.

Des exploits similaires ont été vus dans d’autres sports. La patineuse artistique russe Liza Tuktamysheva et la lugeuse allemande Jacqueline Lölling sont toutes deux devenues championnes du monde dans leurs sports depuis leur victoire aux JOJ. Le Norvégien spécialiste du slopestyle Tiril Sjåstad Christiansen a décroché un titre aux X Games, tandis que la patineuse de vitesse sur piste courte de la République de Corée Suk Hee Shim faisait partie de l’équipe féminine qui a remporté le relais 3 000m à Sotchi 2014. Les médaillés des JOJ Summer Britcher (USA, luge), Aaron Blunck (USA, ski acrobatique) et Benjamin Maier (Autriche, bobsleigh) font aussi beaucoup parler d’eux.

La biathlète allemande Franziska Preuss était probablement LA star en Autriche lorsqu’elle a décroché trois médailles d’or et une d’argent. Elle aussi a commencé à faire sensation chez les seniors. “J’ai beaucoup appris à Innsbruck; ces JOJ ont changé ma vie”, a-t-elle déclaré quatre ans plus tard. “Comment gagner le cœur de la foule, comment gérer les médias. J’ai décidé de vraiment m’entraîner au maximum, car pour moi les Jeux Olympiques méritent une attention constante.”

Et inévitablement, trois ans plus tard, certains des meilleurs athlètes de Nanjing 2014 commencent à se faire remarquer chez les grands. La plus notable est peut-être l’haltérophile Sara Ahmed. Après avoir remporté l’or aux JOJ, elle a décroché le bronze à Rio 2016, devenant ainsi la toute première femme médaillée olympique d’Égypte. Le Zambien Sydney Siame, médaillé d’or du 100m, espère pour sa part combler le vide laissé par Usain Bolt qui a arrêté la compétition. À tout juste 19 ans, il a réalisé un temps remarquable de 9,87 secondes lors de la qualification pour les Championnats du monde d’athlétisme 2017.

Le golf a fait ses débuts olympiques aux JOJ de Nanjing (un autre sport qui sera ajouté au programme des Jeux Olympiques deux ans plus tard), et la médaille d’or a été remportée par l’Italien Renato Paratore. Celui-ci est aujourd’hui un brillant professionnel et sa victoire au Nordea Masters cette année fait de lui le plus jeune vainqueur du Tour européen depuis 2013.

La Thaïlandaise spécialiste du taekwondo Panipak Wongpattanakit est une autre médaillée d’or des JOJ devenue championne du monde (en 2015), tandis que les Chinois Fan Zhendong (tennis de table) et Wang Yan (gymnastique) ont le potentiel pour ajouter à leurs médailles de Nanjing 2014 des places sur les podiums mondiaux et olympiques.

Quant à la plus belle histoire de Nanjing 2014, c’est peut-être celle du nageur australien Kyle Chalmers, qui était passé quasiment inaperçu en 2014. Il avait pourtant décroché trois médailles de bronze en relais. À Rio 2016, un mois après son 18e anniversaire, il remporte l’or de manière spectaculaire sur le 100m nage libre. Mais un an plus tard, Chalmers se fait opérer du cœur, atteint d’une maladie rare. Il devrait être bientôt de retour dans les bassins.

Les participants aux Jeux Olympiques de la Jeunesse d’hiver de Lillehammer 2016 seront les prochains à faire sensation. Soixante-quatre athlètes d’Innsbruck 2012 avaient concouru à Sotchi 2014 et ils devraient être encore plus nombreux à PyeongChang 2018.

La snowboardeuse des États-Unis Chloe Kim est certes un cas exceptionnel (elle est célèbre depuis l’âge de 13 ans) et il sera intéressant de voir si d’autres athlètes comme son compatriote River Radamus, qui a dominé le ski alpin masculin à Lillehammer, pourront passer sur le podium des grands. Autres athlètes à suivre de près : la skieuse suisse Mélanie Meillard, qui enregistre d’excellentes performances sur le circuit FIS, et Magnus Kim de la République de Corée, qui a remporté l’or en ski de fond aux Jeux asiatiques d’hiver. Il sera prêt à tout pour décrocher la même médaille dans son pays natal en février prochain.