Diffusion des Jeux Olympiques via le cloud : la technologie au service de la mise en récit

En termes simples, l'empreinte de la diffusion des Jeux Olympiques de Tokyo 2020 sera de 30 %  inférieure à celle de Rio 2016, tandis que la production de contenus connaîtra une hausse de 30 %  environ. Si l'on ajoute que la technologie permet, grâce à un éventail de nouveaux moyens, de raconter les histoires des Jeux,  on comprend l'enthousiasme du patron d'OBS, Yiannis Exarchos, à dévoiler de nouvelles perspective.

Diffusion des Jeux Olympiques via le cloud : la technologie au service de la mise en récit
© IOC

Le défi qui est de produire plus de 9 000 heures de contenu sportif durant 17 jours dans le contexte actuel existe très clairement. Mais pour le directeur général d'Olympic Broadcasting Services (OBS), Yiannis Exarchos, toute la question est d'aborder ce défi sous un angle différent.

“Il ne faut jamais qu'une crise majeure soit inutilisée ou inexploitée,” déclare Yiannis Exarchos. “ Examinons les leçons qu'elle nous donne et mettons à profit toutes les opportunités afin de faire ce qu'il se doit de façon à diminuer l'impact sur l'environnement et les villes hôtes des Jeux, mais en même temps gardons notre enthousiasme.”

“Pour moi, il ne s'agit pas d'adopter une approche défensive, mais au contraire une approche très offensive. Nous voulons faire plus avec moins. Nous voulons produire des contenus plus captivants, nous voulons réaffecter les ressources là où le bons sens est d'innover, d'expérimenter les Jeux et les sports sous des formes nouvelles plutôt que de dépenser et d'investir dans des opérations de diffusion traditionnelles. Et donc toute solution qui va dans ce sens m’enthousiasme. Mais en fin de compte, ce qui me passionne avant tout en tant que diffuseur et producteur, c'est de voir la technologie se mettre au service du "storytelling" (mise en récit). J'aime la technologie mais l'art de raconter des histoires me passionne encore plus.”

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Cette approche est d'autant plus motivante quand elle se traduit par des actes.

“La technologie permet cela via le monde des données, l'univers de la réalité augmentée et le monde potentiel de la réalité virtuelle - autant d'aspects que nous essaierons de commencer à introduire à Tokyo et pour les prochains Jeux” explique Yiannis Exarchos.

En termes de contenus, une telle innovation signifie une plus grande couverture dans différents formats, avec la nécessité de donner la priorité aux réseaux sociaux et aux médias numériques.  La plateforme en ligne  Content+, par exemple, qui offre avant tout des contenus numériques de courte durée, aura un rôle  beaucoup plus important à jouer à Tokyo qu'elle n'en a eu auparavant. “Les diffuseurs  pourront utiliser ces contenus, les réadapter; ils pourront pratiquement le faire depuis leurs téléphones portables,  à l'arrière de leur voiture,” explique Yiannis Exarchos en souriant.

© Yiannis Exarchos - IOC

Cela implique que la couverture des coulisses offrira désormais bien plus, les utilisateurs pouvant ainsi mieux appréhender ce que signifie être un athlète olympique. Les innovations ne se limiteront toutefois pas à ce qui se passe en dehors du terrain, la couverture des Jeux de Tokyo 2020 sera la première à être produite localement en Ultra HD 4K, une opération que Yiannis Exarchos n'était pas “sûr de pouvoir réaliser” il y a seulement quelques mois. 

Il ne s'agit pas de consommer la technologie, Il s'agit d'expérimenter une meilleure façon de raconter les histoires des plus grands athlètes du monde.
Yiannis Exarchos

Un aspect crucial toutefois, la technologie fait également une différence de taille en intervenant dans les coulisses. Examinez  les dessous de la production pour Tokyo 2020 et vous verrez les changements majeurs qui ont permis aux plus grands diffuseurs du monde de modifier leur façon de planifier et de couvrir le plus prestigieux événement sportif au monde. Et cela, pour concilier le désir d'avoir plus de contenus de différents types avec la nécessité de réduire radicalement l'empreinte et la complexité des opérations de diffusion tout en respectant les exigences du travail  durant la pandémie de la COVID-19.

“Ce compromis a été possible grâce à l'adoption massive des technologies IP de la part d'OBS, mais aussi et surtout  grâce à l'intégration massive des services cloud,” ajoute Yiannis Exarchos .

“Nous avons eu de la chance d'avoir  le groupe Alibaba comme partenaire olympique TOP. Alibaba est l'un des acteurs clés dans le monde de la technologie cloud. En collaboration avec le groupe nous avons mis au point ce que nous appelons le cloud OBS, une plateforme qui permet aux diffuseurs de recevoir à distance des contenus sur le nuage  et de travailler sur ces contenus à distance sur la base du nuage.”

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Tout comme d'autres innovations, celle-ci permet aux diffuseurs de réaliser une part importante de leur travail, de la post-production au commentaire, depuis leur propre pays. Il s'agit là d'un avantage dans tous les sens du terme.

“Ce que nous attendons avant tout des diffuseurs et nous sommes du reste prêts à les aider, c'est qu'ils réduisent la présence du personnel chargé de la diffusion,  un travail qui peut être fait partout dans le monde,” souligne Exarchos . “Expédier des serveurs et installer des équipements dans une ville pour des systèmes et applications qui peuvent être stockés sur le cloud est l'une des choses que nous voulons éviter.”

Et ils ont réussi à le faire. La surface du Centre International de Radio-Télévision (CIRTV) à Tokyo va être  réduite d'un quart par rapport à celle de Rio, avec  27 % de diffuseurs en moins. C'est la tendance actuelle. Le CIRTV des Jeux Olympiques de Beijing 2022 a diminué sa surface et le comité d'organisation des Jeux a pu y ajouter le Centre de Presse Principal.

Toute ces mesures prises en parallèle avec d'autres mesures comme la centralisation du matériel technique dans le CIRTV, en dehors des sites de compétition donc, signifient moins d’énergie, moins de transport, moins d'hébergement et finalement des émissions de CO2 réduites.

“Si vous avez un journaliste dans la zone mixte, vous pouvez recevoir toutes les données dans votre pays d'origine,” confirme Yiannis Exarchos .

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C'est un facteur déterminant. Le responsable d'OBS en connaît les limites, les liens qui unissent les humains avec le sport et les athlètes resteront essentiels mais c'est la forme qui peut être modifiée.

Il ne fait aucun doute que la pandémie de COVID-19 a accéléré l'adoption d'une production à distance avec, pour les diffuseurs, la contrainte d'innover au quotidien dans leur pays. Face au besoin potentiel de distanciation physique sur place à Tokyo, la surface dont disposait les diffuseurs a été réduite de 30 % par rapport à ce qui avait été prévu à l'origine;  de nouveau, une mesure à laquelle la plupart sont habitués.

Le fait d'avoir le Japon comme pays hôte des prochains Jeux et la Chine pour les Jeux à suivre  “a beaucoup  aidé” selon Yiannis Exarchos,  les organisateurs de ces deux pays étant “très enclins à adopter les nouvelles technologies”. Alors que le diffuseur hôte du Japon, NHK  produit une offre de radiodiffusion complète en 8K , un format qui  “s'adapte aux limites de l’œil humain” et que la 5G prend de plus en plus d'importance pour Beijing 2022 et au-delà, les Jeux ne devraient apparaître que meilleurs.