Pour Cécile Landi, olympienne et entraîneure de Simone Biles, "les femmes commencent enfin à obtenir la reconnaissance qu'elles méritent"

Alors que les Jeux Olympiques affichent une représentation hommes-femmes de plus en plus égalitaire – 48 % des athlètes aux Jeux de Tokyo 2020 étaient des femmes et la parité devrait être atteinte aux Jeux de Paris 2024 – le nombre de femmes entraîneures au niveau du sport d'élite demeure quant à lui particulièrement bas. Dans cette série d'articles, le Comité International Olympique (CIO) met à l'honneur des femmes entraîneures qui ont surmonté ces obstacles et sont une source d'inspiration pour les jeunes générations. Cécile Landi, qui entraîne Simone Biles, est l'une d'entre elles.

Pour Cécile Landi, olympienne et entraîneure de Simone Biles, "les femmes commencent enfin à obtenir la reconnaissance qu'elles méritent"
© 2021 Getty Images

La gymnaste Cécile Landi, laquelle a concouru pour la France aux Jeux Olympiques d'Atlanta 1996, entraîne en effet aujourd'hui Simone Biles, la gymnaste la plus titrée de l'histoire. Cécile Landi a constaté des progrès pour les femmes dans de nombreux domaines dans et par le sport, et affirme que – à part en gymnastique – les hommes ont toujours eu plus de temps d'antenne à la télévision, mais que cela est en train de changer. Les femmes commencent enfin à obtenir la reconnaissance qu'elles méritent.

Ces progrès ont été favorisés par les efforts déployés par le CIO s'agissant des calendriers sportifs notamment. Ils ont permis aux épreuves féminines de bénéficier des mêmes possibilités de diffusion en termes d'horaires et d'audience. Augmenter le nombre d'épreuves féminines aux heures de grande écoute sur les territoires clés peut faire une réelle différence en renforçant la visibilité et la notoriété du sport féminin.

Dans le même temps, avec des athlètes telles que Serena Williams et Simone Biles qui atteignent de nouveaux sommets dans leurs sports respectifs, les perceptions du public changent. "Je pense que la situation évolue dans le bon sens car les femmes repoussent les limites et battent des records", a déclaré Cécile Landi, ajoutant que de nombreuses femmes signent également des contrats de parrainage.

"Les lignes sont en train de bouger", a-t-elle affirmé. "Mais comme vous le savez, on peut toujours faire mieux." Et d'ajouter : "Des stéréotypes persistent, par exemple, celui selon lequel les femmes ne seraient peut-être pas aussi fortes que les hommes."

"Or je suis convaincue que mentalement nous pouvons gérer beaucoup plus que certains des hommes qui nous entourent."

Les femmes entraîneures comprennent les pressions exercées sur les jeunes femmes

Gymnaste elle-même, Cécile Landi – dont le nom de jeune fille était Cécile Canqueteau – a concouru pour la France lors des Championnats du monde de 1994 et 1995, puis aux Jeux Olympiques d'Atlanta 1996. Elle a arrêté la gymnastique de haut niveau en 1999 mais a continué de concourir pour son club jusqu'en 2002.

Elle a ensuite entraîné pendant quatre ans en France, avant de s'installer aux États-Unis en 2004. En octobre 2017, elle a commencé à entraîner Simone Biles avec son mari Laurent.

Cécile Landi affirme qu'en tant que femme entraîneure, elle comprend les pressions qui pèsent sur les jeunes femmes, notamment au niveau des régimes alimentaires et des changements morphologiques. La puberté donne un coup de pouce aux gymnastes masculins, qui deviennent plus forts, mais elle peut en revanche rendre la vie plus difficile aux femmes.

"C'est une période que j'ai dû traverser, à laquelle j'ai dû faire face, et ce n'était pas facile", confie-t-elle. "Je pense que c'est la raison pour laquelle les filles peuvent un peu plus s'identifier à moi – entre femmes, on se comprend."

La protection des athlètes et de leur santé mentale

La manière dont la santé mentale est perçue a également évolué de façon spectaculaire au fil du temps. La santé mentale ne faisait pas l'objet d'une grande attention dans les années 1990, mais, d'après Cécile Landi, les choses ont changé depuis. "Pour moi, la santé mentale n'était pas une préoccupation majeure dans les années 1990. [S'il y avait un problème], on nous disait des choses comme : 'tu es paresseuse, tu ne veux simplement pas le faire' ou des choses comme ça", a-t-elle déclaré.

Cécile Landi attribue à son éducation française sa capacité à comprendre de quelle manière les commentaires négatifs peuvent fortement affecter les enfants. Les cas d'abus découverts ces dernières années ont souligné l'importance capitale de la protection des athlètes et de leur santé mentale. "C'est à ce moment-là que nous avons vu que cela les affectait [les gymnastes] bien plus que nous ne l'avions imaginé", précise-t-elle. "La santé mentale est devenue de plus en plus [importante]."

Les cas révélés dernièrement sont un autre exemple des risques très concrets auxquels sont confrontés les athlètes, en particulier les femmes. Les objectifs du CIO en matière d'égalité des genres et d'inclusion pour la période 2021-2024 mettent plus particulièrement l'accent sur la sécurité des athlètes. Le CIO entend veiller à ce que la protection des athlètes soit de mise à chaque étape, lors de chaque édition des Jeux Olympiques.

"Lorsque je discute avec les filles [de mon équipe], j'essaie simplement de leur faire comprendre qu'elles peuvent absolument me parler de tout", confie Cécile Landi, qui dit qu'elle observe beaucoup le langage corporel des gymnastes pour comprendre ce qu'elles ressentent, et qu'elle va les voir si quelque chose semble ne pas aller. "Je ne porte aucun jugement", dit-elle. "[Je leur dis] que si elles ont besoin d'aide, je suis là pour elles."