100 ans de Jeux Olympiques d'hiver : célébrer la magie de la montagne, regarder vers l'avenir

Les Jeux Olympiques d'hiver fêtent demain leur centième anniversaire – un siècle de révolution pour les sports de montagne porté par des avancées technologiques et des progrès sur le plan social. Alors que nous célébrons 100 ans de sport sur neige et sur glace, c'est vers l'avenir que nous nous tournons afin de voir comment les Jeux peuvent s'adapter aux défis qui nous attendent.

Chamonix 1924
© IOC/Auguste Couttet

En 1924, 258 athlètes de 16 délégations nationales se réunissaient dans la petite ville de Chamonix, dans les Alpes françaises, pour ce qui allait être les tout premiers Jeux Olympiques d'hiver. Depuis, les Jeux ont évolué pour devenir la plus importante manifestation de sports d'hiver du monde. Aujourd'hui, jusqu'à 3 000 athlètes représentant plus de 90 Comités Nationaux Olympiques (CNO) sont en lice dans un nombre croissant de disciplines, dont les plus récentes sont le ski acrobatique et le ski-alpinisme.

"Si l'édition de Chamonix 1924 n’a été officiellement reconnue comme "olympique" par le CIO qu’en 1926, elle n’en demeure pas moins un moment clé pour l’Olympisme et les Jeux Olympiques", a confié le président du Comité International Olympique (CIO), Thomas Bach. "Et à l’exception de deux éditions, cet événement est inscrit dans le calendrier olympique depuis un siècle, suscitant à chaque fois l’enthousiasme, les sports d’hiver sur neige et sur glace continuant de fasciner le monde."

En comptant cette première édition, qui s'est tenue à Chamonix du 25 janvier au 5 février 1924, ce sont 24 éditions des Jeux qui ont été organisées par 21 régions et 13 pays. Sur les 258 athlètes présents à Chamonix, 13 seulement étaient des femmes. Près d'un siècle plus tard, Beijing 2022 a accueilli 2 871 athlètes, dont 45 % de femmes – un pourcentage qui devrait passer à 47 % aux Jeux de Milano Cortina 2026.

S'inspirant à l'origine de disciplines sportives réservées à une minorité en Europe, les Jeux ont démocratisé la pratique des sports d'hiver et l'ont ouverte aussi bien aux professionnels qu'aux amateurs.

Ils ont aussi permis à leurs hôtes de gagner en notoriété sur la scène internationale en tant que stations et destinations de renommée mondiale proposant un large éventail d'activités aussi bien en hiver qu'en été.

© Getty Images - Chamonix

Des retombées positives pour les hôtes

Les Jeux Olympiques d'hiver continuent à dynamiser les régions de montagne, qui profitent de leur tenue pour asseoir leur notoriété à l'échelle mondiale. Après les Jeux, Chamonix a bénéficié d'un regain de popularité au niveau national et international, ce qui s'est traduit par une hausse constante du nombre de ses visiteurs. La ville accueille aujourd'hui plus de 8 millions de touristes par an – répartis équitablement entre les saisons d'hiver et d'été.

Au cours du siècle qui vient de s'écouler, des régions de montagne moins connues ont profité, partout dans le monde, de la dynamique des Jeux pour créer des infrastructures touristiques pérennes, proposer des solutions de transport durables, organiser des animations adaptées à chaque saison et se doter d'installations sportives qu'il est possible d'utiliser tout au long de l'année.

De Sapporo à Innsbruck, les hôtes olympiques ont élargi leur portefeuille d'offres touristiques pour y inclure des événements aussi bien sportifs que culturels, créant ainsi des emplois temporaires et permanents au niveau local dans des secteurs tels que l'hôtellerie, la construction, la sécurité et la gestion événementielle.

© Sapporo Tourism Office - Sapporo Moiwayama Ski Resort

Sapporo 1972, par exemple, a connu une croissance économique rapide, qui a contribué à une hausse de 3,2 % par an du revenu des habitants de la ville entre 1967 et 1972. Quant au Tyrol, son secteur touristique a employé directement et indirectement 60 000 personnes en 2021 et généré un chiffre d'affaires d'environ 8,4 milliards d'euros.

Outre les bénéfices sur le plan économique, les Jeux Olympiques d'hiver ont eu un effet ricochet en encourageant les populations, les communautés et des régions entières à adopter un mode de vie plus sain, à pratiquer des sports de montagne et à goûter les bienfaits de l'activité sportive sur les plans physique et mental.

La dernière édition en date des Jeux Olympiques d'hiver, Beijing 2022, témoigne de la façon dont les sports d'hiver ont séduit les habitants, y compris les citadins, en Chine. Quelque 350 millions de Chinois se sont ainsi mis à la pratique des sports d'hiver avant et après les Jeux. D'ici à la fin de l'année 2025, près de 5 000 écoles à travers tout le pays devraient avoir intégré les sports d'hiver dans leurs programmes.

Comme tous les secteurs, les sports d'hiver vont devoir s'adapter à l'impact du changement climatique et en atténuer les effets.
Thomas BachPrésident du CIO

L'avenir

Force est de reconnaître toutefois que cette évolution s'est accompagnée d'une fragilisation de l'environnement dont dépendent les sports d'hiver. Aujourd'hui, le changement climatique constitue une menace directe pour les populations et leurs moyens de subsistance, et met particulièrement en péril les sports qui dépendent de la neige et du froid.

Au fil des ans, les organisateurs des Jeux ont profité de l'événement pour sensibiliser le public à la montagne et à l'importance de sa préservation. Les Jeux de Lillehammer 1994 – les premiers Jeux "verts" – ont fixé des objectifs concrets en matière de durabilité pour la planification et la tenue des Jeux. Au fil du temps, à la suite de l'adoption de l'Agenda olympique 2020 et de l'Agenda olympique 2020+5, le CIO a renforcé ses exigences en termes de durabilité pour les Jeux.

"Comme tous les secteurs, les sports d'hiver vont devoir s'adapter à l'impact du changement climatique et en atténuer les effets", a déclaré le président Thomas Bach. "C'est cette philosophie qui nous a guidés lorsque nous avons adopté l'Agenda olympique 2020 et l'Agenda olympique 2020+5, inspirée par le mot d'ordre 'changer ou être changé'. Le CIO et le Mouvement olympique aspirent à réduire leur impact sur l'environnement. Non seulement afin d'œuvrer pour le bien commun de la société, mais aussi pour que le sport, et notamment les sports d'hiver, continuent de contribuer à la création d'un monde meilleur."

Aujourd'hui, tous les hôtes potentiels doivent présenter des projets respectueux du climat. À partir de 2030, les organisateurs des Jeux seront tenus de réduire au minimum leurs émissions, de s'efforcer d'éliminer plus de carbone de l'atmosphère que la manifestation olympique n'en émet et d'encourager tout un chacun à prendre des mesures en faveur du climat.

Puisque 89 % de tous les sites permanents utilisés lors des différentes éditions des Jeux Olympiques d'hiver sont toujours en service, le CIO exige que rien ne soit construit uniquement pour les Jeux. Les organisateurs doivent donner la priorité aux installations existantes et temporaires. Si de nouvelles infrastructures sortent de terre, elles doivent répondre aux besoins à long terme de la population locale et pouvoir être utilisées toute l'année. Aujourd'hui, il est possible d'organiser des épreuves en dehors de la région hôte principale, voire en dehors du pays hôte.

Depuis cent ans, on parle de la magie des Jeux. Notre devoir et notre responsabilité sont de veiller à ce que l'on continue à en parler au cours des cent prochaines années
Christophe DubiOlympic Games Executive Director

Avec la hausse ininterrompue des températures partout dans le monde, seuls 10 à 13 pays pourraient, d'ici 2040, être en mesure d'accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver. C'est l'une des raisons pour lesquelles le CIO a approuvé le principe d'une double attribution de deux éditions consécutives des Jeux Olympiques d'hiver – 2030 et 2034 – si les conditions requises sont réunies. La sécurité des athlètes et du Mouvement olympique serait ainsi garantie, et le CIO serait en mesure d'étudier les stratégies destinées à assurer l'avenir des sports d'hiver, à savoir : la notion de rotation des Jeux Olympiques d'hiver entre un certain nombre d'hôtes fiables sur le plan climatique ; les innovations et les nouvelles technologies ; l'organisation conjointe d'épreuves sur glace et sur neige par différentes régions ; et la décentralisation de l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver afin de confier certaines compétitions à des organisateurs nationaux et internationaux rompus à l'exercice.

"Depuis cent ans, on parle de la magie des Jeux. Notre devoir et notre responsabilité sont de veiller à ce que l'on continue à en parler au cours des cent prochaines années", a déclaré Christophe Dubi, directeur exécutif des Jeux Olympiques au CIO. "La société dans son ensemble, et les athlètes en particulier, demandent que les activités – sports, événements et Jeux Olympiques – soient responsables sur les plan social, économique et écologique. Nous répondons à ces demandes."